Mali: L'attaque jihadiste de Bamako interroge sur la sécurisation de la capitale

Une école de gendarmerie et une base militaire située à l'aéroport de Bamako ont été attaquées, mardi 17 septembre, par le Jnim, lié à al-Qaïda. Les autorités maliennes de transition reconnaissent « quelques pertes en vies humaines ».

Des sources sécuritaires et civiles maliennes évoquent quant à elles plusieurs dizaines de morts. Au-delà du bilan toutefois, la capacité des jihadistes du Jnim à mener ces attaques contre des cibles militaires au coeur de Bamako interroge sur la sécurisation de la capitale malienne.

Les assaillants ont fini par être « neutralisés », même si on ignore toujours à quel prix humain. Mais le simple fait que le Jnim ait pu pénétrer dans des sites militaires, en plein Bamako, et mener des attaques d'une envergure inédite depuis presque dix ans - celles de La Terrasse et du Radisson avaient fait 25 morts en 2015 -, met en lumière d'incontestables failles.

« Cela dénote d'une très grande difficulté, de la part des militaires nationaux et de leurs partenaires étrangers, à faire face à cette menace, qui est de plus en plus difficile à circonscrire, analyse Niagalé Bagayoko, la présidente du Réseau africain pour le secteur de la sécurité. Même si on ne sait pas exactement combien de combattants le Jnim avait mobilisé, il annonce en avoir perdu dix, on peut donc effectivement considérer d'un côté que c'est un succès. Mais d'un autre côté, on s'aperçoit aussi que les jihadistes ont désormais les capacités de frapper au coeur de Bamako. »

À l'école de la gendarmerie étaient détenus des militaires censés comparaître le jour même dans un procès. La base militaire 101, à l'aéroport de Bamako - où se trouve également un camp de l'armée de l'air -, est censée être l'un des endroits les plus sécurisés de la ville et du pays. Outre les militaires maliens, des supplétifs de Wagner y sont présents.

« Je ne doute pas que des enquêtes seront lancées, y compris au sein de l'armée malienne, explique encore Niagalé Bagayoko, et la question d'éventuelles complicités pourra être posée. Tout comme celle de la stratégie actuelle de déploiement des moyens militaires du Mali, qui sont très concentrés vers le nord du pays. Peut-être que les moyens de l'armée nationale ne permettent pas de sécuriser l'ensemble des sites. »

Mardi, lors de la double attaque qui a frappé la capitale, le président malien de transition, le colonel Assimi Goïta, recevait une délégation de l'Alliance des États du Sahel (AES), initialement créée pour combattre de manière collective les groupes terroristes. Dans le communiqué final de la rencontre, aucune mention n'est faite de ces attaques. Depuis, ni la présidence malienne, ni les États du Niger et du Burkina, n'ont fait de commentaire.

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