Soudan: Une mission de haut niveau au Soudan réaffirme l'engagement de l'OMS et appelle à agir de toute urgence pour faire face à l'extrême gravité de la crise sanitaire et humanitaire et y mettre fin

communiqué de presse

Le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, et la Dre Hanan Balkhy, Directrice régionale, ont conclu hier une mission de deux jours à Port-Soudan, au cours de laquelle ils ont réaffirmé la détermination de l'OMS à venir en aide à tous les Soudanais dans le besoin et appelé la communauté internationale à agir d'urgence pour mettre fin à cette crise sanitaire et humanitaire d'une extrême gravité.

Au cours de leur visite, le Dr Tedros et la Dre Balkhy ont rencontré des dirigeants soudanais, notamment le général Abdul Fatah Al-Burhan, Président du Conseil souverain de transition du Soudan ; le Dr Malik Agar, vice-président du Conseil souverain de transition du Soudan ; et le Ministre fédéral de la santé, le Dr Haitham Mohamed Ibrahim Awadallah. Les discussions ont porté sur l'impact dévastateur du conflit en cours et sur la nécessité cruciale d'un accès humanitaire sans entrave pour s'assurer que l'aide vitale parvient à toutes les personnes dans le besoin, où qu'elles se trouvent.

« La communauté internationale a apparemment oublié le Soudan et ne prête guère attention au conflit qui le déchire, avec de graves répercussions sur la région », a déclaré le Dr Tedros lors d'une conférence de presse tenue aujourd'hui à Port-Soudan. « C'est pourquoi je suis venu au Soudan. Je suis ici, avec ma soeur la Dre Hanan Balkhy, Directrice régionale de l'OMS pour la Méditerranée orientale, pour rencontrer les nombreux partenaires impliqués dans la riposte et appeler d'urgence à une action élargie afin de fournir davantage de ressources, un meilleur accès à l'aide humanitaire et davantage de sécurité aux agents de santé et aux patients qu'ils soignent.

« Nous appelons le monde à se réveiller et à aider le Soudan à sortir du cauchemar qu'il vit », a-t-il ajouté, « ... Nous ne devons pas décevoir le peuple soudanais. »

Le système de santé soudanais a été en grande partie dévasté par le conflit, avec plus de 100 attaques contre des établissements de santé au cours des plus de 500 jours de conflit, faisant de nombreuses victimes parmi les agents de santé et les patients. L'insécurité a forcé de nombreux agents de santé à fuir avec leurs familles, aggravant la pénurie de personnel médical. Cet exode a encore affaibli les capacités du système de santé à fournir des services essentiels, privant de nombreux Soudanais d'un accès aux soins intensifs.

La mission de haut niveau de l'OMS comprenait une visite dans un centre de stabilisation nutritionnelle soutenu par l'OMS, où le Dr Tedros et la Dre Balkhy ont pu constater de visu l'impact de la crise alimentaire qui sévit au Soudan. À l'heure actuelle, 3,6 millions d'enfants souffrent de malnutrition aiguë, parmi lesquels 730 000 sont atteints de malnutrition aiguë sévère. Le conflit en cours a exacerbé l'insécurité alimentaire, rendant de plus en plus difficile la fourniture de services essentiels en matière de nutrition et de santé aux populations vulnérables.

Dans un camp de personnes déplacées à l'intérieur du pays, le Dr Tedros et la Dre Balkhy ont été témoins des conditions de vie extrêmement difficiles auxquelles les gens sont confrontés. Les résidents du camp souffrent d'un manque de nourriture, de médicaments et d'eau potable, ce qui les expose à un plus grand risque d'épidémies, entre autres menaces pour leur santé. Parmi les risques quotidiens figure la menace de violence fondée sur le genre, en particulier contre les quatre millions de femmes et de filles qui, selon les estimations, sont exposées à ce risque du fait du conflit en cours.

La Dre Balkhy a souligné la nécessité cruciale de respecter le caractère sacré des soins de santé, conformément au droit international humanitaire. « L'infrastructure de santé du Soudan est en ruines, et de nombreux établissements ont été détruits, pillés ou abandonnés. Pour reconstruire et stabiliser le système de santé, il faut investir massivement non seulement dans la reconstruction des installations, mais aussi dans le renforcement du personnel de santé », a-t-elle déclaré. La Dre Balkhy a établi plus largement un lien avec l'aspect économique, notant que sans un système de santé fonctionnel, la reprise économique et la stabilité future du Soudan sont menacées.

À l'issue de la mission, le Dr Tedros et la Dre Balkhy ont insisté sur la nécessité d'une action internationale concertée, à la fois pour faire progresser la paix et pour fournir l'aide nécessaire à court et à long terme. « Notre priorité est de veiller à ce que chaque Soudanais dans le besoin reçoive l'aide qui lui est nécessaire, où qu'il se trouve dans le pays. Cela ne sera possible que grâce à une paix durable, à des investissements substantiels dans les infrastructures de santé, et à un accès total et sans entrave de l'action humanitaire dans l'ensemble du Soudan par tous les moyens nécessaires, y compris à la fois par un accès à travers les lignes de front et les frontières depuis les pays voisins.

« La seule voie à suivre est la paix, dont la responsabilité relève pour la plus grande part des parties belligérantes, avec l'appui de la communauté internationale. Le monde ne doit pas détourner le regard -- cette crise exige une réponse immédiate et collective.

Conséquence du conflit, quelque 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population du pays, ont désespérément besoin d'aide humanitaire. Parmi celles-ci, 14,7 millions ont besoin d'une aide d'urgence et d'un appui vital sous diverses formes, pour lesquels le secteur humanitaire a demandé 2,7 milliards de dollars des États-Unis, soit moins de la moitié du financement requis.

Le déficit de financement dont pâtit actuellement l'OMS pour la crise sanitaire au Soudan est préoccupant, avec seulement 24 % des montants demandés reçus par l'Organisation, ce qui limite considérablement la capacité à faire face à la crise.

La visite de haut niveau a également été l'occasion d'inaugurer les nouveaux locaux du bureau de l'OMS à Port-Soudan, ce qui permettra à l'OMS d'élargir ses possibilités d'atteindre les personnes touchées par la crise.

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