Les députés fraîchement élus distribuent généreusement une montagne de viande au peuple, en guise de reconnaissance. « Merci ! Je suis entièrement convaincu que vous m'aimez. Moi aussi, je vous aime énormément. Maintenant, je suis votre député. Je ne vous décevrai jamais », un discours classique. Ensuite, l'assistance exprime sa joie.
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Les citoyens sont facilement leurrés tandis que l'heure passe vite à leur poignet. Et à chaque fois, une lueur d'espoir apparaît dans le cœur, car le personnage élu est nouveau. « En plus, il habite tout près de chez nous. Il a pleuré nos morts ». En effet, les politiciens usent de ces vieilles astuces deux ou trois ans avant les élections dans un simple et unique but, remporter le scrutin. Apparemment, le désintéressement et la philanthropie n'existent pas, l'intérêt d'abord.
Cette pratique sociale provient de l'héritage cédé par des monarques d'antan. La tradition orale raconte que les ampanjaka, pour consolider leur pouvoir, préparaient éventuellement des événements festifs. « Dans la prospérité, en temps de crise ou pendant la guerre, il y avait toujours de la conspiration. Et le roi, malgré son pouvoir absolu, avait tout de même peur d'être détrôné... D'où l'expression avorià olo, qui veut dire rassemblez le peuple. Il s'agit d'inviter les villageois à une grande célébration dont tout le monde ignore la raison.
En fait, l'ampanjaka veut vérifier quelques détails. Il veut être sûr que ses sujets lui prêtent encore allégeance. Dans le cas contraire, il règle les choses à sa façon, jusqu'à prendre des décisions draconiennes », rapporte l'historien Gabin Tsilavinjara. La manœuvre a perduré durant la colonisation. « Les députés du MDRM ont également organisé un festin après avoir été élus. C'est devenu une coutume », atteste l'historien-journaliste Julien Rakotomalala.
Sans nul doute, depuis son indépendance, Madagascar affectionne le régime républicain. La démocratie importée va à l'encontre de la doctrine ancestrale. Tiraillés entre deux situations, les politiciens mettent malencontreusement en place un système atypique, une république bananière. Pour couronner le tout, l'écharpe blanc-rouge-vert sont les lamba préférés de nos politiciens. Une étoffe qui garantit l'immunité... « pour le(s) menteur(s)».