Dans le cadre de la visite officielle du secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann, le Programme Pays de trois ans, signé par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, devient une réalité pour Maurice, qui formalise son rapprochement avec l'OCDE. Les 38 États membres du conseil de l'OCDE ont soutenu Maurice à l'unanimité.
Si l'octroi de ce Programme Pays était tant attendu par les autorités mauriciennes, c'est parce qu'il est la forme la plus aboutie de coopération entre l'organisation de l'OCDE et un pays non-membre.
Avec cette signature maintenant actée, Maurice se rapproche un peu plus de son ambition clairement exprimée de devenir le premier pays africain membre de l'OCDE. «En octobre 2022, lors de la première visite du secrétaire général de l'OCDE à Maurice, nous avions déjà partagé notre voeu de devenir in fine candidat à l'accession. Nous réitérons aujourd'hui cette ambition», fait ressortir le ministre des Finances. Il ajoute que «le Programme Pays de l'OCDE nous permettra de poursuivre le cheminement du pays et des autorités, pleinement engagées, dans cette direction».
Pour parvenir à décrocher ce sésame, le Grand argentier s'est vu confier, par le Conseil des ministres, la tâche de mener les négociations et maintenant l'implémentation du Programme Pays.
Cet accord de trois ans, explique l'OCDE, vise à renforcer la coopération déjà existante afin d'accompagner Maurice à mettre en place une stratégie de politiques publiques qui assurera au pays d'être et de rester une économie à revenu élevé. Selon Mathias Cormann, «l'approfondissement de notre engagement aidera Maurice à faire progresser son ambitieux programme de réforme économique et à poursuivre sa trajectoire de forte croissance».
Le ministre Renganaden Padayachy et le secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann.
Revenant sur la trajectoire de Maurice, le secrétaire général de l'OCDE a affirmé qu'«aujourd'hui, Maurice arrive en tête de l'Afrique selon les indicateurs clés d'activité tels que la liberté économique, l'environnement des entreprises, la solidité institutionnelle et l'innovation».
Ce soutien devrait donc donner du souffle aux parties prenantes pour réaliser les 15 projets du Programme Pays dans les délais impartis. Décomposé en quatre piliers, trois verticaux et un transversal, le Programme Pays OCDE-Maurice, nous confie-t-on du côté de l'hôtel du gouvernement, a été négocié et conçu pour permettre à Maurice de prétendre au rang de pays candidat à l'accession de l'OCDE dans les prochaines années.
C'est donc un chantier d'envergure qui attend le ministre Renganaden Padayachy. Il aurait déjà composé un comité comprenant les quelque 20 ministères et institutions impliqués dans le Programme Pays, qu'il compterait présider lui-même dès ce mois-ci. D'après la structure du programme établi avec l'OCDE, le Trésor sera en lead sur les trois piliers verticaux du Programme Pays, qui ont trait à la croissance économique, à l'inclusion sociale et au développement durable, alors que ce sera la Banque centrale qui aura la mission de poursuivre son soutien au Mauritius Desk de l'OCDE et de mener à bien le quatrième pilier, cette fois-ci transversal, concernant la dimension africaine.
Et c'est peut-être là l'atout maître de Maurice pour devenir membre de l'OCDE, en montrant que le pays est non seulement conforme aux normes et standards de l'OCDE, mais qu'il peut, en plus, en être l'ambassadeur auprès des autres pays en Afrique.
C'est en tout cas ce qui est ressorti comme message des deux discours du secrétaire général de l'OCDE, qui a souligné que Maurice était devenu le premier pays subsaharien adhérent à la Déclaration de l'OCDE sur l'investissement international et les entreprises multinationales et qui a officiellement inauguré la première table ronde OCDE-Afrique.
L'OCDE affirme d'ailleurs que «le Programme Pays permettra également à Maurice de partager son expérience avec d'autres pays africains en intégrant une composante transversale axée sur l'intégration de l'Afrique, conformément au partenariat OCDE-Afrique, et en exploitant les synergies par le biais d'ateliers techniques et d'activités associant des parties prenantes sur l'ensemble du continent».
Voilà donc, au travers cette poignée de mains tant assurée qu'amicale, la mission qui est confiée entre les lignes par le secrétaire général Cormann au ministre Padayachy : porter la voix mais aussi la voie de l'OCDE en Afrique. Un pacte de confiance dont Maurice a finalement tout à gagner.