Médina Baye — A Médina Baye, les nombreux fidèles venus de l'intérieur du pays et surtout de l'étranger ont pris d'assaut le mausolée de Cheikh Ibrahima Niass, dit Baye Niass (1900-1975) et le domicile du fondateur de la Faydatou Tidjania, les principaux points d'attraction du Mawlid international de Médina Baye, a constaté un reporter de l'APS.
Les fidèles, en files indiennes, convergent vers ces sites pour se recueillir dans le mausolée, la chambre de Baye Niass et les cimetières.
Dès les premières heures de la matinée, les fidèles investissent les lieux. Les deux rangées séparant les hommes et les femmes sont scrupuleusement respectées. De nombreux jeunes sont déterminés à accomplir leur Ziar malgré la longue attente et la forte chaleur qui prévaut à Kaolack.
Boubacar, venu de Karang, localité frontalière avec la Gambie, habillé en caftan blanc, chapelet autour du cou et bonnet bleu bien vissé, se prépare à accomplir sa visite spirituelle communément appelée Ziar.
"Je viens ici pour honorer la mémoire de Baye Niass parce qu'il a renforcé notre croyance en Dieu. C'est donc une obligation de venir ici pour faire notre Ziar, en raison de son amour pour le Prophète de l'Islam", confie-t-il, visiblement ému.
Pour veiller au respect des normes autour de la mosquée, des disciples rappellent régulièrement aux talibés les règles d'interdiction de porter des chaussures, des tenues indécentes et l'obligation de couvrir la tête pour les femmes.
Une organisation que Boubacar apprécie, surtout en raison de l'affluence liée à l'inauguration de l'esplanade de Médina Baye. "Il n'est pas nécessaire de se précipiter, car on peut faire sa Ziar jusqu'à demain", conseille-t-il.
À Médina Baye, les fidèles venant de divers pays viennent assister au Mawlid, un événement commémorant la naissance du Prophète de la naissance.
Mariama Salla, une jeune femme d'une vingtaine d'années, vient de la Gambie. Teint clair et de taille moyenne, elle est aidée par une membre de l'organisation à se couvrir le visage avec son voile.
Mariama qui vient dans la cité religieuse pour la première fois, déclare. "La patience est longue, mais la Ziar en vaut la peine. Je suis ravie de venir à Médina, car j'ai longtemps entendu parler de Cheikh Ibrahima Niass et je voulais en savoir plus. Avant de suivre les pas de Baye Niass, je préfère venir ici pour le connaître et ne pas simplement suivre la masse", explique cette gambienne dans un Wolof truffé de mots en anglais.
Ousmane Sow, un homme de teint clair et de taille élancée, venu des Parcelles Assainies à Dakar préfère accomplir sa Ziar devant le mausolée de Baye Niass. "Il n'est pas nécessaire d'être à l'intérieur du mausolée, car on peut faire la Ziar aux alentours. À chaque fois, mes souhaits sont exaucés, et je suis certain que Baye répondra à toutes mes attentes. Cheikh Ibrahima Niass nous aide toujours en période d'incertitude", déclare-t-il.
Ousmane, qui ne rate pas cet évènement depuis 2010, porte un tee-shirt noir à l'effigie de Baye Niass. Il exprime sa foi avec conviction.
Pour certains fidèles, le jour du Mawlid est l'occasion idéale pour accomplir le Ziar après la fatigue du voyage.
Moustapha Cissey, vêtu d'un boubou blanc, dégoulinant de sueur, sort tout juste du mausolée. Avec un visage plein d'enthousiasme, il confie : "Nous, les Gambiens, lorsque nous venons, nous suivons scrupuleusement les recommandations. J'ai visité tous les lieux, sauf celui d'Imam Assane Cissé (défunt imam de la grande mosquée)".
Devant la demeure de Baye Niass, derrière l'esplanade de Médina Baye, une longue file de fidèles s'étend à perte de vue. Modou, un autre Gambien portant des lunettes noires fumées, un jélaba gris, chapelet blanc autour du cou, est venu pour la deuxième fois dans cette cité religieuse.
Assis dans la chambre personnelle de Cheikh Ibrahima Niass, il espère en apprendre davantage sur la vie du fondateur de Médina Baye. "Je suis intéressé par l'oeuvre de Baye Niass, c'est pourquoi je suis venu pour la première fois dans sa chambre. Je demande aussi aux gens de mieux comprendre la vie et l'oeuvre de Cheikh Ibrahima Niass", confie ce pèlerin venu de la Gambie.
Les cimetières de Médina Baye ne sont pas en reste. Ils constituent l'une des destinations des fidèles. Les pèlerins s'y rendent pour visiter la tombe d'un proche ou celle d'un membre de la famille de Cheikh Ibrahima Niass.
"Je ne réside pas à Médina Baye. Ma mère est enterrée ici. Le Gamou constitue une occasion pour venir se recueillir auprès de ma mère", lance Babacar, un autre plein, la voix teintée d'émotion.