Premier long métrage de Damien Ng Tat Chung, «Un pour tous et tous pour un» a été lancé à MCine Trianon, samedi. Il s'agit d'une comédie mauricienne, qui met en vedette Neeshi Beeharry.
Une petite balade à moto dans Port-Louis. Avant un huis clos qui devient étouffant. Quatre personnages principaux comme dans Les Trois Mousquetaires. En empruntant au passage leur célèbre devise. Un pour tous et tous pour un est le premier long métrage de Damien Ng Tat Chung. Le film, réalisé avec le soutien de l'Economic Development Board et la Mauritius Film Development Corporation (MFDC), a été lancé le samedi 14 septembre au MCine Trianon. Un pour tous et tous pour un a bénéficié du National Resilience Fund.
De quoi organiser un dîner d'anniversaire où ce qui devait être de joyeuses retrouvailles tourne au vinaigre. Comme dans une pièce de théâtre, ce film, rythmé par une sonnette et des portes qui claquent, repose essentiellement sur de longs dialogues entre le salon et la cuisine.
Le noyau: un duo père-fille efficace incarné par Yousoof Elahee et Neeshi Beeharry. La longue expérience de jeu - à l'écran (petit et grand) comme à la scène - de Yousoof Elahee donne une vraie épaisseur à ce personnage de père célibataire renfermé.
Viennent se greffer au noyau, deux archétypes que tout oppose. D'un côté, l'homme d'affaires à la réussite éclatante. Un rôle taillé sur mesure pour le réalisateur-acteur-narrateur, Damien Ng Tat Chung. Son double de comédie, c'est un cancre dont tous se moquaient, mais qui, à sa manière, a lui aussi réussi. Ce personnage joué par Christophe Moonesamy permet d'aborder en riant des clichés de l'homosexualité et du coming out. «On a tous des amis que l'on aime côtoyer, mais de loin», a expliqué Damien Ng Tat Chung lors de l'avant-première.* «Tout dans la maison a été pensé pour que chaque spectateur se dise : Ça, c'est passé chez moi.»*
Le scénario aligne les ingrédients du genre : la mauvaise blague, une bonne dose de scènes scatologiques. Sans oublier l'arrivée de l'invité surprise qui jette un froid, à qui Christophe St Lambert prête ses traits. Avant le revirement de situation final, qui arrive grâce au courage de l'unique personnage féminin.
Mais par-dessus tout, Un pour tous et tous pour un est un film mauricien à thèse, un vibrant plaidoyer en faveur de la créativité, de l'épanouissement des cultures. Du cadre à construire pour l'éclosion des talents artistiques. Tout en déplorant les difficultés pour trouver des débouchés dans les industries créatives. Les dialogues - où le français répond au kreol - sonnent la charge contre les pense-petits. Comme dans la scène où la* «Miss»* d'école primaire, jouée par Cindy Pierre-Bouf, affirme qu'actrice, mannequin et speakerine ne sont pas de vrais métiers. En montrant que c'est la «Miss» qui finit par être sévèrement réprimandée, le film prend parti pour un secteur qui souffre encore de nombreux préjugés.
Quel est le magnifique cadeau que fait le richissime oncle - sorte d'Aramis des temps modernes - à sa nièce Nina, jouée par Neeshi Beeharry? Un cours de formation à la Comédie-Française. On rêve grand dans et avec Un pour tous et tous pour un. Lors de la cérémonie de lancement, Vikram Jootun, directeur de la MFDC, a d'ailleurs indiqué que l'équipe du film vise le marché international, «en prenant contact par exemple avec Amazon Prime Video et Netflix».
Neeshi Beeharry a, pour sa part, confié que le projet a mis un an à se concrétiser. Le tournage a eu lieu en août 2023. Ce projet était «enn mari challenge» pour celle qui n'est pas seulement actrice dans le film mais aussi productrice exécutive, ce qui implique des responsabilités de gestion de logistique. En somme, «galoup par isi, galoup par laba, fer seki Damien pa pe kapav fer».