C'est la question qui alimente plusieurs conversions aussi bien chez les étudiants boursiers que chez les salariés de l'Agence Nationale des Bourses du Gabon (A.N.B.G). La situation dans cet établissement public avec autonomie de gestion plonge ses pensionnaires dans une précarité inédite. La Direction Générale semble ne plus honorer ses engagements.
Créée en 2011 par décret n°660/PR du 28 avril 2011, puis réorganisée par le décret n°0003/PR/MESRSTTENFC du 11 janvier 2021, l'ANBG a connu au total sept (07) Directeurs généraux, mais n'a jamais connu autant de récriminations que ces derniers mois. Que se passe-t-il réellement dans cette administration dont les missions sont hautement sensibles, parce que gage du Gabon de demain ? Pourquoi évoque-t-on déjà la cessation de paiement ?
De sources bien introduites au sein de l'ANBG, si rien n'est fait par les plus hautes autorités, les étudiants boursiers de l'Etat gabonais et les salariés de cette agence risquent gros, puisque l'équipe managériale ne parvient plus à payer correctement les bourses des étudiants et les salaires des employés.
Situation actuelle
Au moment où nous mettons sous presse, plusieurs étudiants boursiers à l'étranger et au Gabon n'ont toujours pas perçu la totalité de leurs bourses 2023-2024, pour certains, et pour d'autres, même pas un début de paiement de la bourse de ladite année.
C'est le cas des étudiants en France, au Sénégal, au Maroc et bien d'autres pays. Si la bourse se définit comme allocation d'aide aux études, à quoi servirait-elle si l'année scolaire est terminée, sans que cette bourse ne soit payée ? Même les frais de scolarité 2023-2024 ne sont pas réglés pour beaucoup d'entre eux.
Conséquences : les résultats scolaires (relevés de notes et attestation de réussites) restent bloqués par les établissements qui réclament le paiement des frais de scolarité, et les étudiants n'ayant pas ces résultats 2023-2024 ne peuvent voir leur bourse renouvelées sur l'année scolaire 2024-2025. Plus que ne pouvant disposer des documents cités supra pour téléverser dans leurs comptes eBourse afin de rendre leurs dossiers complets, et donc traitable par la Direction de la Scolarité.
Face à ce désarroi, les étudiants et leurs parents qui ont multiplié les vas et vient à l'Agence ne parviennent toujours pas à trouver une oreille audible. Malheureusement, les conséquences risquent d'être énormes pour ces étudiants qui ne pourront pas démarrer les cours à temps, du fait de la situation évoquée ci-dessus.
L'ANBG en proie à des difficultés financières, le seul espoir est que les responsables d'établissements ne fassent pas porter à ces pauvres compatriotes les errements de l'administration.
A côté des étudiants boursiers, les employés de cette structure publique sont désormais invités à partager les mêmes peines que les étudiants. Pourtant ils avaient déjà, comme ces apprenants, intégrer le retard des salaires dans leur logiciel mental. Mais cette fois-ci, au lieu du retard, ils font désormais face aux salaires impayés.
Les personnels en affectation à l'étranger et à l'intérieur du pays n'ont toujours pas rejoint, depuis plusieurs mois, leurs postes d'affectations pour cause de commodités de mise en route et de salaires. Bien d'autres impayés auprès des différents fournisseurs et partenaires ne rendent pas la tâche facile à l'équipe managériale actuelle, qui ne sait plus où mettre la tête.
Les raisons de cette situation
Plusieurs personnes proches du dossier interrogées à ce sujet, et qui ont requis l'anonymat, pointent clairement la question managériale. Il semble que le casting opéré à l'issue du Conseil de Ministre du 08 novembre ne porte pas ses fruits. Depuis lors, le navire ANBG ne cesse de couler, au point de voir toute l'oeuvre bâtie par les pères fondateurs (Etienne Massard K., Jean François Thardin) de l'Agence tomber en ruine.
L'ANBG qui ne vit que des dotations budgétaires de l'Etat a besoin à sa tête d'un manager prospectiviste, qui planifie tout, qui a à coeur l'orthodoxie financière afin de gérer parcimonieusement les crédits qui lui sont alloués. Or, parlant par exemple du fonctionnement, l'Agence connaît actuellement des vagues de recrutements incontrôlés depuis novembre 2023.
Ces recrutements non planifiés ont d'abord commencé par occasionner les retards de salaires, plus qu'il fallait chaque mois intégrer des nouvelles données dans la chaîne d'engagement de la ligne des salaires et des primes. Actuellement, l'effectif du personnel ayant quasiment doublé (entre novembre 2023 et août 2024, en moins d'un an), cette ligne de fonctionnement se trouve au rouge, donc cessation de paiement car ne pouvant plus garantir la rémunération du personnel, non prévu par les prévisions budgétaires 2024. A cela s'est greffé une myriades de missions à l'étranger.
Lesquelles missions n'ont pas épargné la saignée du budget de fonctionnement
Pour le paiement de la bourse (frais de scolarité, dotations d'entretien mensuelle, frais médicaux, titre de transport,...), les crédits alloués ne parviennent plus à prendre en charge les dépenses y afférentes. Alors que l'exécution de l'année scolaire 2023-2024 n'est pas encore achevée, et que les dépenses sur 2024-2025 ont débuté. Autant d'imbroglios financiers qui mettent l'ANBG devant des difficultés, frisant la cessation de paiement si rien n'est fait par l'Etat centrale.
Que faire ?
« Les Institutions ne valent que ce que valent les personnes chargées de les animer ». Si l'ANBG se trouve dans cette situation d'agonie financière, les déductions peuvent se faire aisément. Il est donc grand temps que les plus hautes autorités jettent un regard particulier sur ce qui s'y passe. En cette période où l'on vante la restauration des institutions, il apparaît urgent que l'ANG ne soit pas en marge de cette vision salvatrice.
Cette institution a la lourde mission d'accompagner la jeunesse qui est la relève de demain. Ne dit-on pas que cette jeunesse est sacrée ? Avec un souffle nouveau, une nouvelle dynamique, l'Agence peut toujours surmonter cette mort prédite, et reprendre à honorer ses engagements vis-à-vis des étudiants et de ses salariés.