La sentence est tombée pour l'avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani. Elle a été condamnée en appel à 8 mois de prison ferme pour des déclarations jugées critiques à l'encontre du président Kaïs Saïed. Pendant une émission télévisée au mois de mai, elle avait tenu des propos sarcastiques sur la situation du pays qui lui avait valu une arrestation en direct sur France 24. Ses avocats ont dénoncé un « harcèlement judiciaire ».
En mai dernier, après qu'un chroniqueur a affirmé que des migrants subsahariens cherchaient à s'installer durablement en Tunisie, Sonia Dahmani lui avait rétorqué « de quel pays extraordinaire parle-t-on ? ».
Des propos qui lui ont valu une enquête pour « fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique » et « incitation à un discours de la haine ». Son arrestation alors qu'elle intervenait en direct à la télévision avait déclenché une grève et une vague de protestation.
Sa soeur cadette dénonce des « fouilles à nu » et « mauvais traitements » dans la prison, ses avocats parlent d'un « harcèlement judiciaire ». L'un d'entre eux a déclaré à l'AFP que la défense « n'a même pas pu plaider » pour sa remise en liberté ainsi que son intention de saisir le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire.
Cette condamnation en appel s'est fait en vertu du décret présidentiel 54 sur la « diffusion de fausses nouvelles », critiqué par les défenseurs des droits pour une interprétation trop large. Depuis l'entrée en vigueur du décret présidentiel sur la diffusion de fausses nouvelles en septembre 2022, 60 journalistes, avocats ou membre de l'opposition ont été poursuivis ou condamnés, dénonce le syndicat national des journalistes tunisiens.