C'est Sushil Kushiram, à qui nous devons de nous avoir éclairé sur certains aspects des finances du pays et notamment sur la hardiesse d'inclure dans le PIB, depuis juin 2023, le primary income de l'offshore dans les recettes domestiques(*), alors que la Banque centrale, sous ses obligations face au FMI, n'a pas le droit d'en faire de même.
Plus récemment, les chiffres de croissance prévus pour le secteur de la construction ; les 37,4 % déjà époustouflants de 2023 étant supposément suivis d'un éblouissant 38,7 % en 2024, suggéraient(**), une fois encore, un autre réaménagement du PIB afin de doper la croissance et ainsi réduire favorablement le déficit budgétaire et la dette publique, par rapport au PIB.
Lundi dernier, M. Kushiram, qui scrute les chiffres financiers du pays avec méthode et systématisme, et qui, lui, se retrouve à travers les méandres de la NSDP (National Statistics Data Page), nous fait un constat(***) qui suggère à nouveau des chiffres cuisinés ce qui sème ainsi le doute sur la justesse des chiffres financiers de la nation.
En effet, la semaine dernière, Statistics Mauritius révélait que les recettes fiscales du gouvernement, principalement sur les taxes, étaient de Rs 14 milliards inférieures à celles que le ministre des Finances estimait à seulement un mois de la fin de l'année financière 2023-24, lors de la présentation du dernier Budget ! Or, un tel «trou» fiscal ne se creuse pas en un seul mois...
Résultat ?
Le déficit budgétaire que l'on nous annonçait à 3,9 %, supposément en baisse des 4,8 % de l'année précédente, démontrant ainsi une «consolidation financière», qui semblait épater même Moody's, était, en fait de... 5,4 % ! Et ce déficit qui se détériore donc de manière troublante, est comptabilisé au 30 juin 2024, c.-à-d., AVANT toutes les petites gâteries pré-électorales - dont une seule - l'internet gratuit aux 18-25 ans a d'ailleurs été jusqu'ici explicitement quantifiée à Rs 31,6 millions par mois !
Le diagnostic de Kushiram est sans appel. Le Budget de 2024-25 surestimerait, lui aussi, les recettes de taxes par environ Rs 14 milliards, même si, ce faisant, la MRA va encaisser... Rs 27 milliards de recettes fiscales de plus ! (+19,1 % !). Les dépenses sociales, qui ont augmenté d'un cinquième des dépenses gouvernementales à un tiers depuis 2014, sont insoutenables, souligne-t-il, à moins d'autres miracles au niveau du... rajeunissement de la population ou de la... «Production» nationale, d'autant qu'au niveau des gains de productivité, on ne pavoise certainement pas !
Le plus grave est, que quand on commence à se méfier de certains chiffres de la comptabilité nationale, on déclenche en même temps le doute sur la rectitude de TOUS les autres indicateurs économiques du pays. Ne plus savoir si les chiffres nationaux sont intègres ou pas, ne va sûrement pas nous aider à sortir de nos difficultés. CAR SEULE LA VÉRITÉ LIBÈRE !
L'ambition fort louable du ministre des Finances, Padayachy, de voir notre pays être reçu comme le premier membre africain de l'OCDE, peut certainement faire l'économie d'un débat, qui ne peut qu'être sordide, sur l'authenticité de nos prétentions au niveau de la croissance, du déficit budgétaire, de la dette nationale ou du déficit de la balance des comptes courants...
Se rapprocher de l'OCDE nous mènera, espérons-le, vers plus de rigueur, plus de discipline, plus de transparence et, surtout, un bond qualitatif majeur au niveau de l'éducation et de la formation. En effet, sans un upgrade palpable de la valeur ajoutée à l'école, tant académique que technique, associé à une revalorisation profonde de l'éthique du travail, le tissu productif du pays ne pourra pas offrir à nos jeunes les voies de l'excellence qui, seules, mèneront à mieux et les retiendront éventuellement au pays.
Le ministre des Finances le sait. Le chantier est colossal.
Le débat entre Donald Trump et Kamala Harris aux petites heures du matin mauricien, ce mercredi, aura été passionnant à plus d'un titre. Deux personnalités très contrastées s'affrontaient. L'ironie veut qu'ayant «gagné» le premier débat présidentiel grâce à la faiblesse de Joe Biden ce soir-là, Trump s'est retrouvé, du jour au lendemain, SANS son argument favori, qui consistait à décrire son adversaire de «Sleepy Joe» et qui lui permettait de paraître tonique, par contraste, même à 78 ans !
On a bien vu comment cet adversaire-là lui manquait mercredi, car il en aura fait référence plus d'une douzaine de fois, au point où Harris a dû lui rappeler que c'était elle son adversaire et non plus Biden ! Extrapolant, nous avons bien besoin d'un «moment Biden» ici aussi, à la tête de nos trois principaux partis politiques, les excédents de bagages de tous étant devenus bien trop lourds à porter pour faire avancer le pays sous des conditions optimales...
