Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a finalement mis fin au suspense en annonçant, lors de son message à la Nation d'hier, jeudi 1é novembre, la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue des élections législatives anticipées le 17 novembre prochain. Annonçant également la publication d'un rapport validé par la Cour des comptes sur la mauvaise gestion de son prédécesseur, le chef de l'Etat a accusé l'Assemblée nationale de se détourner du Peuple pour promouvoir le culte du blocage et ainsi entraver la mise en oeuvre du Projet sur la base duquel il a été élu ».
Fin de suspense sur l'avenir de la quatorzième législature. Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui prononçait hier, jeudi 12 septembre, son troisième discours à la nation depuis son élection au premier tour de la présidentielle du 24 mars dernier, a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. « En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l'article 87 de la Constitution, et après avoir consulté le Conseil Constitutionnel sur la bonne date, le Premier Ministre et le Président de l'Assemblée nationale, sur l'opportunité, je dissous l'Assemblée nationale. » a-t-il annoncé lors de cette courte adresse à la nation de moins de dix minutes.
A travers cette décision, le président de la République met ainsi fin aux rapports tendus sous fond de menace de motion de censure qu'entretiennent son Premier ministre et les députés de la majorité parlementaire Benno bokk yakaar. La 14e législature disparait deux ans après son installation dans la violence, dans un hémicycle envahi par des gendarmes le 12 septembre 2022.
En effet, acculée à l'époque par les députés de l'opposition qui exigeaient entre autres, des couleurs différentes pour distinguer les quatre candidats en liste pour le poste du président de l'Assemblée nationale et le départ de la salle de l'hémicycle des ministres élus députés sur la liste de la coalition au pouvoir Benno bokk yakaar, Mme Aïda Sow Diawara qui était désignée à la faveur de son âge (doyenne) pour présider l'élection du nouveau président de l'Assemblée nationale, a réquisitionné les Gendarmes.
Sous les ordres du Général Daouda Diop, les hommes en tenue de combat sans armes se sont invités dans la salle de l'hémicycle pourtant réservée uniquement aux députés. Un fait inédit qui rappelle les événements de 1962. Sur place, ils ont formé une ceinture de sécurité autour du Perchoir en usant de la force de leur bras pour repousser tous les députés de l'opposition qui s'y trouvaient, les empêchant par ailleurs de voter.
Le président Diomaye livre les raisons qui l'ont poussé à dissoudre l'Assemblée nationale
Dans ce monologue de moins de dix minutes, le chef de l'Etat avait commencé par camper le débat sur ce qu'il considère comme une volonté de la majorité parlementaire de ramer à contrecourant de la volonté du peuple Sénégalais pourtant clairement exprimée au soir du 24 mars 2024 pour justifier son décret de dissolution. Ainsi, il a cité entre autres, le refus, le 29 juin 2024, de tenir le débat d'orientation budgétaire pourtant obligatoire pour, dit-il, « le motif simpliste d'une supposée attaque reçue sur le terrain politique ».
« Cette violation d'une obligation légale prévue par l'article 56 de la loi organique relative aux lois de finances aura gravement contribué à ternir l'image du Sénégal aux yeux des institutions internationales », a-t-il martelé avant de pointer également le rejet, le jeudi 29 août dernier, du projet de révision constitutionnelle portant sur la suppression du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Lequel projet vise, selon lui, à concrétiser la promesse qu'il a faite au peuple de supprimer ces deux institutions pour faire face à la situation des finances publiques qui « impose urgemment de rationaliser les dépenses publiques ». Loin de s'en tenir-là, le chef de l'Etat a aussi évoqué l'usurpation des prérogatives constitutionnelles du Président de la République par la conférence des Présidents de l'Assemblée nationale « pour fixer une date pour la Déclaration de politique générale, en violation flagrante de l'article 84 de la Constitution et de l'article 97 de la loi organique portant règlement intérieur de l'Assemblée nationale » ainsi que la menace d'une motion de censure que cette majorité a fait planer sur le gouvernement.
Par ailleurs, revenant sur sa décision de fixer au 13 septembre (ndlr-aujourd'hui) la date de la Déclaration de politique générale, le président Diomaye a également précisé qu'il « ne s'est pas agi de duper le Peuple Sénégalais mais simplement d'asseoir fermement l'autorité de la Loi. Et de rappeler, par les actes que « L'ordre politique, sous mon magistère, ne supplantera jamais l'ordre légal. »
« Il y allait donc de mon devoir juridique, éthique et moral de ne céder la moindre parcelle de tolérance aux contempteurs de la Loi. J'en ai donc conclu, que le gage d'une collaboration franche avec la majorité parlementaire, dans le seul intérêt du peuple Sénégalais était une illusion. Celle-ci ayant décidé de se détourner du Peuple pour promouvoir le culte du blocage et ainsi entraver la mise en oeuvre du Projet sur la base duquel j'ai été élu », a-t-il fait remarquer.