À Madagascar, les efforts pour préserver les ressources marines portent leurs fruits. Les pêcheurs Vezo du Grand Sud-Ouest constatent un succès remarquable cette année : ils ont capturé un volume de poulpes jamais atteint depuis les 15 dernières années. Ces pêcheurs, organisés en communautés, surveillent et régulent eux-mêmes des zones de pêche bien définies. De juin à août, ils ferment même l'accès à ces zones pour permettre à la biodiversité marine de se régénérer.
Samson embrasse des yeux le lagon qui lui fournit l'essentiel de ses revenus. Depuis 2010, lui et une cinquantaine d'autres pêcheurs ont rejoint l'initiative des « aires marines localement gérées ». Les résultats de cette année sont exceptionnels. Samson explique : « Nous sommes très contents, car nous avons récolté 1,3 tonne de poulpes en seulement deux jours, contre 900 kg les années précédentes. C'est la première fois que nous atteignons une telle quantité. Selon moi, cela est dû à nos efforts de patrouille, même la nuit, pour surveiller la zone. Nous avons vraiment travaillé dur pour protéger notre réserve de pêche. »
Dans les 200 aires marines gérées localement à Madagascar, les pêcheurs établissent leurs propres règles, connues sous le nom de Dina. À Nosy Ve-Androka, où vit Samson, les pêcheurs ont interdit l'utilisation des « tarikaky » (ou « sennes de plage »), de grands filets tirés depuis la plage qui raclent les fonds marins et emportent tout sur leur passage. Tout comme la pêche à la torche, la méthode du « laro » est également proscrite. Celle-ci consiste à verser une décoction de plantes locales dans l'eau pour « endormir les poissons », une méthode qui en réalité les tue. De plus, les pêcheurs ont décidé de fermer temporairement certaines zones pour permettre la régénération des espèces.
« Tout cela n'est pas arrivé par hasard »
« Mais tout cela n'est pas arrivé par hasard », souligne Domoina Rakotomalala. Ce changement est en partie dû aux efforts du Ministère de l'Économie Bleue et à ceux des ONG comme WWF, pour laquelle Domoina travaille en tant que coordonnatrice des activités marines.
Domoina explique : « Nous sensibilisons depuis des années sur la raréfaction des ressources de pêche et nous éduquons les pêcheurs sur une meilleure gestion des ressources. Les pêcheurs constatent une diminution des captures, mais ils l'attribuent souvent au nombre croissant de pêcheurs dans la région, qui attire de plus en plus de personnes à la recherche de nouvelles sources de revenus. C'est pourquoi l'éducation est cruciale. Le changement de comportement pour une meilleure gestion est aussi motivé par les bénéfices économiques qui en découlent. À WWF, nous facilitons la mise en relation des communautés de pêcheurs avec des acheteurs privés pour leurs produits. »
Des débouchés économiques cruciaux, qui font de cette gestion locale des aires marines, la principale motivation des pêcheurs.