Il y a deux candidats qui ont retenu l'attention lors du «Nomination Day», le 11 juillet, pour la partielle prévue dans la circonscription de Montagne-Blanche-Grande-Rivière-Sud-Est (no 10) : Avineshwur Dayal du Mouvement socialiste militant (MSM) et Neena Ramdenee de Linion Moris. Nous avons d'abord sollicité le candidat du MSM qui estime qu'avec son emploi du temps, il lui sera difficile de nous accorder une interview dans un délai prévu par nous. En revanche, Neena Ramdenee s'est adonnée à ce jeu de questions-réponses. Ainsi, elle croit toujours dans la tenue de cette partielle et dit qu'elle est bien accueillie. Elle considère qu'elle est bien partie pour obtenir une victoire. Linion Moris, affirme-t-elle, représente cette alternance qu'une majorité de Mauriciens souhaite avoir à la tête du pays et pense que seule cette formation pourra combattre les maux qui affligent notre peuple, notamment la cherté de la vie, le fléau de la drogue et les violences.
À trois semaines de la date fixée pour la partielle du no 10, croyez-vous toujours qu'elle aura lieu ?
Oui
** Pourquoi ?**
Écoutez, je suis candidate à cette partielle depuis le 11 juillet. Depuis ce jour-là, je mène campagne, et cela, jusqu'au jour J. C'est une bataille dans laquelle Linion Moris, à travers moi, s'est engagé et il faut toujours croire dans cette partielle.
Les principaux blocs politiques, à part le MSM qui n'avait pas d'autre choix d'ailleurs, ont boudé cette partielle. Pourquoi Linion Moris a-t-il aligné une candidate malgré le fait qu'on sait que le nouveau parlementaire ne siégera à l'Assemblée nationale que, au plus tard, jusqu'au 20 novembre?
Linon Moris croit dans la démocratie et a un grand respect pour la Constitution, qui prévoit d'ailleurs qu'il faut qu'il y ait une partielle quand un siège est déclaré vacant. Nous respectons à la lettre la Constitution, et nous ne pouvions pas rater cette occasion et laisser le champ libre au MSM. Donc, nous jouons notre rôle en alignant une candidate. C'est cela le jeu démocratique.
Sans doute, vous croyez en votre chance d'être élue. Mais n'avez-vous pas une crainte que si jamais cette partielle se tient et que vous êtes élue, le Premier ministre pourrait dissoudre le Parlement avant le 15 octobre, date de la reprise des travaux parlementaires, pour que vous ne puissiez pas siéger au Parlement ? D'autant plus que, je vous rappelle, lors de la partielle du 17 décembre 2017, Arvin Boolell, qui avait été élu, a dû attendre jusqu'à la troisième semaine du mois de mars 2018 pour prêtre serment.
Si cela se produit, le MSM et Pravind Jugnauth seront doublement perdants. D'abord, par cette défaite et, ensuite, le peuple verra que ce sera une fuite en avant. Une défaite du MSM dans cette partielle annoncera une déconvenue de ce parti pour les élections générales et aussi le triomphe de Linion Moris, qui milite pour un changement en profondeur du système actuel.
Pourquoi Linion Moris vous a-t-il choisie pour être candidate, d'autant plus que vous vous êtes jetée dans l'arène politique que depuis peu ?
Laissez-moi d'abord répondre à la deuxième partie de votre question. Effectivement, c'est en 2017 que j'ai fait mes premiers pas en politique, et cela, au sein du Mouvement Patriotique (MP) d'Alan Ganoo et de Jean-Claude-Barbier. J'étais active pour la partielle de 2017 à Belle-Rose-QuatreBornes (no 18). On sait bien ce qui s'est passé juste avant le Nomination Day des élections générales de 2019, quand le MP s'est retrouvé divisé. Moi, j'ai choisi le camp de Jean-Claude Barbier, qui a été candidat du Parti travailliste-Parti mauricien social-démocrate, alors qu'Alan Ganoo s'est allié au MSM, en donnant un coup de couteau dans le dos de ses amis avec lesquels il avait créé le MP. On n'est pas à l'abri que l'histoire ne se répétera pas. Depuis, je suis très active et le MP a ensuite contracté des alliances avec d'autres partis. Aujourd'hui, nous sommes au sein de Linion Moris qui compte six formations politiques.
Pour la première partie de votre question, je vous répondrai que Linion Moris a voulu rendre hommage à la Femme, qui, je vous rappelle, constitue de 52 % de la population. Cette alliance veut démontrer que la Femme a sa place en politique et, du coup, lance un signal aux Mauriciennes pour leur dire que la politique est noble, encourageant ainsi plus de femmes à s'engager en politique.
