Dakar — Le professeur Yérim Mbagnick Diop, coordonnateur de la Delivery Unit, structure en charge de la relance de l'industrie pharmaceutique sénégalaise, a souligné mercredi l'importance de promouvoir une approche concertée en vue d'atteindre l'objectif de fabrication de médicaments à base de plantes à l'horizon 2030.
"Dans notre objectif à l'horizon 2030, on voudrait enregistrer au moins dix médicaments à base de plantes. C'est un processus qui est long, mais il faut une acceptation de tout le monde", a déclaré le pharmacien.
Il prenait part à un atelier organisé dans le cadre la célébration de la 22e journée africaine de la médecine traditionnelle.
"Soutenir une médecine traditionnelle de qualité et sûre à travers des mécanismes réglementaires appropriés" est le thème sur lequel a été célébrée cette journée.
"En termes de cartographie des pathologies les plus visées par l'utilisation de ces plantes, c'est au niveau de la Delivery Unit d'orienter maintenant la stratégie vers des priorités, parce qu'on ne peut pas tout faire d'un coup", a-t-il précisé.
Il annonce que la Delivery Unit va "adresser les maladies, comme le diabète ou l'hypertension". "'On va avoir la panoplie de plantes utilisées par les pratiquants pour les traiter", a-t-il indiqué.
Le responsable de Delivery Unit a également assuré les plantes utilisées par les pratiquants vont être soumises à la rigueur de la science pour les évaluer et les valider avant de les proposer à l'utilisation par les populations.
Il estime que "les pratiquants doivent s'ouvrir", car étant "un peu jaloux de leurs connaissances". Les pratiquants modernes doivent eux aussi cultiver ce même état d'esprit, a-t-il indiqué.
Il ajoute que sa structure souhaite, "avec les praticiens de la médecine traditionnelle, sur la base de leurs préparations, de leurs présentations, les accompagner à standardiser, à assurer la qualité et la sécurité".
Il s'agit de manière pratique, souligne Yérim Mbagnick Diop, de "quitter les préparations qui sont faites dans les cuisines", pour aller "vers des préparations encadrées avec les bonnes pratiques de fabrication".
C'est certes "un challenge", mais l"ambition existant et les autorités accompagnant ce processus, il est possible de réaliser cet objectif, a-t-il martelé.
Emmanuel Bassène, professeur d'université et coordonnateur de la cellule de médecine traditionnelle, souligne la nécessité "d'avoir des textes réglementaires pour promouvoir et accompagner ceux qui ont l'initiative de produire avec les conditions qu'on leur a promis dans la restructuration (...)".
Il pense que "des conditions particulières" sont nécessaires, pour ce genre de médicaments qui "sont fabriqués localement avec des plantes (...)". Il ajoute qu"'il faut" également "des conditions juridiques particulières pour cette autorisation, il faut les finaliser et en déduire un arrêté ministériel".
D'après le responsable de la cellule de la médecine traditionnelle, l'Agence de régulation pharmaceutique (ARP) a mis en place les outils appropriés.
Ce travail étant fait, il faut y aller de façon très intelligente avec la protection de la propriété intellectuelle de ce savoir-faire endogène, a-t-il suggéré.
"C'est pour rassurer les pratiquants de la médecine traditionnelle qu'ils ne vont rien perdre dans la chose. On va protéger notre savoir", a-t-il promis aux acteurs de la médecine traditionnelle.