Sénégal: Drame migration clandestine - Le sillage mortel des pêcheurs en eaux troubles

Eux n'auront pas eu plus de chance contrairement aux 22 000 personnes qui depuis le début de l'année 2024 ont réussi leur traversée et échouent sur les plages des Iles Canaries.

26 personnes ont péri en effet après le chavirage de la pirogue partie de Mbour et qui a sombré à quelques kilomètres des côtes sénégalaises le dimanche 8 septembre. 24 voyageurs ont pu être sauvés et les recherches se poursuivaient deux jours après la tragédie. Ce rafiot véritable, véritable cercueil navigant selon certaines sources transportait plus de 150 passagers.

Un événement douloureux qui remet au coeur de l'actualité la question migratoire pour laquelle il ne semble pas avoir de solutions pérennes et viables. On a beau en fait tout essayer avec l'opération FRONTEX ; la politique de fixation des jeunes dans leur terroirs, l'aide au développement... rien n'y fait. Ils sont encore des milliers et des milliers à prendre le désert ou la mer à la recherche d'un hypothétique eldorado quitte à rester en cours de route ce qui fut encore dans la nuit du 8 au 9 septembre.

Selon certains chiffres depuis le début de l'année ils sont quelques près de 5000 personnes qui sont mortes par noyade en voulant traverser l'Atlantique. Chiffre macabre auquel il faut ajouter la trentaine de pauvres damnés de la terre. Entre janvier et mars 2024, 13 115 migrants ont atteint les îles Canaries de manière irrégulière après avoir traversé en bateau depuis les côtes de l'Afrique de l'Ouest, soit une augmentation de 502 pour cent par rapport à 2023.

Alors que les secours se poursuivaient dans la recherche d'hypothétiques survivants, le capitaine de la pirogue incriminée s'est constitué prisonnier en se rendant aux enquêteurs. Si on croit Cheikh Sall puisque c'est de lui qu'il s'agit, ce sont 88 personnes qu'il aurait embarquées pour des tickets de transport oscillant entre 300 000 et 400 000 F CFA.

Pour ce seul voyage ce pêcheur en eau trouble aurait empoché entre 26 et 35 millions de francs CFA. En réalité sans doute plus car on doute fort que le chiffre de 88 soit conforme à la réalité. Autant dire une petite fortune qui montre à souhait combien sont ces gens qui se sucrent littéralement sur ces pauvres hères à la recherche d'un mieux-être. Qu'il s'agit de piroguier comme celui là de passeurs...

Il y a donc une certaine économique de la migration clandestine qui a fini par se sédimenter et il faut sans des marées d'indignation et d'action pour arriver à submerger cette pratique alimentée par le désir incompressible de s'enrichir par tous les moyens y compris en enjambant le cadavre de ses frères. En tout cas le Sieur Sall a du souci à se faire car il risque de payer pour tous ceux qui n'ont jamais été pris et il importe que la justice sénégalaise soit impitoyable pour décourager les vampires de son espèce quand bien même les responsabilités seraient partagées.

Il est vrai que si ces jeunes vident les villages avec l'énergie du désespoir pour aller dans ces pays de cocagne où coulerait le lait et le miel c'est quelque part parce que nos Etats ont failli et ne trouvent pas de réponses adéquates au chômage qui les frappe durement. On peut rappeler que ce nouveau drame, ironie de l'histoire intervient seulement une dizaine de jours après le passage au Sénégal de Pedro Sanchez.

En effet, face à la hausse spectaculaire des arrivées de migrants aux Canaries, le chef du gouvernement espagnol a au cours d'un périple qui l'a amené en Mauritanie, Gambie et au Sénégal invité ses pays à redoubler d'effort afin d'empêcher les départs pour tenter d'endiguer ce phénomène avec à la clé des mesures d'accompagnement. On a beau louer les efforts des Européens et de la communauté internationale toutes leurs mesures semblent être comme un coup d'épée dans l'océan notamment l'Atlantique et la méditerranée qui se sont transformés depuis de nombreuses années en cimetière marin.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.