Deux sons de cloche. Le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) maintient qu'il présentera un candidat aux prochaines élections générales dans la circonscription no 21, Rodrigues. Cependant, un des partenaires du PMSD-Rodrigues au gouvernement régional affirme que les Bleus n'auront aucun candidat dans l'île. L'Organisation du peuple de Rodrigues (OPR), partenaire du gouvernement de Pravind Jugnauth, ne veut pas non plus des coqs dans l'île.
Le gouvernement régional est composé du Front patriotique rodriguais (FPR), de PMSD-Rodrigues, de l'Union du peuple de Rodrigues (UPR), du Mouvement militant Rodrigues et du Mouvement indépendantiste rodriguais. L'UPR et le FPR sont majoritaires au sein de cette alliance depuis les élections régionales de 2022. Cependant, le FPR de Johnson Roussety ainsi que le FPR dirigé par Françeau Grandcourt veulent chacun aligner un candidat pour les législatives.
Le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, avait lui-même annoncé lors du congrès dédié aux femmes, le 1er juin, que son parti alignerait un candidat dans la 21e circonscription. Un dirigeant du parti a d'ailleurs confirmé à l'express hier que les Bleus auront bien un candidat sur l'île, mais il n'a pas encore été décidé si celui-ci s'alignera sous la bannière de l'alliance ayant formé le gouvernement régional de Rodrigues ou s'il concourra seul.
Toutefois, les dirigeants de cette alliance insistent sur le fait que les Bleus n'auront pas de candidat sous cette bannière. L'un d'entre eux nous a déclaré avoir obtenu cette garantie, sans préciser de qui.
Un autre cadre de cette alliance affirme que leur partenaire, le PMSD-Rodrigues, n'a pas de candidat valable pour des élections régionales. «Rien n'a encore été décidé. Le PMSD-Rodrigues n'a plus la même force qu'en 2019», précise-t-il. Le plan du parti de Xavier-Luc Duval risque de créer des tensions au sein de l'alliance gouvernementale de Rodrigues. Il n'y a que deux investitures possibles pour trois parte naires désirant un candidat dans la circonscription no 21.
La stratégie du PMSD est d'obtenir un député supplémentaire pour soutenir ceux qui seraient élus à Maurice. Les dirigeants du parti pensent qu'il y a une chance que leur candidat à Rodrigues puisse être repêché sous le système du best loser, à condition de faire un meilleur score qu'en 2019. Lors des dernières élections générales, leurs deux candidats avaient terminé à la troisième et quatrième place avec respectivement 30,5 % et 28 % des voix.
L'OPR, adversaire du PMSD depuis 1976, suit de près la situation. Ce parti refuse catégoriquement la présence des Bleus sur l'île. Un de ses dirigeants estime que cela représente un manque de respect pour l'autonomie. «Le PMSD ne doit pas s'immiscer dans la politique rodriguaise. Nous ferons tout pour éliminer ce parti à Rodrigues. Ce qu'ils veulent faire est très dangereux. Nous mènerons une campagne pour expliquer à quel point le PMSD est nuisible pour Rodrigues», déclare notre interlocuteur.
Dans l'éventualité où le PMSD-Rodrigues présente un candidat dans la 21e circonscription, cela provoquerait une confrontation entre un partenaire du gouvernement central et un autre partenaire - PMSD - du Mouvement socialiste militant (MSM). Les deux députés de l'OPR, Buisson Léopold et Francisco François, soutiennent actuellement le gouvernement au Parlement. Le leader de l'OPR, Francisco François, est l'un des secrétaires parlementaires privés.
Est-ce que l'OPR mènera une campagne à Rodrigues contre le PMSD, potentiel partenaire d'un gouvernement de Pravind Jugnauth ? «Il faut bien comprendre les choses. Nous ne dictons pas les choix politiques du MSM. Nous ne nous immisçons pas dans la politique de Maurice. Nous ne sommes pas en alliance avec le MSM, mais nous sommes en alliance avec le gouvernement dirigé par Pravind Jugnauth. Peu importe le gouvernement qui prendra les commandes, nous travaillerons à ses côtés pour le bien-être de Rodrigues», insiste ce cadre de l'OPR.
Ses députés, dit-il, sont prêts à collaborer avec d'éventuels ministres d'un gouverne ment incluant le PMSD, comme cela a été le cas en 2014, mais ils ne veulent pas du parti à l'emblème du coq à Rodrigues.