Après le trafic de drogue, c'est le trafic de cigarettes qui rapporte. Aux gardiens. Car que ce soit des téléphones portables, des cigarettes ou de la drogue, ils sont presque toujours introduits avec la complicité de certains gardiens ou alors avec la participation active de ces derniers. Même de la drogue ou des cigarettes lancées par-dessus le mur des prisons sont un succès avec l'aide des gardiens qui regardent ailleurs. Ou du gardien qui n'est pas au poste au mirador.
L'interdiction de la cigarette à la prison a été l'occasion pour des prisonniers et détenus, de même que certains gardiens, de commencer un trafic. On nous dit qu'une cigarette - oui, une, pas une boîte - vaut Rs 2 000 dans l'univers carcéral.
Le gardien K. R., habitant dans le Sud, a été un des premiers à découvrir et à exploiter ce filon d'or. Son manège et lui ont été mis à nu lundi et il a été arrêté. Il était en possession de 200 cigarettes valant Rs 40 000, se vendant à Rs 400 000. Bénéfice net : Rs 360 000. De quoi faire saliver les jeunes étudiants en commerce.
Les cigarettes étaient dissimulées dans une ceinture médicale que portait le gardien, qui devait souffrir de problèmes lombaires. Enfin, c'est ce qu'il aurait fait croire. Ce n'est pas tout. Après son arrestation, on a appris que K. R. n'était pas à sa première «livraison» et que s'il avait pu réaliser ses précédents coups en introduisant d'autres «parcels», c'était avec la complicité d'un gardien chargé de la fouille.
L'Intelligence Unit de la prison est aussi pointée du doigt, celle-là même qui était accusée par Kusraj Lutchigadoo. Mais l'enquête de la Financial Crimes Commission traîne toujours. «Si on interdit demain la consommation de coca-cola, nous dit un gardien, on verra fleurir un nouveau trafic».