Afrique: La DW inaugure son Master francophone en journalisme

12 Septembre 2024

Le master francophone de journalisme international de la DW a été lancé cette semaine à Berlin. Il est le fruit d'un partenariat entre la Deutsche Welle et l'École de journalisme de Tours, en France.

Ils sont originaires du Maroc, de la Tunisie, du Sénégal, du Burkina Faso ou encore de la Côte d'Ivoire. Dix jeunes journalistes s'apprêtent à intégrer un master ambitieux : contribuer au renforcement des médias dans leur pays d'origine.

Dans le cadre solennel de l'Ambassade de France, à quelques pas de la Porte de Brandebourg, ces dix apprentis journalistes touchent au but. Après de longs mois de sélection et d'entretiens qui ont vu défiler pas moins de 350 candidats.

Parcours semé d'embûches

Marcos Boué, originaire de Côte d'Ivoire, se remémore un parcours semé d'embûches : "Ça n'a pas été facile, notamment au niveau des documents. Chez nous, obtenir les documents rapidement, ce n'est pas évident, surtout les diplômes," confie le jeune étudiant.

"Moi, mon master, par exemple, je l'ai eu peut-être à deux jours de la date limite. Ça a donc été interminable. Mais on a persévéré... le processus a été très long. Mais évidemment, on a tenu bon."

Pour les accueillir comme il se doit, de nombreux discours ont été prononcés. Parmi eux, ceux du directeur général de la Deutsche Welle, Peter Limbourg, des responsables de l'université de Tours, et de la Secrétaire d'État allemande à l'aide au développement, Bärbel Kofler, dont le ministère finance les bourses des étudiants.

La première année se déroulera à la Deutsche Welle à Bonn, avant qu'ils ne rejoignent Tours pour la seconde année.

OEuvrer pour la liberté de la presse

Marcos Boué et son camarade burkinabè, Ibrahim Billa, attendent beaucoup de cette formation : "Je pense par exemple au fact-checking, qui est aujourd'hui un enjeu important et un outil très utile, mais qui est souvent négligé dans nos pays, car jugé peu rentable. Après cette formation, nous espérons être vraiment bien formés et retourner dans nos pays pour contribuer au développement, notamment dans le secteur des médias."

Ibrahim Billa partage ses attentes : "Comme mes camarades, j'ai évidemment de grandes attentes. Il s'agit d'abord d'acquérir des compétences, comme cela a été dit : être formé aux différents types de journalisme, au journalisme international, au journalisme d'investigation, que j'ai déjà eu la chance de pratiquer un peu au pays. Nous espérons que le programme soit complet et qu'il nous permette de devenir meilleurs que nous ne l'étions jusque-là."

Originaire de Côte d'Ivoire, Ella Djiguimde est à la fois fière d'elle-même et de sa famille, tout en étant consciente de la chance qu'elle a : "Nous sommes venus ici pour apprendre ce que nous n'avons peut-être pas eu l'opportunité d'apprendre chez nous. Et cette diversité culturelle dans le journalisme nous permettra de mieux répliquer ces apprentissages dans nos pays respectifs. Nous espérons ainsi faire avancer les choses dans les médias."

Souriante, Ella nourrit de grandes ambitions grâce à ce master. Productrice d'un podcast consacré aux femmes ivoiriennes dans les médias, elle espère que ce cursus sera un tremplin pour sa future carrière.

"Je me vois bien être appelée à diriger une grande rédaction, pourquoi pas même me lancer seule dans un média. Un des modules importants de notre formation est le management des médias. Tous les outils qu'ils vont nous transmettre nous permettront de penser comme des entrepreneurs des médias. Alors, peut-être rédactrice en chef d'un grand média, ou qui sait, je pourrais me lancer individuellement," confie-t-elle à la DW.

Apprendre et retourner exercer dans son pays

Bien que les conditions de travail pour les journalistes se dégradent partout dans le monde, elles sont particulièrement difficiles dans certains pays africains. Ibrahim Billa, qui a déjà une expérience de journaliste d'investigation au sein du journal burkinabè L'Évènement, espère être suffisamment armé pour affronter les défis de la profession une fois diplômé.

"Je travaille dans un média dont le directeur de publication a malheureusement été enrôlé de force pour combattre les terroristes. Ce qui n'est bien évidemment pas son rôle. Je ne dis pas que je suis en exil, mais à un moment, je ressentais des frayeurs. Il a fallu que mes messages soient plus ou moins codés jusqu'à mon départ du pays."

Le député allemand d'origine sénégalaise Karamba Diaby, premier élu noir de l'histoire du Bundestag et figure emblématique des relations entre l'Allemagne et l'Afrique, était également présent.

Il précise : "J'éprouve un sentiment de respect, un profond respect, pour ces jeunes. Malgré la situation politique très complexe, malgré les coups d'État au Burkina Faso, au Mali ou au Niger, ces jeunes s'engagent et continuent leur travail dans des conditions difficiles. Cela mérite non seulement du respect, mais aussi un soutien approfondi."

Cette opportunité représente une chance unique pour ces étudiants africains et permet à l'Allemagne, dans un contexte politique marqué par la montée de l'extrême droite, de démontrer qu'elle reste ouverte sur le monde. Elle est prête, aux côtés de son partenaire français, à contribuer au renforcement de la liberté de la presse, d'information et d'opinion en Afrique.

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