L’Afrique fait face à de nombreux fléaux parmi lesquels les difficultés de s’approvisionner en eau, et l’accès à l’électricité. D’Antananarivo à Libreville, les délestages deviennent une situation courante, poussant les autorités compétentes à prendre des décisions drastiques. Des sociétés telles que la Jirama, société d’État en charge de la distribution d’eau et d’électricité de Madagascar et la Société d’Eau et d’Energie du Gabon (SEEG) font face à des difficultés énormes pour satisfaire les populations.
A Madagascar, la Jirama, bat son plein avec les coupures d’eau et d’électricité, laissant les populations dans une situation inexplicable.
Pour FranceInfo, les clients de la Jirama n’ont parfois pas les moyens de régler leurs factures et, aussi, n’ont aucune envie de les payer.
Depuis des mois, la presse malgache consacre des articles sur les délestages, les pénuries d’eau, les pannes et les incidents dont sont victimes les réseaux électriques ou les canalisations transportant l’eau potable.
Selon la même source, la publication d’un communiqué de l’entreprise nationale en date du 2 août 2024 annonçant son intention d’infliger des pénalités de retard, aux abonnés qui ne payent pas les factures en temps et en heure, a provoqué une vague d’indignation.
Ledit communiqué précise que : « La date limite du paiement de la facture sera communiquée. En cas de dépassement de ce délai, le client sera pénalisé. Des pénalités qui vont d’un intérêt de 5% dans la facture du mois suivant, jusqu’à la coupure, voire le dépôt du compteur. »
Suite à cela, nos confrères du journal L’Express de Madagascar ont rencontré les clients mécontents. Athanase Razafindrabe un client de la Jirama, résume l’avis général des abonnés en colère : « Il n’y a pas de cohérence, la Jirama va nous sanctionner alors que le service qu’elle offre est totalement insatisfaisant et déplorable. La seule option pour cette société est de fournir des services de bonne qualité. Ainsi, elle pourrait procéder à des pénalités pour le retard de paiement des factures ». Un autre abonné, propriétaire d’une petite entreprise, affirme que « cette compagnie doit tout d’abord approvisionner tous les quartiers en eau et en électricité. »
Le président Andry RAJOELINA s’en remet à la Chine pour stopper les délestages répétitifs
Dans un communiqué de presse parut le 07 septembre 2024 sur le site de la présidence de la République de Madagascar, la délégation malagasy dirigée par le Chef de l’Etat a effectué une visite au siège de deux entreprises majeures en Chine. A l’instar du Groupe Tebian Electric Apparatus (TBEA), leader mondial dans la construction d’infrastructures de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables.
Il faut noter que le Groupe TBEA ( Tebian Electric Apparatus) est reconnu pour ses réalisations en matière de centrales hydroélectriques, solaires, et éoliennes à travers le monde, notamment en Amérique, au Brésil, en Inde, ainsi que dans plusieurs pays d’Afrique où des projets d’envergure ont été réalisés récemment en Gambie, en Guinée, et au Togo.
La même source de préciser qu’en guise d’exemple significatif présenté lors de cette visite, il a été question du projet de rénovation du réseau de distribution d'électricité en Angola, d'une valeur de 1,6 milliard de dollars. Ce projet reflète l'expertise de TBEA dans les infrastructures énergétiques à grande échelle.
L’accord entre Madagascar et TBEA (Tebian Electric Apparatus)
Le même communiqué indique que durant cette réunion, les réformes et le développement du secteur énergétique à Madagascar ont été discutés, notamment la mise en œuvre du projet « Medium Ring Tana », un projet d'envergure visant la modernisation du Réseau Interconnecté d'Antananarivo (RIA).
Cet accord, d'une valeur de 177 millions de dollars, permettra à TBEA de réaliser des travaux d'installation d'un câble de 185 kilovolts et la construction de huit sous stations supplémentaires, visant à améliorer l'approvisionnement en électricité au sein du Réseau Interconnecté d'Antananarivo.
Le Président RAJOELINA « a demandé au directeur de la Société TBEA le général, Zhang Xin d’accélérer le processus de démarrage de ce projet afin que l'on puisse résoudre rapidement les problèmes d'approvisionnement en électricité à Madagascar » souligne le document.
