À quel niveau mène l'ascenseur ? Au musée de l'esclavage intercontinental, la voix de Jean Maxy Simonet, le président, monte avec satisfaction : «C'est un musée par le peuple, pour le peuple.» C'était le mardi 10 septembre, à l'occasion de la mise en service d'un ascenseur financé par l'ambassade du Japon. Coût de l'opération: Rs 2,3 millions. Objectif: améliorer l'accès au musée pour les personnes à mobilité réduite, dans le cadre du Grant Assistance for Cultural Grassroots Projects.
C'est un pas de plus vers l'exposition permanente, ajoute Jean Maxy Simonet. Il y a plus d'un an, le 4 septembre 2023, le musée de l'esclavage intercontinental ouvrait officiellement ses portes au public. Au premier niveau : l'exposition de préfiguration. De quoi donner une idée de l'exposition permanente qui, à terme, sera installée sur deux étages, dans l'ex-hôpital militaire.
Le point d'orgue de l'ouverture officielle du musée était les visages d'anciens captifs moulés en 1846 à Maurice. Des bustes réalisés par Eugène de Froberville au 19e siècle. Accompagnés d'enregistrements racontant la vie des anciens esclaves dont le visage avait été immortalisé.
Mais à l'ouverture du musée de l'esclavage intercontinental, ce ne sont pas les bustes que l'on a pu voir, mais leur version virtuelle sur écran tactile. Les vrais bustes sont conservés au Château royal de Blois, en France. Un partenariat ayant été trouvé, il est convenu que la collection de bustes de Froberville fera le déplacement pour Port-Louis une fois que le musée de l'esclavage intercontinental sera adéquatement équipé des conditions de contrôle de température et d'humidité. Et que toutes les conditions de préservation des artefacts seraient réunies.
«Les bustes sont en route», affirme le président de l'Intercontinental Slavery Museum Ltd (ISM). «Nous avons passé commande des vitrines avec des conditions d'hygrométrie contrôlées.» Si elles devaient initialement être livrées par avion, elles feront finalement le voyage par bateau. Ces vitrines sont attendues «pour octobre». Quant aux bustes, ils sont attendus pour fin 2024.
Car en France s'ouvre, dans dix jours, une exposition intitulée Visages d'ancêtres. Retour à l'île Maurice pour la collection Froberville, au Château royal de Blois. L'exposition durera du 21 septembre au 1er décembre 2024. Sur son site, ce château musée explique que «l'ambition de cette exposition est de donner la voix aux individus moulés, pour donner une nouvelle lecture de ces bustes, libérée de la 'science des races' et des préjugés et au contraire axée sur la culture, l'expérience et le récit de chacun. Les recherches historiques ont permis d'identifier les bustes et de leur associer des documents inédits».
Avant d'ajouter que cette exposition, «conçue par la conservation du Château royal de Blois et par Klara Boyer-Rossol, historienne et commissaire scientifique (...) est aussi l'étape préalable au départ de la collection Froberville vers l'île Maurice, où elle sera, dès 2025, mise en dépôt au musée de l'esclavage intercontinental de Port-Louis».
Un an après l'ouverture officielle, où en est le musée ? «Nous avons bien avancé. Nous passons à l'étape de l'exposition permanente. Elle aura lieu en plusieurs phases», indique Jean Maxy Simonet. Pour la première phase, quatre thèmes seront développés, avec le soutien de scénographes de l'université de Nantes. «Une autre équipe de Nantes viendra à la fin du mois pour des finitions.» En parallèle, «un collectionneur nous a prêté des objets qui seront exposés au musée. Nous aurons aussi des objets venus de l'étranger». Exemple : les fusils de traite, des mousquets du 18e siècle, «que nous n'avons pas à Maurice».