Ile Maurice: Toujours pas de recrutement d'ouvriers

18 Septembre 2024

Ce qui se passe à l'Imprimerie du gouvernement, une des rares entreprises de production de l'État, démontre comment ce même État est négligent. Un vrai cas d'école.

Après nos nombreux articles où nous parlions, d'une part des postes de pressiers et de relieurs qui attendent d'être remplis à l'Imprimerie du gouvernement et, d'autre part, de jeunes fraîchement formés par le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) qui attendent d'être embauchés, il n'y a eu aucun progrès dans la situation. Le manque de personnel qualifié se fait de plus en plus sentir à la suite de départs à la retraite de plusieurs ouvriers, qui ne sont pas remplacés.

Les conséquences : retards de livraison, prix augmentés en raison des heures supplémentaires et coûts additionnels liés, entre autres, au transport mis à la dis position du shift de nuit et durant les week-ends et utilisation non optimale des machines. Les prix à la hausse réclamés pour ces surcoûts et les retards de livraison donnent un bon prétexte à des ministères pour commander leurs produits au privé, avec tout ce qu'il y a de malsain. Et de perte de revenus, bien sûr, pour l'Imprimerie du gouvernement.

On attire notre attention sur le nouveau bâtiment construit en 2021, au coût de Rs 500 millions, à La Tour Koenig. «À quoi servira cet immense et joli bâtiment s'il n'y a pas de travailleurs et que l'imprimerie ne fonctionne qu'à 50% de ses capacités ?» se demande une source à l'imprimerie. «Le gouvernement est prompt à accorder des contrats de construction mais s'en moque si l'entreprise tourne ou pas.» Et de nous parler du potentiel de corruption lorsque les ministères et corps-paraétatiques ont recours au privé. «L'Imprimerie du gouvernement, elle, ne donne pas de pots-de-vin», souligne notre interlocuteur en riant.

Comment une telle désorganisation peut-elle exister alors que l'on ne cesse d'entendre des ministres prêcher l'efficience dans le secteur public et même donner des leçons de bonne gouvernance aux entreprises du privé ? Et que dire de ces jeunes qui attendent du travail depuis février ? «Les ministres parlent sans arrêt de 'mismatch' entre l'offre et la demande d'emploi, nous dit notre interlocuteur pour expliquer d'un côté le chômage des jeunes et de l'autre le manque de main-d'oeuvre dans nos entreprises et organisent de grandes conférences pour en discuter. Alors qu'au sein même d'une des rares entreprises de production appartenant à l'Etat, la gestion est lamentable.»

Recrutements à gogo... ailleurs

Nous avons fait une petite enquête, suite à quoi nous avons pu apprendre que ça coince de puis février du côté de la Public Service Commission (PSC). Pourquoi ? Explication d'un responsable : «Nous sommes débordés depuis le début de l'année. Recrutement de policiers, de personnel de santé et d'autres fonctionnaires. C'est la galère ! Et on nous a dit d'accorder priorité à ces recrutements.» On nous promet cependant que le nécessaire sera fait incessamment, d'autant que les élections sont «derrière la porte».

Pourquoi l'Imprimerie du gouvernement n'obtient-elle pas une dérogation pour recruter directement, comme c'était le cas pour l'embauche de personnel non qualifié comme des attendants dans les hôpitaux ? Réponse de notre interlocuteur de l'Imprimerie du gouvernement : «Ce sont seulement ces jeunes récemment formés par le MITD qui peuvent être recrutés. Pas des agents de tel ou tel ministre. Donc, ils ne sont pas intéressés à nous accorder cette dérogation.» De nous rappeler que si la PSC est submergée en ce moment, c'est parce que nous sommes dans une année électorale.

Le plus inquiétant : que fera-t-on si la date des élections est annoncée bientôt et que, par la suite, il faudra commencer à imprimer des bulletins de vote ? «Même si la PSC se décide enfin à recruter ces jeunes, dont certains, las d'attendre, ont déjà pris de l'emploi ailleurs, je me demande si l'on aura le temps de les familiariser avec le travail pour l'impression des bulletins. Sinon, j'espère que les autorités ne sauteront pas sur l'excuse de l'urgence pour accorder des contrats au privé.»

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