Le rejet de la candidature de Marc Ravalomanana expose le camp d'en face à un vote contestataire le 11 décembre prochain.
Bis repetita
La disqualification de Marc Ravalomanana dans la course à la mairie de Tana pourrait avoir une retombée... capitale. La sociologie électorale a montré que l'électorat tananarivien est contestataire par rapport au parti au pouvoir. Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina en savent quelque chose sur ce comportement électoral de la première ville du pays. Lors des élections municipales du 12 décembre 2007, le candidat du TIM est battu largement par le TGV. 15 ans après, presque jour pour jour, l'histoire pourrait repasser le même plat mais cette fois-ci contre la plateforme « Isika Rehetra Miaraka amin'i Andry Rajoelina ».
Consigne de vote
Le candidat présenté ou soutenu par l'IRMAR risque de faire les frais du rejet de la candidature du numéro Un du TIM, que la décision de l'OVEC soit fondée ou pas. S'il est définitivement « out », il appellera logiquement ses partisans à reporter leurs voix sur le candidat de l'opposition le mieux placé. Fort de cette consigne de vote plus ou moins prévisible, ce dernier a des chances de terminer... premier au soir du 11 décembre 2024.
Deal avec le pouvoir
S'il s'abstient de donner expressément et clairement une consigne de vote, cela apporterait de l'eau au moulin de ceux qui suspectent - à tort ou à raison - l'ancien président d'avoir passé un nouveau deal avec le pouvoir. Et ce, aux fins de se mettre hors course en déposant sciemment, avec tambour et trompette, un dossier de candidature incomplet - sans le fameux 211 bis - voué inéluctablement au rejet par l'OVEC sauf si l'objectif inavoué est de provoquer un « rotaka » pré-électoral, en se présentant en victime d'exclusion dans un scrutin censé inclusif.
Taux de participation
En tout cas, deal ou pas, préparation de troubles ou non, un sursaut d'honneur de la part d'une partie de l'électorat déçue par l'exclusion de Marc Ravalomanana n'est pas à exclure le jour du scrutin. La sociologie du vote à Tana enseigne que les électeurs du Firaisankina et surtout du TIM se rendent davantage aux urnes que ceux des bas-quartiers qui constituent des réservoirs de voix pour l'IRMAR. Encore faut-il les convaincre d'aller voter le jour J, quoique ce soit peu évident par les temps qui courent où la masse laborieuse a des occupations et préoccupations plus vitales que de faire la queue devant les bureaux de vote. Impactant ainsi le taux de participation ou d'abstention. C'est selon.
Candidat de substitution
De toute façon, l'issue de la course à la mairie de la capitale dépend aussi de la stature de ceux qui seront alignés dans les starting-blocks. C'est valable pour l'éventuel candidat de substitution de Marc Ravalomanana qui a sans doute tiré les leçons de la défaite de son poulain Rina Randriamasinoro aux élections municipales du 27 novembre 2019.
Quatre ans après, il a intérêt à aligner un poids lourd face au candidat du pouvoir, même si celui-ci ne bénéficiera pas forcément du rejet de la candidature du numéro Un du TIM qui risque d'avoir un effet boomerang et de manquer ainsi l'objectif visé par le régime, ou de connivence éventuelle avec l'ancien président qui a grandement intérêt à lever les suspicions des uns et les supputations des autres, sous peine pour le fondateur de Tiko d'aller boire du lait. « Misotro ronono » sur le plan politique.