Ce mardi s'ouvre un procès très attendu, celui qui concerne l'achat d'un avion présidentiel et des contrats d'équipements militaires passés par le gouvernement. Deux affaires qui remontent à 2014, et qui ont été rajoutées in extremis à la session spéciale de la cour d'assises sur les crimes économiques et financiers, ouverte début juillet à Bamako.
Le procès devrait durer plusieurs jours. Classées sans suite en 2018, ces deux affaires, qui portent sur plus de 130 milliards de francs CFA, ont été relancées en 2020 par la justice malienne, qui soupçonne des surfacturations et d'importants détournements.
Certains accusés, politiques ou hommes d'affaires, ne sont pas au Mali et seront jugés par contumace. C'est le cas de l'ancien ministre de l'Industrie Moustapha Ben Barka, actuellement vice-président de la Banque africaine de développement, ou encore de Mohamed Kagnassi, entrepreneur et ancien conseiller spécial du président Ibrahim Boubacar Keïta.
D'autres, et pas des moindres, sont attendus à la barre : l'ancien directeur de cabinet du président Ibrahim Boubacar Keïta, Mahamadou Camara, qui clame son innocence, aurait dû comparaître libre sous contrôle judiciaire -- il avait accepté, l'année dernière, de payer une lourde caution. Mais il a finalement été incarcéré à nouveau, le samedi 7 septembre, après s'être présenté à la gendarmerie pour répondre à un dernier interrogatoire.
L'ancienne ministre de l'Économie, Bouaré Fily Sissoko, avait quant à elle refusé de payer. Emprisonnée depuis plus de trois ans, elle ne cesse de réclamer d'être jugée, pour « laver son honneur. »
Les chefs d'inculpation retenus à leur encontre sont : « corruption », « trafic d'influence », « favoritisme », « atteinte aux biens publics », ou encore « faux et usage de faux. » De source judiciaire, certaines charges auraient toutefois été abandonnées depuis la relance de l'enquête judiciaire.
Grand absent de ce procès : Soumeylou Boubeye Maïga, ancien Premier ministre et, à l'époque des faits, ministre de la Défense. Il est mort en détention il y a deux ans et demi. En dépit de son état de santé et des recommandations médicales, les autorités maliennes de transition s'étaient opposées à son évacuation sanitaire.
En raison d'un congrès des avocats de l'Uemoa s'ouvrant ce mercredi à Abidjan, une demande de report du procès à la semaine prochaine a été déposée. Elle sera examinée après ouverture de l'audience.