Le trafic de drogue est un phénomène à la peau dure en Guinée-Bissau, pays d'Afrique de l'Ouest de moins de 2 millions d'habitants. Un fait survenu, ces jours-ci, rappelle cette triste réalité.
Le week-end écoulé, la police bissau-guinéenne, en collaboration avec le Département anti-drogue américain (DEA), a mis la main sur 2,6 tonnes de cocaïne dans un jet privé en provenance du Venezuela, avec à bord cinq citoyens latino-américains. En procédant à cette saisie, la plus importante depuis le début de l'année 2024, les autorités bissau-guinéennes ont promis sanctionner sévèrement tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire.
Une fois de plus et c'est bien malheureux, la Guinée-Bissau étale à la face du monde, son statut de « narco-Etat » comme le décrivent les Nations-unies. Le pays est gangréné du bas au sommet de l'Etat, depuis qu'il est devenu la plaque tournante du trafic international de drogue de l'Amérique du Sud vers l'Europe, depuis les années 2000.
Les narco-colombiens ont élu domicile dans le pays et tissent des réseaux mafieux aux activités désastreuses sur le tissu social. Des ramifications existent dans tous les domaines, y compris dans l'armée et l'administration publique. Les implications sont telles, que combattre le trafic de drogue s'apparente à une question de vie ou de mort. L'actuel Président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, au pouvoir depuis 2020, en a pleinement conscience, lui qui est pleinement engagé dans la lutte contre la corruption et le trafic de drogue.
C'est une promesse de campagne qu'il tente de tenir, mais les embuches sont trop nombreuses et périlleuses. Sa politique de « tolérance zéro » pour le trafic de drogue peine à produire des résultats probants, mais plus grave encore, sa tête semble être mise à prix par le conglomérat de narcotrafiquants opérant en Guinée-Bissau. En février 2022, le Président Emabalo a échappé à un coup d'Etat, un scénario qui s'est d'ailleurs reproduit en décembre 2023.
Aussi avait-il immédiatement pointé du doigt des narcotrafiquants, qui voudraient lui faire la peau, à cause de sa farouche volonté de lutter contre le trafic de drogue. « Lorsque je me suis engagé dans ce combat contre la corruption et le trafic de drogue, je pense que j'ai signé ma propre condamnation à mort », avait-il lancé en son temps. C'est dire que le combat contre la drogue en terre bissau-guinéenne revêt des risques importants.
En 2009, l'ancien Président, João Bernardo Vieira, avait été assassiné par des militaires à sa résidence. Un meurtre que les observateurs avisés avaient attribué au milieu des narcotrafiquants. Le défunt chef de l'Etat, qui avait fait de la lutte contre la criminalité organisée, le trafic de drogue et la corruption, une priorité, l'avait visiblement payé de sa vie.
Pays de transit au départ, la Guinée-Bissau est un Etat où la consommation de différents types de drogue (cocaïne, héroïne, cannabis...) est une réalité avec toutes les conséquences en termes de santé et d'augmentation de la criminalité. La pauvreté dans laquelle baignent les populations, favorise la corruption et le trafic de drogue au sein des militaires et des civils. Le mal est profond et les autorités bissau-guinéennes doivent agir dans le bon sens et sans faux fuyant, malgré l'adversité.