Dans les maux qui rongent les générations actuelles, détruisent l'éducation, ruinent les valeurs, sèment la médiocrité et hypothèquent lourdement le destin des générations futures, il y a incontestablement l'absence du travail de mémoire en vue de la maîtrise de l'histoire et l'incapacité à reconnaître, comprendre et se ressourcer sur les expériences des grandes figures qui ont conditionné, oeuvré et marqué l'évolution des nations.
Comme un événement banal et comme si notre actualité réelle ne pouvait être chargée que de quelques affaires sales nourries de milles intrigues ainsi que de proclamations, de dénonciations et de travestissements, peu de médias, peu de spécialistes de la communication, peu de leaders d'opinion, se sont pressés ces jours-ci à la FONDATION SOLOMON TANDENG MUNA, située au coeur de la capitale, à quelques pas entre la Direction générale des impôts, l'hôtel La Falaise et le Commissariat central n°1.
En effet, il fallait pourtant s'y rendre, mobiliser et informer l'opinion pour aller voir, découvrir et structurer sa propre mémoire sur l'histoire de notre pays, sur des moments importants, une étape cruciale et des vérités que révèlent en silence, des photos patiemment et sagement conservées puis exposées. La Fondation tient une exposition sur le centenaire de la naissance du premier président de la République du Cameroun, SEM AHMADOU AHIDJO. Que d'émotions, que de pensées, que de réflexions une fois sur place ! Ce sont des livres et des livres, des pages et des pages de nous-mêmes, de notre nation.
Voilà comment nous devons commencer à reconstruire notre dignité et à valoriser réellement notre identité nationale. Jamais nous n'avancerons sans ces précieux repères à l'exemple des expositions de la Fondation, car il y en a eu d'autres, Cette fondation est devenue non seulement un espace culturel incontournable, mais encore et mieux, une vibrante démonstration de la capacité des gens, des compatriotes, des élites et des familles, à faire quelque chose de positif pour la mémoire C'est plutôt troublant de se rendre compte, que des décennies après nos proclamations d'ouverture, de liberté et de démocratie, certains compatriotes, hauts commis de l'Etat et intellectuels, citoyens ordinaires et qualifiés, hésitent, traînent encore les pieds pour aller saluer une oeuvre aussi fertile en message d'unité, d'union, de rassemblement, d'intelligence et de sagesse. Je suis choqué par certaines remarques qui ont fusé, et selon lesquels l'ancien Bâtonnier, personnalité emblématique au plan national et international, en attend une quelconque compensation électorale implicite.
L'honnêteté nous manque vraiment, et notre mode d'action ainsi que nos démarches les plus répandues, ne sont pas propices à la reconnaissance du mérite et du progrès. Nous devons rendre un hommage large à la Fondation, à la famille Muna et à Me Akéré Muna personnellement. IL faut encore saluer et remercier, les membres du gouvernement qui ont fait le déplacement, non sans regretter l'absence incompréhensible de certains autres invités en commençant par celui de la culture. Qui a peur des vérités de notre histoire commune, Fuir ou craindre son histoire c'est craindre et fuir son ombre.
HOMMAGE A LA FONDATION SOLOMON TANDENG MUNA et Merci au Bâtonnier honoraire Akéré MUNA.
En attendant les autres, vraiment les autres, toutes celles que nous portons dans nos têtes pour valoriser et préserver notre mémoire historique, et non ces réalisations immobilières immédiates et ostentatoires, qui magnifient une économie artificiellement bâtie sur les égoïsmes granitiques et la dilapidation des deniers publics. Les grands immeubles et les berlines rutilantes ne font pas l'histoire d'un pays en quête de justice sociale et ne traduisent point le progrès, au contraire, ils expriment des fractures et des divisions terribles. L'éducation est plus importante.