Ile Maurice: Hôpital SAJ - Grand coomme un «mall» et petits maux

15 Septembre 2024

Si l'infrastructure du nouvel hôpital de Flacq, inauguré en grande pompe il y a environ trois semaines, est certes impressionnante, des défis organisationnels et opérationnels sont néanmoins rencontrés par de nombreux patients, comme nous l'avons constaté lors de notre visite il y a quelques jours.

Vers 20 heures, nous arrivons à l'hôpital, souffrant de douleurs abdominales, de vomissements et de faiblesse. À l'entrée principale, au centre du bâtiment, nous apercevons l'imposante statue de feu SAJ. La réception est spacieuse, et il nous faut un certain temps pour trouver un panneau indiquant lequel des deux couloirs, à droite ou à gauche, mène à l'Out-Patient Department (OPD). Direction à gauche vers l'OPD non trié, où de nombreux patients occupent déjà des sièges, attendant une consultation.

Un préposé au guichet nous demande si nous avons besoin de faire une carte de santé. Réponse affirmative et il nous demande de présenter notre ticket. «Quel ticket ?», demandons-nous, confus. Nous apprenons que tout patient entrant dans l'hôpital doit passer par le système de triage pour être évalué par un médecin, qui déterminera si notre cas est une urgence ou si nous pouvons être dirigés vers l'OPD, et nous attribuera un ticket. Cette évaluation se déroule dans la Red Zone, à l'entrée des urgences (Accident and Emergency Services), situées à l'extrémité droite de l'hôpital, nous obligeant donc à marcher longtemps.

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**Ticket Dr Bruno Cheong Hospital... **

Une fois dans la Red Zone, nous nous retrouvons au milieu d'une multitude de personnes attendant un premier examen médical. Des ambulances sont stationnées à l'extérieur et des policiers accompagnent deux personnes dont les blessures nécessitent des soins d'urgence. Au bureau, deux médecins s'occupent d'une file d'attente de patients capables de se tenir debout pour effectuer le triage. L'un d'eux est obligé de se déplacer de temps en temps pour offrir des soins à ceux qui en ont besoin urgemment, tandis que l'autre est débordé et doit s'occuper seul des patients restants.

Résultat : chaos et confusion, car il est difficile de déterminer, dans la foule, quel patient doit être envoyé à l'OPD et lequel est en urgence. À notre tour, l'un des médecins nous fait asseoir et nous interroge sur notre état de santé. Il nous remet ensuite un ticket vert sur lequel est inscrit : Dr Bruno Cheong Hospital - U (NdlR, Unsorted). Étonnant ! Les personnes nécessitant des soins urgents reçoivent un ticket rouge avec l'alphabet E (NdlR, Emergency).

Sur le ticket de consultation à l'hôpital SAJ, est inscrit le nom de l'hôpital Bruno Cheong.

On nous demande ensuite de retourner à pied - en dépit de notre douleur abdominale - à l'Unsorted OPD pour pouvoir enfin obtenir une carte médicale. Nous traversons à nouveau le hall d'entrée, en passant par un vaste espace vide qui n'abrite que la Records Library. Nous nous demandons pourquoi cet espace n'a pas été utilisé pour installer des guichets spécifiques pour les premières évaluations médicales ou pour offrir des informations utiles aux patients et aux visiteurs, car la plupart des gens entrent par cette porte principale, sachant que celle de l'Accident and Emergency Department est réservée précisément aux accidents et urgences...

Une fois arrivés à l'OPD, le préposé nous demande notre identité et notre adresse et nous remet une carte de santé, nous demandant d'attendre notre tour pour la consultation sans autres détails. Confusion à nouveau, car nous ne savons pas dans quelle file d'attente nous inscrire et elle nous assiste sur demande. Pendant ce temps, un couple arrivé comme nous par l'entrée principale dans l'Unsorted OPD exprime sa frustration et sa confusion. L'homme, qui a accompagné sa femme souffrante, pose des questions au préposé. «Nou marse, nou al ziska laba, pour être évalués pour un ticket, et nous revenons ici ? Comment va-t-elle faire pour marcher alors qu'elle est souffrante ? Bez sa matlo.»

Par la suite, un médecin qui nous consulte conclut que nous souffrons d'une gastroentérite. «C'est une maladie courante pour l'instant et beaucoup de gens dans cette région ont été infectés», dit-il. Nous sommes placés en observation pendant une heure avec les soins nécessaires, puis on nous remet une ordonnance pour obtenir les médicaments à la pharmacie. Celle-ci est située loin de l'OPD, à l'extrême droite, vers la fin du bâtiment. Nous nous sentons suffisamment forts pour marcher jusqu'à ce lieu et obtenir nos médicaments, avant de rentrer chez nous pour nous reposer.

En partant, un patient que nous rencontrons sur le parking nous demande quelle entrée il doit emprunter pour avoir une consultation médicale. Nous lui expliquons tout le processus et le guidons vers l'Accident and Emergency Department pour lui éviter la confusion et les complications. Notre constat : l'hôpital SAJ dispose d'une excellente infrastructure. Cependant, une structuration adéquate, un personnel suffisant pour répondre aux services d'urgence, et des panneaux à l'entrée pour indiquer aux patients et aux visiteurs comment et où commencer à utiliser les services, restent primordiaux pour l'efficacité.

Réalisation majeure pour la circonscription

Inaugurée le 20 août, la construction de l'hôpital SAJ coûtera au total plus de Rs 4 milliards, fournies par l'Arab Bank for Economic Development in Africa, le Kuwait Fund for Arab Economic Development et le Saudi Fund for Development. Depuis, ce nouvel hôpital sis à Flacq, nommé en hommage à feu sir Anerood Jugnauth (SAJ) et doté d'équipements de pointe, sert de principal centre de santé aux habitants de la région est. Le lieu, bien sécurisé et éclairé, dispose d'une infrastructure gigantesque et impressionnante, d'un vaste parking pour les patients, et d'une gare d'autobus à proximité pour faciliter les déplacements des patients et des visiteurs.

Certes, l'hôpital SAJ, nouvellement inauguré, reflète un signe de développement majeur pour les habitants de l'Est, en particulier ceux de la circonscription no 9 (Flacq-Bon-Accueil). Situé à Constance, plus précisément, le nouvel établis- sement hospitalier est plus accessible aux habitants de la région de Saint-Julien, Richefond, Lalmatie et Belvédère, entre autres, et se trouve sur la route menant à Centre de Flacq. C'est un soulagement pour les habitants de cette région qui, contrairement à d'autres circonscriptions, n'ont pas vu la réalisation de projets majeurs pour améliorer leur vie quotidienne.

«En effet, la région de Flacq, qui compte de nombreux étudiants et travailleurs dans des villes comme Ébène et Port-Louis, n'a pas vu la réalisation de projets, tels que le métro, qui pourraient contribuer à réduire la cohue et les longues heures passées à faire le va-et-vient entre la ville et leur domicile. Mais ce qui est positif, c'est que nous avons un hôpital moderne qui est maintenant plus facilement accessible à beaucoup de gens», conclut un sexagénaire, satisfait.

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