Le 30 juillet dernier, un acte de vindicte populaire s'est déroulé à Manambondro, dans la région de Vangaindrano, coûtant la vie à un père de famille de 70 ans et à son fils de 39 ans. Le 10 septembre, 17 personnes ont été arrêtées pour leur implication dans ce double assassinat, dont 12 ont été placées en détention provisoire après avoir été auditionnées à Fianarantsoa, et cinq autres ont bénéficié d'une liberté provisoire.
Selon les informations obtenues auprès du procureur du Tribunal de Première Instance (TPI) de Vangaindrano, cette tragédie a pris forme après un appel au rassemblement de la population, le matin du 30 juillet. En effet, un signal d'alerte local appelé « kokan'Antsiva » a été lancé, incitant les habitants à se réunir. Dans un climat de tension extrême, les fokonolona ont pris la décision d'arrêter un homme de 39 ans, nommé Mena, avant de le lyncher. Malgré les efforts de deux gendarmes présents sur les lieux pour contenir la foule, ils n'ont pas réussi à empêcher le massacre. Mena a été brutalement battu à mort. Poussée par un esprit de vengeance, la foule ne s'est pas arrêtée là et a ensuite capturé le père de la victime, Iaban'i Mena, âgé de 70 ans. Ce dernier a également subi le même sort que son fils : une mort violente sous les coups de la population en furie. En plus de ces deux crimes, trois habitations, dont celle des victimes, ont été incendiées.
Cette vendetta populaire trouve ses racines dans un litige foncier qui opposait depuis des années la famille de Iaban'i Mena et la communauté locale. Malgré une décision de justice stipulant que personne ne devait interférer avec le terrain en question, les tensions sont restées vives entre les deux parties. Finalement, ce différend a dégénéré en un acte de violence extrême, malgré la présence de lois destinées à prévenir de telles tragédies.
À la suite de cette tragédie, une plainte a été déposée, et l'affaire a été confiée aux forces de gendarmerie de la région. Sous la supervision du TPI de Vangaindrano, l'enquête a été transférée au Tribunal de Première Instance de Fianarantsoa, où les accusés attendent désormais leur procès.
Ce drame n'est malheureusement pas un cas isolé. Le phénomène de la vindicte populaire persiste à Madagascar, où des communautés décident parfois de rendre justice par leurs propres moyens, souvent en dehors du cadre légal. Il convient de rappeler que le Code pénal malgache, dans ses articles 302 et 303, réprime sévèrement de tels actes de justice privée, en prévoyant des peines de travaux forcés à perpétuité pour les responsables.
Cependant, malgré ces sanctions sévères, la pratique de la vindicte populaire reste fréquente dans certaines zones rurales, souvent en raison d'un manque de confiance dans les institutions judiciaires ou de l'inefficacité des autorités locales à répondre rapidement aux conflits.