L'information est un pavé dans la mare. Le 16 septembre 2023, le Burkina, le Mali et le Niger ont annoncé la création de l'Alliance des Etats du Sahel (AES). Cette nouvelle dynamique stratégique au coeur de la région sahélienne jetait ainsi les bases d'une alliance qui promet de redéfinir la lutte contre le terrorisme. En plus des questions sociales, de développement, de défense et de sécurité, la diplomatie occupe une place centrale dans ce tournant décisif et ambitieux, visant l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité des Etats. Focus sur un triangle diplomatique porté par une seule voix.
Le 16 septembre 2023, le Mali, le Burkina et le Niger ont annoncé la signature de la Charte du Liptako-Gourma, créant ainsi l'Alliance des Etats du Sahel (AES). Cette alliance ne concerne que le Liptako-Gourma devenu l'épicentre des attaques terroristes et ironiquement appelé « zone des trois frontières ».
Avec cette tournure dans la lutte contre le terrorisme dans une « architecture de défense collective et d'assistance mutuelle », une nouvelle diplomatie s'est mise en branle pour porter la voix des peuples qui n'attendaient plus grand chose de leurs partenaires traditionnels.
A Bamako, les 25 novembre, 30 novembre et 1er décembre 2023, à Ouagadougou, le 15 février et à Niamey le 17 mai 2024, plusieurs réunions ministérielles ont peaufiné le processus d'opérationnalisation stratégique de l'Alliance, les aspects relatifs aux organes à mettre en place et la coordination des actions diplomatiques, politiques et de communication.
En adoptant le Traité instituant la Confédération AES, le 6 juillet 2024 à Niamey au Niger, les trois pays engagent simultanément une offensive diplomatique au niveau bilatéral et multilatéral, pour se faire mieux « comprendre » et surtout découdre le discours de ceux qui ont toujours voulu mettre ces pays sous coupe réglée.
A trois ou individuellement, les chefs d'Etat et/ou de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères et tout autre membre des gouvernements respectifs ne ratent aucune occasion dans les capitales de tous les continents pour expliquer à leurs compatriotes, aux ambassadeurs africains, aux organisations internationales et européennes, les bien-fondés de l'Alliance.
Des partenaires de longue date, mais pas que !
C'est dans ce sens qu'en août dernier, dans une lettre adressée au président du Conseil de Sécurité des Nations unies, les ministres des Affaires étrangères du Burkina, du Mali et du Niger ont dénoncé « avec la plus grande fermeté », « le soutien ouvert et assumé » du gouvernement ukrainien aux groupes terroristes qui menacent la paix dans la région du Sahel, suite à l'attaque de Tinzawatène au Mali.
La dernière action en date est le 9e Forum de coopération sino-africaine (FOCAC) à Beijing en Chine, où les Premiers ministres du Burkina, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambela et du Niger, Ali Lamine Zeine ont été reçus en audience, le 3 septembre 2024, par le Président de la Transition malienne, le colonel Assimi Goïta, également président en exercice de la Confédération AES.
Cette rencontre entre les chefs de gouvernement de l'AES et le président de leur Confédération à Beijing a marqué la volonté commune des trois Etats de parler d'une seule voix sur la scène internationale et de tirer parti de la coopération sino-africaine pour renforcer leur développement économique et sécuritaire.
C'est dire que pendant que des partenaires bilatéraux de longue date teintent leurs mines au regard des nouvelles orientations de l'AES, d'autres pays jusque-là considérés comme infréquentables leur ouvrent les portes dans le respect de leur volonté de marcher avec tout autre partenaire qui partage leur vision commune d'un monde de paix et de coopération.
Des pays comme la Russie, l'Iran, le Venezuela, la Bolivie, la Corée du Nord, le Nigaragua, mais aussi des Etats de longues traditions diplomatiques comme l'Algérie, l'Allemagne et le Rwanda, continuent d'enraciner davantage leurs liens de coopération avec les Etats du Sahel pour trouver des perspectives de développement portées par des coopérations bilatérale ou multilatérale pragmatiques.