37 prévenus, dont six étrangers, ont été condamnés à mort par un tribunal militaire dans l'affaire de la "tentative de coup d'Etat" de mai dernier en RDC.
"Le tribunal prononce la peine la plus forte: la peine de mort", a répété à la lecture du verdict, pour chacun des condamnés, le major Freddy Ehume, président du tribunal qui a siégé dans la prison militaire de Ndolo. Le procès se tient depuis début juin dans l'enceinte de cet établissement où les accusés sont incarcérés.
37 prévenus sur 51 ont écopé de la peine capitale dans l'affaire de la présumée tentative de coup d'Etat du 19 mai à Kinshasa.
Six étrangers dont trois Américains font partie des condamnés à mort, tout comme un Belge, un Britannique et un Canadien, tous des Congolais naturalisés.
Ils ont notamment été condamnés pour attentat, terrorisme, association des malfaiteurs et détention illégale d'armes.
14 prévenus ont été acquittés. L'instruction a démontré qu'ils n'avaient "aucun lien" avec l'affaire, a déclaré le tribunal.
Le silence lors du verdict
Pendant le prononcé du verdict, la salle s'est levée avant, à l'annonce successive des peines de mort, de rester prostrée dans le silence.
Les prévenus, en tenue bleue et jaune de détenus, assis depuis des heures sur des chaises en plastique et parqués derrière des barricades, ont gardé un visage grave.
Cette annonce a été suivie d'une clameur dans l'assistance composée notamment de proches qui ont écouté, sous la grande tente placée dans une des cours de la prison faisant office de tribunal, la lecture de la décision qui a duré plus de quatre heures.
Des avocats de la défense ont déjà indiqué leur intention de faire appel. Ils ont un délai de cinq jours pour déposer un recours.
Les ambitions de l'opération du 19 mai restent floues
Le procès n'a finalement apporté que peu de lumière sur les motivations derrière l'opération du 19 mai et ses éventuels commanditaires.
Ce jour-là à l'aube, dans le quartier huppé de la Gombe à Kinshasa, plusieurs dizaines d'hommes armés vêtus de treillis avaient attaqué le domicile d'un ministre, Vital Kamerhe, devenu depuis président de l'Assemblée nationale. Deux policiers commis à sa garde avaient été tués.
Les assaillants avaient ensuite investi le palais de la Nation abritant des bureaux du président Félix Tshisekedi. Installé près du fleuve Congo, l'endroit est vide la nuit.
L'opération avait pris fin avec l'intervention des forces de sécurité qui, selon l'armée, avaient interpellé une quarantaine d'assaillants et en avaient tué quatre autres, dont leur chef présumé, Christian Malanga, un Congolais de 41 ans installé aux Etats-Unis.
Le porte-parole de l'armée avait rapidement parlé de "tentative de coup d'Etat étouffée dans l'oeuf", le gouvernement évoquant plus tard une "tentative de déstabilisation des institutions".
Le gouvernement congolais a levé en mars un moratoire sur l'exécution de la peine de mort qui était en vigueur depuis 2003.