Les instrumentalisations idéologiques ne dataient pas d'aujourd'hui», affirme l'académicienne Ramisandrazana Rakotoariseheno, dans son étude sur les Notions de Tanindrazana en Imerina à travers l'Histoire . À ce titre, met-elle en évidence, les séries de « Douze collines sacrées » sont nombreuses, et ne se réduit pas à la « liste actuelle ». Le chiffre Douze est également « un symbolique célestiel de plénitude », d'après Jean-Pierre Domenichini. Elles sont Tanindrazana des rois, mais également biens communs du peuple en étant des lieux sacrés de la religion traditionnelle, jadis et aujourd'hui.
Se référant à l'ethnologue Paul Ottino ( Les champs de l'ancestralité à Madagascar, Parenté, Alliance, Patrimoine,1998), l'historienne souligne les définitions du Tanindrazana. La première est d'abord l'évocation à la fois de la terre et des morts de tout individu, quelle que soit sa place dans la hiérarchie sociale qui lui donne une identité certaine. « Tanindrazana est donc identificatoire par lequel la parenté retrouve à la fois son ancestralité et son patrimoine foncier, mais aussi le plus important des objectifs sociaux, à savoir le statut dont le maintien est une obsession et que les lignages transmettent à leur descendance. »
Les guerres de conquête d'une région sont encore nombreuses aux XVIe et XVIIe siècles, comme l'auteure le souligne en 2019 ( Testaments politiques et mode de gouvernance des souverains de l'Imerina ), en particulier dans l'Avaradrano, terre des Vazimba (Andringitra, Ambohipananina, etc.). Et plus au nord où la terre appartient alors aux Sihanaka et aux Bezanozano et où il est interdit de bâtir en terre. Ambohimanga, ou l'ancien Ambohitrankanga est, toujours à cette époque, le «fief» d'un certain Andriamborona, originaire de l'Imamo (Andavakinisakay). En fait, « tout l'Avaradrano d'avant Andrianjaka n'était pas merina ».
L'Avaradrano est d'abord Tanindrazana des Sihanaka et des Bezanozano, avant d'être peuplé tardivement de Merina et/ou de groupes d'anciens Vazimba « mérinisés ». Le territoire de l'Amoronkay-nord ou Varahina-nord (Vakiniadiana et Ambatomanga) est resté Tanindrazana des Bezanozano, à l'exception de quelques sommets « appartenant » à des lignées cadettes comme celles des Andrianefitany sur la colline d'Antsapia, petits-fils de Rafohy ou Andriampohy, pour garder les frontières de l'Est, au début du nouveau royaume de Rangita.
Andriandranando est originaire de Vodivato, colline située sur la falaise orientale en territoire Bezanozano. Il est fils d'Andrianentohento et « semble perdre à jamais son Tanindrazana de Vodivato, car on lui donne la charge et le monopole des armes, fusils et armes blanches dans l'Imerina naissant, situation et statut qui ne lui permettent plus de renouer avec ses origines ». Plus au sud, ou Varahina-sud, la région d'Andramasina est sous la mouvance des souverains Zafirambo.
Ralaniboahangy, épouse d'Andriamasinavalona, fille d'Andrianonitomponitany et grand-mère d'Andriantsolo est une Zafirambo (J.P. Domenichini, et Brunel Zafintsiandraofa, 2015). Cette situation explique les nombreuses batailles qu'Andriandranando doit livrer contre les Tanala à l'intérieur de la coalition « Lavasatroka » jusqu'aux abords d'Ambohimanambola.
« La majorité des sujets de l'Ankova était donc d'origine très diverse si l'on utilise la nomenclature de Gallieni à propos de la construction artificielle des ethnies. Ce qui nous oblige à mettre de côté toute l'histoire idéologique coloniale. »
Toutefois, dans la nouvelle organisation de l'Etat merina au XVIIe siècle, les groupes qui ne veulent pas être Merina, ou ceux qui occupent des zones stratégiques, sont relégués en marges des territoires. Le cas des Antaimanangoana (anciens princes à l'instar des Antairoka), est symptomatique. Autrefois, ils ont habité une région qui va d'Ambohimangakely à la ligne de crête du Fandravazana, derrière Ambohijoky et Antsahadinta, en territoire Tantsaha, mitoyen de l'Imamo vers le sud, et à l'ouest à Ambohitrimanjaka (Rainianjanoro, 16 Honneurs, gouverneur principal, Ny isan-jato sy isan'arivo nanisan-dRadama I mpanjaka tamin'Imerina ambanilanitra , Imprimerie de l'Imerina .
Du temps d'Andriamanelo, ils ont le rang d'Andriandranando, du temps d'Andrianampoinimerina ils ont perdu leur « andrianité » et se trouvent relégués dans les fins fonds de l'Imamo pour les plus dangereux d'entre-deux (C. Savaron, « Mes souvenirs à Madagascar avant et après la conquête (1885-1898)- Note d'histoire malgache, Contribution à l'histoire merina », Mémoires de l'Académie malgache. Fascicule XIII).