Dakar — L'économiste Chérif Salif Sy, réagissant aux perspectives économiques "difficiles" relevées par le Fonds monétaire international (FMI), concernant le Sénégal, fait plusieurs recommandations aux autorités du pays, dont la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées, la protection des couches vulnérables et la fin des exonérations fiscales ne pouvant pas stimuler l'investissement et la croissance.
Une mission du FMI ayant séjourné récemment au Sénégal a signalé des perspectives macroéconomiques "difficiles" pour le pays et prévoit maintenant une croissance du PIB réel de 6,0 % à la fin de l'année. En juin, cette institution financière envisageait une croissance du PIB réel de 7,1 % pour cette année.
Ses fonctionnaires ayant séjourné récemment au Sénégal ont relevé un ralentissement de l'activité économique du pays au premier semestre de l'année et, en raison de "perspectives difficiles" pour le reste de 2024, ont recommandé aux autorités locales de recourir à "des mesures fortes", dont la "suppression progressive des subventions énergétiques non-ciblées et coûteuses".
Réagissant au constat et aux recommandations du FMI, Chérif Salif Sy, dans une tribune publiée mardi par le quotidien Bés Bi Le Jour, conseille au gouvernement sénégalais, lui aussi, de veiller à une "suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées".
"Il faut élaborer un plan pour réduire progressivement les subventions énergétiques générales, tout en protégeant les ménages vulnérables", a écrit M. Sy.
Il s'agit essentiellement de subventions des prix de l'électricité, dont bénéficient certaines catégories sociales.
Une "gestion prudente de la dette publique"
"La protection des populations vulnérables" et le renforcement de la viabilité financière de la Société nationale d'électricité du Sénégal, avec de nouveaux tarifs comprenant un volet social, font partie des propositions de Chérif Salif Sy.
Il pense que le gouvernement ferait mieux aussi de "maintenir et [de] renforcer les programmes sociaux pour atténuer l'impact des réformes sur les ménages à faible revenu".
"Il faut réévaluer les exonérations fiscales existantes pour éliminer celles qui ne stimulent pas efficacement l'investissement et la croissance", a proposé l'économiste, suggérant ensuite de "renforcer l'administration fiscale pour améliorer la collecte des recettes".
Il recommande aux pouvoirs publics d"'introduire des mécanismes de tarification reflétant les coûts réels de l'énergie" et d'assurer une "gestion prudente de la dette publique".
"Éviter le recours à des emprunts à court terme coûteux, favorisant des sources de financement plus durables", et "mettre en place une stratégie de gestion de la dette visant à réduire le ratio dette/PIB en dessous du seuil de 70 % de l'UEMOA" font partie des propositions qu'il fait au gouvernement.
Un "apurement des impayés envers les entreprises privées"
Chérif Salif Sy suggère aussi aux autorités du pays de veiller à la "réduction du déficit budgétaire", d"'identifier et [de] mettre en oeuvre des mesures d'économie budgétaire pour réduire les dépenses non prioritaires".
"Le déficit budgétaire pourrait dépasser 7,5 % du PIB, bien au-delà des 3,9 % prévu initialement", si des mesures efficaces ne sont pas prises et mises en oeuvre, a prévenu M. Sy, proposant d"'améliorer l'efficacité des dépenses publiques en renforçant les mécanismes de suivi et d'évaluation".
Il préconise un "apurement des impayés envers les entreprises privées" et conseille au gouvernement d"'effectuer un inventaire complet des impayés", d"'établir un plan d'apurement avec un calendrier transparent", d"'éviter l'accumulation future d'impayés en améliorant la planification budgétaire".
Dans les recommandations faites au gouvernement par l'économiste figure l"'accélération des réformes structurelles".
De même faut-il, ajoute Chérif Salif Sy, "finaliser la révision de la formule de tarification des produits pétroliers pour refléter les fluctuations du marché, avancer rapidement sur le diagnostic des coûts de production de l'électricité et mettre en oeuvre les recommandations".