À Kisangani, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, la consommation quotidienne de pondu, ce bouillon de feuille de manioc, a amené à adopter une nouvelle technique de broyage. Sur chaque avenue et rue du chef-lieu de la Tshopo, des « machines à pondu » fabriquées localement ont remplacé les traditionnels mortiers en bois, pour moudre le plus rapidement possible les feuilles de manioc.
Au croisement de deux artères très fréquentées de Kisangani, Antoinette, propriétaire d'un restaurant, est venu faire broyer ses légumes à la machine à pondu, cette sauce de feuilles de manioc mélangée à plusieurs épices.
Tous les jours, ce sont plus de quinze bottes de feuilles de manioc qui sont consommés par ses clients. « Après avoir nettoyé les feuilles de manioc avec de l'eau chaude, nous venons avec ici pour les broyer à la machine. Auparavant, on le faisait avec le mortier, c'était fatiguant et lent, mais avec la machine, c'est très rapide », confirme la restauratrice.
Un service populaire
Isaac Saidi est le propriétaire de la machine à broyer. Il a jusqu'à vingt clients par jour : « À Kisangani, le pondu est très consommé, c'est pourquoi on a fabriqué ces machines qui sont un peu partout pour faciliter le broyage. Le prix dépend de la quantité des feuilles de manioc, j'ai beaucoup de clients : les restaurants et les ménages sont nombreux à cet endroit, je fais jusqu'à 15 000 ou 20 000 FC de recette par jour. »
Les feuilles de manioc sont riches en vitamine A, en sels minéraux et en fibres
Joseph Kahongo Le broyage fini, Antoinette retourne à la cuisine de son restaurant. Après deux heures de cuisson, le pondu est prêt et servi. Shamani est un de ses fidèles clients : « Le pondu est consommé par tous les Congolais, riche ou pauvre. C'est un légume bio, moi, je mange le pondu tout le jour que Dieu a fait, ici au restaurant tous les plats se font accompagner de pondu. »
Accompagné de riz ou du foufou, le pondu demeure, et encore pour longtemps, l'accompagnement le plus apprécié à Kisangani.