Durant deux jours, en cette fin de semaine, les habitants et les élèves de la commune rurale d'Ambatomanga ont pu faire une immersion dans le monde du livre et de la littérature grâce au salon du livre du monde rural. Un premier de ce genre a été organisé dans leur fief.
Ambatomanga, ville historique et symbolique
Cette initiative a pu voir le jour en partie grâce au livre de Michèle Rakotoson intitulé Ambatomanga, le silence et la douleur, un livre qui a capté l'attention du monde entier, en particulier celle de la France, vers ce bourg qui était aussi considéré comme la « porte de l'Imerina ».
Il faut préciser que ce roman retrace l'invasion française à Madagascar à la fin du XIXème siècle dans un récit poignant. Michèle Rakotoson, l'auteure, est originaire de cette commune qui abrite, par ailleurs, un patrimoine national d'envergure, l'immense « rocher bleu » d'où a été tiré son nom « Ambatomanga », où étaient implantés le palais et le village, autrefois, avant la réunification de l'Imerina par le roi Andrianampoinimerina.
L'Association Opération Bokiko dont cette auteure est présidente d'honneur, a eu l'idée d'y organiser un salon du livre, l'une de ses activités principales dans le cadre de la sensibilisation à la passion pour la lecture et l'écriture, dans le monde rural.
C'est ainsi qu'après les deux premières éditions de salon du livre dans le monde rural à Andriampamaky, le salon de cette année a été organisé au Kianja Ampamoloana à Ambatomanga. Le projet a bénéficié du soutien du Service de coopération et d'action culturelle (SCAC) au sein de l'ambassade de France à Madagascar.
Conférences et présentations riches et détaillées
Cette édition du salon diffère cependant des deux précédentes, du fait que l'accent a été surtout mis sur les conférences et présentations, cette fois-ci, des activités qui ont tenu en éveil les habitants qui pourtant ne sont pas du tout habitués aux activités littéraires, comme dans la plupart des communes rurales. Dès la première journée du salon, Rija Al-Jonah et Roël Ranarivelo, des auteurs et poètes membres d'Opération Bokiko, sont venus à la rencontre de 300 étudiants du lycée FJKM local pour une conférence axée sur le métier et le parcours à suivre pour devenir écrivain mais également pour une sensibilisation plus approfondie pour les inciter à voir la lecture comme une ouverture vers plus de connaissances et la connaissance de soi et non une « punition ».
Les plus jeunes n'ont pas été en reste puisque Holy Danielle et Mampianina Randria, les auteures membres du bureau d'Opération Bokiko ont également animé un petit atelier sur la littérature jeunesse, avec les élèves du CEG local, sans oublier l'intervention de Johary Ravaloson, qui est auteur et éditeur mais également traducteur, un aspect des métiers littéraires dont on ne parle pas souvent.
Retour sur l'histoire d'Ambohimanga
Cet événement a également été l'occasion de mettre en lumière l'histoire d'Ambohimanga qui a été débattue avec force détails par Ndretsa Manantsoa Rabehajarijaona, le DG de Lovako, un grand passionné d'histoire, et le conseiller municipal local qui est également un auteur, Manampisoa Rasendra, lors de la deuxième journée du salon, tout cela sous la modération de Michèle Rakotoson et de Riambola Mitia. L'importance de la bibliothèque dans une communauté a également fait l'objet d'un débat, auquel ont participé la Bibliothèque Nationale de Madagascar et la Bibliothèque Siméon Rajaona.
Apprentissage ludique et animations
En marge de ces conférences plutôt sérieuses, les activités ludiques ont également été nombreuses. Un atelier sur Lamako, un jeu de société qui met en avant la culture en général sur Madagascar, a été proposé aux enfants, sans oublier les petits quiz avec des petits cadeaux à la clé. L'événement a, par ailleurs, été ponctué de beaucoup de surprises puisque des auteurs qui ne figuraient pas parmi les intervenants prévus ont été aperçus parmi le public.
Parmi eux, Christiane Ramanantsoa, une écrivaine et femme de théâtre réputée qui a offert aux enfants une déclamation animée de conte. Il y avait également Hobiana et des poètes membres de Faribolana Sandratra qui ont enflammé la veillée littéraire autour d'un feu de camp dans la soirée de ce samedi 14 septembre, la dernière activité, qui a clôturé le salon était la participation époustouflante des athlètes acrobates de Traceur Gasy.
Les derniers habitants à avoir quitté les lieux sont repartis ravis et des étoiles plein les yeux. Après le succès de cette première édition, Opération Bokiko se prépare déjà à y revenir d'autant plus que l'ambassadeur de France, SEM Arnaud Guillois, a déjà accordé, encore une fois, son soutien au prochain projet.
« La sensibilisation à la lecture est un travail de longue haleine », soutiennent les membres d'Opération Bokiko, qui gardent tout de même la réalité en face. « Si parmi l'assistance, quelques éléments ont eu le déclic pour écrire ou lire plus de livres, grâce à nos activités, ce serait déjà une grande victoire ». C'est pourquoi les activités de sensibilisation en milieu rural se poursuivront pour cette association.