Tivaouane — Le village de Taïba Niang, peu connu de la grande majorité des fidèles tidianes du Sénégal, est un lieu de mémoire qui marque une étape importante dans les pérégrinations intellectuelles et spirituelles d'El hadji Malick Sy, le fondateur du foyer religieux tidiane de Tivaouane.
Taïba Niang est situé à environ 9 kilomètres de Ndiarndé et à quelque 70 kilomètres de Tivaouane. Selon la tradition, c'est Mame Madior Amar qui a signalé à son père Mame Coumba Amar, le personnage exceptionnel qu'était Seydi Hadji Malick Sy, un homme très versé dans les sciences islamiques.
Le dignitaire local avait alors fait transmettre un message sans équivoque à El Hadj Malick Sy, évoquant son désir de se placer et de rester sous sa tutelle spirituelle jusqu'à la fin de ses jours. Ce qui, selon lui, ne laissait à Maodo qu'une alternative : s'établir à Ndiarndé ou emmener son hôte avec lui dans ses différentes pérégrinations.
Installé à Ndiarndé à la suite d'un hivernage dont les récoltes de mil étaient en deçà des attentes, El Hadj Malick Sy, qui était à la recherche de terres fertiles, s'est vu recommander une zone réputée pour la fertilité de son sol. Il s'agit des étendues abritant l'actuel village de Taïba Niang.
Le patriarche de Tivaouane était accompagné, lors de son déplacement, par un de ses neveux, Abdou Faty Niang, époux d'une de ses filles Sokhna Fatou Sy. El Hadji Malick Sy, qui s'apprêtait alors à aller en pèlerinage à la Mecque en 1883, confie à ce dernier la direction scientifique et spirituelle de cet endroit abritant des champs et un centre d'enseignement arabo-islamique, pour la formation spirituelle des disciples.
Abdou Faty Niang devait poursuivre la formation et l'encadrement spirituel des adeptes, qui s'inquiétaient pour la continuité des enseignements qu'il leur dispensait. El hadji Malick Sy l'investissait, dans le même moment, de la mission de vulgarisation des enseignements islamiques et de propagation de la confrérie tidiane, dont il était devenu l'un des principaux porte-étendards en Afrique de l'Ouest.
Son implantation à Taïba a coïncidé avec des récoltes très abondantes.
Un legs bien entretenu par ses fils et petits- fils
Conscient de l'importance de ce village dans la trajectoire de son père El Hadji Malick Sy, qui l'a fondé, le défunt khalife général des Tidianes, El Hadji Abdoul Aziz dit Dabakh avait instruit, à son tour, son neveu Serigne Bassirou Niang de travailler à faire renaître la localité. Ce à quoi ce dernier s'est attelé.
Son successeur, Serigne Mansour Sy "Borom Daara Dji" a aussi travaillé au développement du village, en le raccordant au réseau électrique. Ce petit-fils d'El Hadji Malick Sy, connu par son vaste savoir, dont il gratifiait les disciples lors de la nuit du Gamou, est à l'origine de la piste latéritique desservant le village. Il y a également construit une mosquée et une maison pour lui-même.
Taïba Niang est aussi reconnu pour être l'endroit où les fils ainés d'El Hadji Malick Sy, en l'occurrence Serigne Babacar et Sidy Ahmed y ont fait leurs humanités et ont appris le Coran auprès de Mame Mor Khoudia Sy et Malick Sarr.
Le legs est aujourd'hui entretenu par le fils d'El Hadji Abdoul Aziz, Serigne Babacar Sy Abdou, par ailleurs beau-fils de Serigne Abdou Faty Niang, qui y anime un Gamou annuel.
Parmi les lieux de mémoire qu'abrite le village, un majestueux baobab qui a abrité la mémorable causerie du khalife Serigne Babacar Sy axée sur la colère de Dieu à laquelle s'expose toute personne portée à semer la discorde et la mésentente dans les familles.
Il est établi que deux des enfants de Seydi Hadj Malick reposent à Ndiarndé, où ils avaient aussi grandi. Il s'agit de Seynabou, fille de Sokhna Rokhaya Ndiaye, une soeur de Serigne Babacar Sy, ainsi que de Cheikh Tidiane Sy, fils de Sokhna Yacine Dieng. Malick Fawade, un neveu de Hadj Malick qui portait la bouilloire et la natte de prière de Maodo, repose aussi à Ndiarndé. Il était toujours à ses côtés, pour transmettre son message et lui servir de muezzin.