Ile Maurice: Cherté de la vie - Comment faire baisser les prix

15 Septembre 2024

Les prix élevés des commodités restent une préoccupation majeure pour les consommateurs, malgré les aides sociales du gouvernement. Si autrefois, un caddie pouvait coûter Rs 5 000, il faut aujourd'hui débourser le double, voire plus. Le tableau ci-dessous illustre la différence de prix de quelques produits entre 2019 et 2024.

Outre un maximum mark-up sur certains produits, comment peut-on concrètement faire baisser les prix ? Éric Ng, économiste, est «contre le contrôle des prix». Il faut laisser le marché déterminer librement les prix par l'offre et la demande. Mais comment faire baisser les prix alors? Selon lui, «si la TVA est appliquée sur certains produits, on pourrait la supprimer pour alléger le coût. Cependant, le gouvernement ne peut pas faire grand-chose de plus. Il est également possible de réduire ou de supprimer les droits de douane sur les produits importés ainsi que les droits d'accise, qui sont des taxes à l'importation».

Sur la question des prix abusifs, souvent dénoncés par les associations de consommateurs, Éric Ng précise qu'il est contre les abus dans une économie de marché libre, surtout lorsque la concurrence est présente: «Avec plusieurs producteurs ou distributeurs offrant des produits sous différentes marques, la concurrence doit jouer son rôle. Si des ententes déloyales existent entre les concurrents, c'est à la Competition Commission d'intervenir. En principe, c'est la concurrence qui empêche les prix d'augmenter. Si les prix montent, ce n'est pas à cause d'un manque de concurrence, mais parce que les coûts de production augmentent.»

Les prix à l'importation peuvent aussi grimper en raison de l'augmentation des coûts opérationnels, comme les salaires, la dépréciation de la roupie, ou l'augmentation du coût des matières premières. C'est pour cela que les prix augmentent malgré la concurrence, fait ressortir l'économiste.

Éric Ng ajoute qu'il faut agir en amont pour éviter l'inflation et la dépréciation de la roupie. Il est nécessaire d'adopter des politiques salariales, monétaires et fiscales qui limitent la pression sur les prix.

Jayen Chellum, secrétaire général de l'Association des consommateurs, comprend les difficultés des consommateurs : «Les gens ont parfaitement raison de se plaindre malgré les allocations sociales. On semble croire que donner de l'argent résout tout. Le gouvernement exploite l'inflation pour augmenter ses revenus et distribuer de l'argent, tout en faisant croire aux gens que cela compense la hausse des prix. Pendant ce temps, certains imposent des prix extraordinairement élevés.» Il dénonce également la surtaxation sur les prix du carburant, qui a un effet boule de neige sur les prix de vente des commodités, relevant que même si les prix du pétrole baissent sur le marché international, les prix locaux restent inchangés.

«La valeur des produits a augmenté de manière disproportionnée par rapport à leur prix, et le gouvernement engrange des revenus considérables grâce à la taxation.»

En 2021, une subvention de Rs 500 millions a été accordée aux importateurs et distributeurs pour stabiliser certains prix. Cette mesure visait à geler toutes les augmentations de prix, notamment pour sept produits essentiels : les sardines, les tomates en boîte, le fromage, l'huile comestible, les grains secs, la margarine et le lait en poudre, couvrant 243 marques, rappelle Jayen Chellum. Il critique la politique de libéralisme extrême du gouvernement, qui favorise la maximisation des profits des entreprises.

Selon lui, certaines grandes compagnies en situation de monopole dominent le marché et fixent des prix que les autres importateurs suivent. À la fin du mois, les supermarchés entrent en compétition pour réduire les prix, mais ils ne vendent jamais à perte. «Le gouvernement devrait agir en arbitre», conclut Jayen Chellum. «Mais il laisse grimper les prix, ce qui affecte tout le monde et surtout les plus démunis. La politique de laisser-faire profite surtout aux entreprises, tandis que les consommateurs, en particulier ceux au bas de l'échelle, continuent de souffrir.»

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