L'argument selon lequel un bachelier ou une bachelière au Cameroun ne devrait pas se rendre à l'université sans une base professionnelle solide dans un métier repose sur plusieurs points importants liés à l'évolution du marché du travail, aux besoins socio-économiques du pays, et à la réalité de l'enseignement supérieur.
1. Le chômage des diplômés
Le Cameroun, comme de nombreux pays en développement, fait face à un taux élevé de chômage chez les jeunes, en particulier chez les diplômés de l'université. Beaucoup obtiennent des diplômes dans des domaines où les débouchés professionnels sont limités. Sans compétences pratiques ou techniques, ces diplômés se retrouvent sans emploi ou forcés de travailler dans des secteurs sous-qualifiés. Acquérir une base professionnelle solide avant d'entrer à l'université pourrait les rendre plus compétitifs sur le marché du travail, leur permettant de travailler pendant leurs études ou après, et de ne pas dépendre uniquement de leurs diplômes académiques pour réussir.
2. Renforcement des compétences techniques et pratiques
L'université dans beaucoup de cas se concentre sur la théorie, laissant peu de place aux compétences pratiques et techniques, particulièrement dans les filières non professionnelles. Une formation professionnelle préalable dans un métier (comme la mécanique, l'électronique, l'informatique, la couture, la plomberie, etc.) permettrait aux étudiant(e)s d'acquérir des compétences immédiatement utilisables dans la vie courante. Ces compétences sont non seulement valorisées sur le marché de l'emploi, mais elles permettent également aux étudiants d'être financièrement autonomes et d'avoir des alternatives en cas d'échec ou de retard dans leur cursus universitaire.
3. Développement de l'esprit entrepreneurial
Avoir une base professionnelle solide avant d'entrer à l'université encourage l'entrepreneuriat. Plutôt que de dépendre uniquement du secteur formel et de rechercher un emploi après leurs études, les jeunes pourraient utiliser leurs compétences professionnelles pour créer des petites entreprises ou des activités génératrices de revenus. Ce dynamisme entrepreneurial est essentiel pour lutter contre le chômage et contribuer à la croissance économique du Cameroun, surtout dans un contexte où le secteur informel joue un rôle majeur.
4. Flexibilité et adaptation au marché du travail
Le marché du travail devient de plus en plus compétitif et en constante évolution. Les métiers techniques et artisanaux sont souvent plus adaptables aux changements économiques et technologiques que certaines professions basées uniquement sur un diplôme universitaire. En obtenant une formation professionnelle avant l'université, les jeunes Camerounais peuvent se doter de cette flexibilité pour s'adapter aux nouvelles tendances, ce qui les rendra plus résistants face aux crises économiques ou à l'évolution rapide du marché.
5. Répondre aux besoins locaux et régionaux
Le Cameroun a besoin de développer des compétences dans des secteurs-clés comme l'agriculture, l'artisanat, les technologies de l'information, et la maintenance industrielle. Ces domaines, souvent sous-estimés par les formations académiques classiques, sont pourtant des piliers de l'économie nationale. Encourager les bacheliers et bachelières à acquérir une base professionnelle avant d'entrer à l'université permettrait de mieux répondre aux besoins réels du marché local et régional, en leur fournissant des compétences directement applicables aux secteurs à forte demande.
6. Complémentarité entre l'académique et le professionnel
Avoir une formation professionnelle ne signifie pas abandonner les études académiques, mais au contraire, cela peut servir de complément. Par exemple, un étudiant en ingénierie ayant déjà une expérience pratique dans un métier technique comme l'électricité ou la mécanique aura un avantage significatif dans la compréhension des concepts théoriques et dans leur application. Cette synergie entre compétences professionnelles et connaissances académiques maximise l'efficacité de l'éducation et améliore les perspectives de carrière.
En somme, il est essentiel pour les jeunes bacheliers et bachelières du Cameroun de ne pas se limiter à une formation purement théorique en se dirigeant directement vers l'université sans compétences pratiques. Une base professionnelle solide dans un métier leur donne des outils concrets pour affronter le marché du travail, les rend plus autonomes, et offre une sécurité supplémentaire en cas de difficultés académiques ou économiques. Cela renforce également la capacité du pays à répondre aux défis socio-économiques actuels en formant des jeunes plus compétents, flexibles et entrepreneurs.