A l'occasion du premier anniversaire de la création de l'Alliance des Etats du Sahel (l'AES), regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, le « journal de tous les Burkinabè », revient sur les 12 premiers mois de vie de cette organisation, mais aussi les temps forts de sa mise en place.
16 septembre 2023-16 septembre 2024. Cela fait un an jour pour jour que l'Alliance des Etats du Sahel (AES), regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a été portée sur les fonts baptismaux pour les chefs d'Etat des trois pays.
Ce qui était vu comme un regroupement conjoncturel d'Etats, en réponse à la problématique commune du moment liée à l'hydre terroriste qui menace ces pays dans leurs fondements, se veut aujourd'hui un espace structuré de développement socioéconomique, de coopération, d'intégration panafricaine. Mais avant d'arriver à ce jour historique pour les peuples et les gouvernants des trois Etats mais aussi pour la sous-région et toute l'Afrique, le projet aura fait du chemin.
En visite à Bamako, les 31 janvier et 1er février 2023, le Premier ministre du Burkina, Me Apollinaire Joachim Kyélem de Tambela, annonçait la nécessité pour le Mali et le Burkina de se constituer en Confédération. « Nos devanciers ont tenté des regroupements, comme la Fédération du Mali, qui malheureusement n'a pas duré. Mais, ils ont montré la voie...», avait-il laissé entendre avant de soutenir qu'il est encore possible de trouver la méthode et la voie, pour aller ensemble, sans risque de dissociation.
« Nous pouvons constituer une fédération souple, qui peut aller en se renforçant et en respectant les aspirations des uns et des autres. C'est un chantier que nous devons essayer de tracer pendant la période de Transition, parce que si les politiciens reviennent au pouvoir, ce serait difficile », a-t-il préconisé.
« Une architecture de défense collective »
S'en est suivi un lever de bouclier. Pertinent pour certains ou inopportun pour d'autres. Certains analystes ont soutenu qu'un tel projet entre « pays sans littoral », ne prospérera pas, au regard de ce qu'ils ont qualifié du « silence » ou de la « non réaction de Bamako » à la suite de l'offre du Premier ministre burkinabè.
L'arrivée du général Abdourahamane Tiani à la tête du Niger va permettre au Burkina et au Mali de bénéficier d'un allié de taille, avec la CEDEAO qui s'invite comme « catalyseur » de cette dynamique naissante. Les sanctions que cette organisation régionale a infligé au Niger et qualifiées de « dures, « d'inhumaines », et « d'illégales » par nombre d'analystes et spécialistes du droit communautaire, vont renforcer la vision des trois pays qui partagent le même espace physique et une communauté de destin de se mettre ensemble afin d'apporter des réponses structurelles et durables aux défis sécuritaires et de développement auxquels, ils font face.
Le samedi 16 septembre 2023, le général Tiani, le colonel Goïta et le capitaine Traoré portent sur les fonts baptismaux l'AES. Ce nouveau regroupement, composée de la République du Mali, de la République du Niger et du Burkina Faso et né de la signature de la Charte du Liptako Gourma par les trois Chefs d'Etat, vise à « établir une architecture de défense collective et d'assistance mutuelle ».
Dans l'ombre et sous le leadership des présidents, experts et ministres burkinabè maliens et nigériens vont oeuvrer sans relâche à faire prendre corps et à donner vie à cette « alliance stratégique », selon la volonté des pères fondateurs. Ainsi, les ministres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) se réunissent, le jeudi 15 février 2024, à Ouagadougou, avec pour objectifs, entre autres, de réviser la Charte de l'Alliance et d'élaborer un traité portant création de la confédération des Etats du Sahel, à l'effet de favoriser la mise en place d'une architecture institutionnelle entre les trois Etats.
Une intégration fondée sur des valeurs africaines
L'annonce du Burkina Faso, du Mali et de Niger de se retirer de la CEDEAO, le 28 janvier 2024, crée une onde de choc dans l'opinion régionale et internationale et vient lever un coin de voile sur la ferme volonté de ces pays du Sahel de renforcer plus que jamais l'AES. Les pros et les opposants de cette décision reprennent du service, entrés en scène, chaque camp y va de ses commentaires et arguments. Pendant ce temps, la caravane AES fait son bonhomme de chemin, dans l'espace Sahel.
Loin de ces agoras, et comme tout urge sur le plan de la lutte contre le terrorisme, le 6 mars 2024, les chefs d'Etat- major des armées des trois pays actent la création d'une force conjointe afin de répondre aux défis sécuritaires dans l'espace AES, de combattre les groupes armés terroristes, la criminalité transfrontalière avec à la clé, aujourd'hui, des opérations conjointes soldées par des victoires contre l'ennemi commun. Vient ensuite cette autre date historique dans la marche de l'AES vers la souveraineté.
En effet, le 6 juillet 2024, la capitale nigérienne accueille le premier sommet de l'Alliance des Etats du Sahel, avec la présence effective des Présidents Burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, malien, le colonel Assimi Goïta, et du Niger, le gal Abdourahamane Tiani. Comme acte fort de cette rencontre, les trois chefs d'Etat adoptent le Traité portant création de la Confédération « Alliance des Etats du Sahel (AES) ».
A l'occasion, le colonel Goïta est porté à la tête de l'AES pour un an. C'est d'ailleurs lui, qui aura l'honneur et le privilège, mais avec un « sentiment de responsabilité », de livrer un message aux populations de l'AES, à l'occasion du premier anniversaire de cette alliance stratégique entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Au-delà de la lutte contre le terrorisme, de la promotion du développement socioéconomique, de la diplomatie, l'ambition des autorités politiques des trois pays est de bâtir un modèle d'intégration panafricaine fondées sur des valeurs de « fraternité, de solidarité et de complémentarité » et qui inspire.