Le feedback qu'on obtient sur le terrain est que la campagne est timide, que ce soit de votre côté que de celui du candidat du MSM. Ne pensez-vous pas que les électeurs pensent que cette élection n'aura pas lieu ?
De mon côté, je peux vous dire que je vais assidûment sur le terrain. J'organise des réunions et je fais du porte-à-porte pour rencontrer les électeurs et distribuer mes tracts qui comprennent notamment notre programme. Certes, ce n'est pas tous les jours que je me rends dans la circonscription, surtout que je consacre beaucoup de temps aux autres activités du parti. Mais grâce à mes tournées dans cette circonscription, j'ai pu découvrir plusieurs villages et je suis touchée par l'accueil que je reçois. La majorité des personnes que je rencontre souhaite un changement de gouvernement...
...Mais autant que je sache, il n'y a aucun «meeting» qui a été organisé ?
Comme je vous ai dit, il y a eu plusieurs réunions, mais c'est vrai qu'il n'y a pas eu de meeting. Cependant, Linion Moris compte en organiser plusieurs durant les deux dernières semaines, avant le 9 octobre.
Avez-vous déjà rencontré Avineshwur Dayal, qui est votre principal adversaire ?
Non. Et les gens que j'ai rencontrés m'ont, eux aussi, dit qu'ils ne le voyaient pas sur le terrain. Peut-être que comme c'est une grande circonscription, nous ne nous sommes pas croisés!
Serez-vous toujours candidate dans la même circonscription pour les élections générales ?
Je pense que oui. Néanmoins, quand notre liste de candidats sera complète, il se pourrait qu'il y ait des changements en vue des autres partis qui vont nous rejoindre dans les jours à venir.
Parlons sur le plan national. Linion Moris est considérée comme une troisième force. Pensez-vous réellement qu'il puisse faire élire des candidats lors des prochaines élections générales ?
Oui, Linion Moris aura des députés car nous sommes rentrés de plain-pied dans cette bataille. Linion Moris ne doit pas être considéré comme troisième force, mais comme une force d'alternance. Il y a, depuis des décennies, deux blocs, mais nous nous positionnons comme une alternance que la majorité des Mauriciens souhaitent avoir pour le pays. Nous incarnons ce changement que les Mauriciens attendent. À mon avis, il y a environ 65 % des électeurs qui sont indécis. D'ailleurs, il y a un sondage qui indique cela. Ils ne pensent pas aller voter pour l'un de ces deux blocs et cherchent cette alternance que nous nous représentons. Les électeurs sont très intelligents et ils sauront faire leur choix.
À l'heure actuelle, Linion Moris est composé de six formations politiques, avec un bon dosage des politiciens qui ont de l'expérience et des jeunes comme Dev Sunnasy, Ivor Tan Yan, Akilesh Mungur, Sita Jeenea et Padma Utchanah, entre autres. Nous avons une quarantaine de candidats confirmés, des professionnels dans plusieurs domaines, des anciens parlementaires, comme Jean-Claude Barbier et Rama Valayden, et nous poursuivons les négociations avec d'autres partis politiques pour constituer une belle force. Linion Moris a une vision pour les prochains 25 ans. Savez-vous que nous avons été la seule formation qui compte avoir un ministre de l'Intérieur à plein temps. Surtout pour combattre le fléau de la drogue qui a pris une grande ampleur dans notre pays. Et aussi pour enrayer la violence qui gagne du terrain chaque jour. J'ai la responsabilité de la santé et selon moi, il faut avoir une grande considération pour la réhabilitation des drogués que j'estime être des victimes.
Il y a beaucoup de critiques contre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, surtout pour leur âge, mais Nando Bodha n'est-il pas lui aussi ce «jeune» appelé à assumer le poste de Premier ministre ?
Il est bon de préciser que Linion Moris a présenté deux Premiers ministres : Nando Bodha et Rama Valayden. Nando Bodha a un très beau parcours comme ministre et a été le secrétaire général d'un des plus grands partis du pays. De l'autre côté, nous avons Rama Valayden, un autre ancien ministre, qui n'a jamais baissé les bras pour dénoncer les injustices que subissent les Mauriciens, notamment les personnes les plus vulnérables. Et nous connaissons tous avec la verve qui l'anime pour servir le pays. Ce sont deux personnes sur lesquelles les Mauriciens peuvent compter. Et à côté d'eux, il y a une bonne équipe. Sylvio Michel, qui a été ministre également, a une longue expérience politique, sans oublier Jean-Claude Barbier. Il faut rappeler que nous avons aussi un avocat constitutionnaliste en la personne de Parvez Dookhy.