La crise énergétique, le CTRI appelle la SEEG à un professionnalisme
Pour le cas du Gabon, le Président de la Transition, S.E Brice Clotaire Oligui NGUEMA, après investigation a eu un échange le 12 septembre dernier avec le syndicat de la SEEG. Il a été question de présenter la situation de « Dame SEEG » face à la crise énergétique qui secoue le pays.
Lors de cet échange, le vice-président de la transition, M. Joseph Owondault Berre ancien cadre de ladite société n’a pas manqué de traduire sa désolation tout en revenant sur la notion du "service public essentiel, exigence pour une productivité assumée et efficace".
Il s’est exprimé en disant que « c’est le moment effectivement de la restauration des institutions, mais aussi celui du service public de l’eau et de l’électricité. Je parle avec gravité parce que l’heure est grave, je voulais revenir sur l’égalité de traitement qui aurait dû être normalement une légalité de droit, je m’explique : Chaque citoyen à droit à ce service, aujourd’hui, il est réservé à ceux qui ont les moyens d’avoir chez eux un forage ou un groupe électrogène, ce n’est pas acceptable ».
Les sanctions pour un retour à la normale
Il faut reconnaître que la SEEG est la seule entité qui a toujours traité et fourni le pays en eau et en électricité, de son slogan ‘‘se réinventer pour mieux vous servir’’. Tout semble croire que l’entité « vétéran » se perd dans ses voies.
Pour le président de la transition, Brice Clotaire Oligui NGUEMA, le temps est aux actes de « reconstruction ». En effet, il n’a pas adouci ses mots en présentant tous les dysfonctionnements dans son discours. Il a ainsi dénoncé les comportements inappropriés dans le secteur, tels que la « surfacturation, la mauvaise qualité du service client et les agents véreux ». Par conséquent, il exige des réformes immédiates pour résoudre cette situation qui dure depuis des années.
La rédaction de Gabon Review précise que le président n’a pas hésité à critiquer sévèrement la SEEG pour son incapacité à connecter les 10 groupes électrogènes livrés il y a deux mois, malgré une situation de délestages récurrents, tout en soulignant que des solutions sont en vue avec la prochaine livraison de 7 autres groupes électrogènes et d’une centrale flottante pour améliorer la situation.
Fin au système « véreux » de la SEEG
Pour Oligui NGUEMA, c’est la fin d’un système d’enrichissement « véreux » avec la nomination d’un nouvel administrateur provisoire à l’instar de M. Jean Liévin Idoundou Manfoumbi avec environ 30 ans de carrière au sein de l’entité.
En guise de recommandation, M. Idoundou a reçu l’obligation de mettre en arrêt de carrière tout agent se positionnant comme étant un sous-traitant car, selon la loi du pays, il n’est pas possible d’être concurrent à l’entité avec laquelle un contrat a déjà été signé.
Il a notamment dénoncé un « système mafieux » impliquant certains agents de l’entreprise dans des pratiques frauduleuses. « Cette histoire de compteurs frauduleux ne date pas d’aujourd’hui. C’est une manière de racketter les populations », a-t-il déclaré, citant des exemples concrets de surfacturation et de manipulation des compteurs.
Dans le même sillage, le président a revu les salaires en baisse avec des avantages moins onéreux qu’autrefois. Il attend principalement de cet administrateur provisoire un audit, la stabilisation de la fourniture d’électricité sur toute l’étendue du territoire, une trésorerie comptable positive, la baisse du prix de l’énergie, mais surtout la dissolution des contrats de tout agent « véreux » et tout cela dans un délai de 6mois.
Au regard de ces résolutions et de ces investissements, les autorités restent convaincues que ces initiatives contribueront à bâtir un avenir plus prometteur pour le pays.
La mise en œuvre et le suivi de ces décisions indiqueront si ces approches seront efficaces pour sortir les malgaches et les Librevillois du cycle infernal des coupures d’électricité et des pénuries d’eau potable qui mine le développement économique depuis trop longtemps.