Comme à son habitude, Trump a relayé de nombreuses faussetés (33+, selon CNN, contre 1+ pour Harris, inexactitudes mises à part)(****) et s'est concentré sur le passé et lui-même, plutôt que sur l'avenir et les autres. Sur la défensive face au procureur Harris, Trump s'est doublement refusé de répondre à la question de pourquoi il avait exhorté les Républicains à ne pas voter une loi bipartisane très conservatrice sur l'immigration, Harris l'ayant accusé de laisser délibérément pourrir la situation pour pouvoir en faire un outil politique lors des présidentielles.
L'acharnement de Trump contre les immigrants les accusant de crimes sordides, de meurtres, et même de manger les animaux de compagnie (chats et chiens) de citoyens américains, relève d'une stratégie de créer la peur alors que toutes les études, dont celles de Stanford, de l'institut Cato ou de Pew, indiquent que les natifs et les immigrants légaux commettent déjà plus de crimes que les illégaux !
Attaquant Harris sur sa volteface sur le fracking, cette dernière se défendait en soulignant que les idées évoluent naturellement, même si les principes de base demeurent. Elle ratait cependant une occasion en or de souligner que les flip-flops de Trump étaient, eux, beaucoup plus motivés par les intérêts de ceux qui finançaient sa campagne électorale ! On peut ici citer la conversion «électorale» et inattendue de Trump en faveur de TikTok (Jeff Yass), ou des crypto-monnaies (Fairshake)...
Son plan pour des tarifs de 10 à 20 % sur les importations américaines seront, insiste-t-il contre la raison, payés par les pays exportateurs et non pas les consommateurs américains ! Ce qui n'est pas sans rappeler le mur sur la frontière sud qui devait être financé par... le Mexique ! Ce qui ne s'est jamais concrétisé ! Comme le mur lui-même d'ailleurs (sauf pour 80 miles en 4 ans...). Mais peut-on imaginer, si Trump est élu, qu'il va vraiment imposer un tarif de 60 % sur la production chinoise de Ford, de GM et surtout de Tesla, de son ami Elon Musk, quand ces véhicules de fabrication chinoise arriveront aux États-Unis ?
Quant au Obamacare qu'il voulait absolument «repeal and replace» depuis 2015 quand il était élu président, Donald Trump a admis, très candidement, que, neuf ans plus tard, il n'avait que les «concepts» d'un meilleur plan. Rien que de la fumée donc !
Dans une joute électorale, rien ne garantit à la gagnante d'un débat télévisé ou à celle qui a bien plus de respect pour les faits que son adversaire, ou à celle qui a plus d'estime pour la démocratie ou les élections, ou à celle qui pense plus à l'avenir du citoyen moyen plutôt qu'a sa propre condition financière, de gagner le vote électoral ! Il reste 52 jours pour que les forces de l'optimisme et du progrès puissent convaincre une majorité, non pas d'électeurs, mais... du collège électoral ; cet animal un peu biscornu qui déforme de plus en plus la volonté majoritaire américaine.
Quand deux policiers de la SST (Special Striking Team) interviennent pour faire excuser un conducteur en état d'ivresse, à 4 heures du matin, au poste de police de Grand-Baie en déclarant «Les sa misié-la alé. Alé, donn li enn sans. Enn kamarad sa. Nou ansam» (l'express, 5 septembre), on entrevoit, une fois encore les prémisses de nos tontons macoutes à nous, si les sanctions logiques ne suivent pas !
Si un ancien président des États-Unis, Donald Trump, n'est pas au-dessus des lois, pourquoi est-ce que «enn kamarad» et ses deux protecteurs SST le seraient ? Sauf si l'on veut vraiment confirmer que nous sommes devenus une république plus que bananière !
Quelle humanité ?
Cette semaine, on apprenait qu'en Côte d'Ivoire, il existait toujours un commerce de clitoris obtenus par circoncision de jeunes filles. Séchés, puis réduits en poudre, ces clitoris se vendent à environ 150 euros l'unité, comme un composant de potions magiques pour propitier l'amour, la fortune ou l'avancement politique ! La circoncision est illégale dans ce pays depuis 25 ans.
En France, en milieu «plus civilisé», on écoute le procès, à Avignon, de M. Pélicot, qui a drogué son épouse, Gisèle, 71 ans, pendant dix ans de suite, pour offrir son corps inerte au viol de plus de 50 «clients» racolés sur le net. Ce qui le perd ? La police s'intéresse d'abord à lui parce qu'il filme sous les jupes dans une arcade commerciale. Et comme il filme et photographie aussi les viols de Gisèle et conserve tout sur son ordinateur, la police découvre l'horreur...