Dans une interview à la DW, le président kényan rappelle que le Kenya, qui traverse une crise économique, n'est pas le seul pays en Afrique confronté à "des situations d'endettement très graves".
Au cours de cet entretien, il a notamment été question des défis globaux auxquels fait face le Kenya et son choix de s'allier soit à l'occident soit à l'Asie. Pour William Rutto, la réponse est sans équivoque : tout dépend de ce qui pourrait être une plus-value pour son pays.
"Nous n'avons absolument aucune difficulté à défendre nos intérêts, que ce soit avec l'Ouest ou l'Est. Lorsque nos intérêts convergent, nous travaillons ensemble. Nous avons eu un merveilleux échange à Pékin avec mes autres collègues africains. J'ai eu un merveilleux échange ici en Allemagne avec mon homologue allemand. J'ai eu un excellent échange avec le président Biden lorsque j'étais aux Etats-Unis et les défis auxquels les pays sont confrontés, qu'ils soient à l'Ouest ou à l'Est, sont communs. Il est donc nécessaire que tous les pays collaborent pour s'assurer que nous travaillons sur la manière de relever les défis auxquels nous sommes tous confrontés", précise le président kenyan.
Autre question abordée lors de cet entretien : celle de la dette
Au mois de mai dernier, le Parlement avait proposé un projet de loi de finances 2024 qui prévoyait une augmentation des impôts. Un projet qui a entraîné une mobilisation de la jeunesse et une série de manifestations dont la répression par les forces de l'ordre a causé la mort d'une quarantaine de personnes.
"La situation de la dette ne concerne pas uniquement le Kenya. Nous avons 26 pays en Afrique qui sont confrontés à des situations d'endettement très graves. En fait, nombreuses sont les personnes qui s'attendaient à ce que le Kenya soit en défaut de paiement", souligne William Ruto. "Mais je leur ai promis que cela n'arriverait pas sous mon mandat. Nous travaillons sur des sources alternatives de revenus. Certaines d'entre elles portent leurs fruits. La majorité d'entre elles, qui figurent dans le projet de loi de finances, n'ont pas été retenues. Mais nous travaillons sur la manière de protéger notre pays contre le surendettement et le défaut de paiement."
Des travailleurs pour juguler la pénurie de main d'oeuvre qualifiée
Grâce à l'accord migratoire signé entre le Kenya et l'Allemagne, des travailleurs spécialisés se verront accorder un accès au marché de l'emploi, tandis que de jeunes Kenyans pourront aller en Allemagne en formation.
"Cet accord ouvrira 250.000 opportunités d'emploi pour les jeunes du Kenya. Il s'agit d'un accord bilatéral entre l'Allemagne et le Kenya. C'est une situation gagnant-gagnant. Vous savez, il y a un gros déficit de main-d'oeuvre en Allemagne. Il y a une offre de main-d'oeuvre importante au Kenya. Comment pouvez-vous aider le Kenya ? En lui offrant des opportunités ici. Et comment pouvez-vous combler ce déficit ? En tirant parti du Kenya. Nous injectons sur le marché du travail un million de jeunes chaque année."
Mais cette déclaration a engendré un malentendu entre Berlin et Nairobi. Le ministère fédéral de l'Intérieur a démenti, via X, les chiffres de 250.000 migrants kényans avancés par William Rutto.
Le ministère allemand de l'Intérieur a ainsi tenu à préciser que "ce message est incorrect. L'accord de migration entre l'Allemagne et le Kenya ne contient aucun nombre ni contingent de travailleurs qualifiés du Kenya qui pourraient travailler en Allemagne. Tous les candidats doivent répondre aux critères de la loi sur l'immigration qualifiée".