Trois jours avant la fermeture officielle du dépôt de candidature pour les élections communales et des conseillers municipaux du 11 décembre, Marc Ravalomanana a vu son dossier recalé par l'OVEC.
Prémédité. Dès l'annonce de sa candidature le 16 août, la crainte d'une manœuvre politique afin d'empêcher, par tous les moyens, le retour de Marc Ravalomanana à la tête de la mairie de la capitale, tremplin pour se hisser de nouveau à la direction du pays, était bien présente.
Cela a ensuite été renforcé par un communiqué de la Direction générale des impôts (DGI), signé par son directeur, Germain, en personne, en date du 19 août, rappelant que le respect des obligations de déclaration et de paiement des impôts et taxes dans les délais fixés par loi, ainsi que le paiement des arriérés fiscaux, sont indispensables afin de certifier la régularité fiscale du candidat.
Ce samedi, ce qui était prévisible s'est produit. L'Organe de vérification et d'enregistrement de candidatures (OVEC) d'Antananarivo a pris la décision de refuser l'enregistrement de la candidature de la liste de candidats TIM. Le motif indiqué par ce démembrement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est « l'absence du certificat délivré par l'Administration fiscale attestant la régularisation fiscale du candidat au maire ».
Difficultés
En effet, conformément à l'article 245 de la loi n°2041.020 du 27 septembre 2014, le candidat doit « être en règle vis-à-vis de la réglementation et de la législation fiscale et avoir acquitté notamment tous les impôts et taxes exigibles de toute nature des trois dernières années précédentes ». L'attestation délivrée en date du 4 septembre 2023 par l'Administration fiscale lors des élections présidentielles de 2023 relève que le candidat est en règle vis-à-vis de ses obligations fiscales pour les trois dernières années précédentes, 2023, 2022, 2021.
En 2024, selon les explications, Marc Ravalomanana s'est de nouveau acquitté de ses obligations fiscales dont impôts immobiliers, IRSA, etc. En tout cas, l'ancien président avait déjà évoqué la difficulté de se faire délivrer ce certificat de régularité fiscale. Il regrette la décision des responsables de l'administration fiscale de ne pas lui livrer ce document, alors qu'il avait pu l'obtenir au mois de septembre de l'année dernière lorsqu'il était candidat à la présidentielle.
Coup politique
S'il ne s'agit pas d'un coup politique comme un autre, cela y ressemble et la DGI n'est qu'un moyen pour un régime qui n'arrive pas à trouver un candidat à la hauteur de l'ancien président pour lui mettre des bâtons dans les roues. Trois jours avant la fermeture officielle du dépôt des candidatures, les « oranges » n'ont pas encore arrêté leur choix. Quoi qu'il en soit, dans son émission en date du 20 août, Fidèle Razara Pierre, député Firaisankina d'Ambatondrazaka, avait mis en garde Germain, directeur général des impôts, de ne pas entrer dans le jeu politique des « oranges ».
« Que les problèmes ne viennent pas de vous. Nous savons très bien ce que ce régime veut faire mais n'impliquez pas la DGI dans cette affaire car nous ne nous laisserons plus faire », a-t-il souligné. Ce mercredi, en marge du dépôt de sa candidature à l'OVEC Isotry, l'ancien président, quant à lui, a fait remarquer que « si des troubles se produisent, ce ne sera pas l'opposition qui en sera à l'origine mais les actuels dirigeants qui font exprès d'empêcher par tous les moyens leurs adversaires potentiels ».
Peur
« Nous ne laisserons pas cette situation comme elle est, mais nous nous battrons jusqu'au bout car chaque citoyen a le droit de participer au développement de la ville où il vit et personne ne devrait, en aucun cas, arrêter cette ambition ». Telle est la première réaction de Dada après avoir été mis au courant de cette décision de l'OVEC.
Alors que le Tiako i Madagasikara et la plateforme Firaisankina n'ont pas encore évoqué l'option d'un candidat de substitution, un sentiment d'incompréhension et de colère a gagné le camp de l'opposition depuis ce samedi. Sur sa page Facebook, Siteny Randrianasoloniaiko, 7ème vice-président de l'Assemblée nationale, a ainsi publié que « ce qui domine, c'est la peur ». Peu importe, l'histoire a maintes fois rappelé qu'à force de jouer à un jeu aussi dangereux, le régime risque de pousser l'opinion dans les bras de l'opposition.