Au Sénégal, les esprits sont tournés vers les législatives du 17 novembre prochain, après la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Bassirou Diomaye Faye, le 12 septembre dernier.
Et cela, suite au blocage de ses projets de réformes au niveau de la Représentation nationale dominée par l'ancienne coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (BBY) de l'ex-président Macky Sall. Le 17 novembre, un délai très court qui ne laisse pas beaucoup de temps à la préparation, dans un contexte d'inversion des rôles où l'opposition actuelle sort affaiblie d'une présidentielle qu'elle a perdue contre ses adversaires d'hier qui se retrouvent aujourd'hui au pouvoir.
De quoi déboussoler plus d'un parmi les partisans de l'ancien président Macky Sall, après la dissolution annoncée par le natif de Fatick, de la coalition BBY qui l'a soutenu durant tout son règne. Toujours est-il que la création d'un nouveau parti par l'ex-Premier ministre Mamadou Bâ, par ailleurs candidat malheureux à la dernière présidentielle pour le compte de l'ex-parti au pouvoir, ne sonne pas comme un gage de sérénité et de cohésion au sein d'une opposition qui se cherche un nouveau leader.
Avec ce scrutin à venir, on s'achemine vers une reconfiguration de la scène politique au Sénégal
C'est dans un tel contexte qu'une coalition de partis d'opposition réunis au sein d'une Alliance pour la transparence des élections (Atel), est née pour exiger des autorités, des concertations visant à garantir le consensus et la transparence du scrutin. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les législatives anticipées du 17 novembre à venir, constituent un scrutin à grands enjeux au Sénégal.
Car, il s'agit, pour le président Bassirou Diomaye Faye, de se constituer une majorité à la Représentation nationale pour se donner les coudées franches dans son action à la tête de l'Etat. C'est dire si avec ce scrutin à venir, on s'achemine vers une reconfiguration de la scène politique au Sénégal. Et ces appels au dialogue sont significatifs de l'intérêt que porte l'opposition à ces élections qui risquent de redessiner la carte des forces politiques au pays de la Teranga.
C'est donc une veillée d'armes pour un scrutin à grands enjeux qui se profile au pays de Macky Sall dont les partisans semblent déjà aux abois, à en juger par leur façon de ruer dans les brancards pour exiger la transparence du scrutin. Une situation qui n'est pas nouvelle au Sénégal où la confiance ne semble pas la chose la mieux partagée entre les acteurs politiques.
Toujours est-il que l'opposition est dans son rôle et on ne peut pas lui reprocher de chercher à assurer ses arrières en vue de se donner les meilleures chances de ne pas faire de la figuration dans cette consultation populaire d'importance. La question qui se pose est la suivante : quelle réponse le pouvoir réservera-t-il à cette requête ? L'autre interrogation est de savoir si le calendrier électoral laisse encore du temps à la tenue de telles concertations.
Des questions d'autant plus fondées que l'ouverture d'un tel dialogue à l'effet de rechercher le consensus, pourrait contribuer à calmer le climat politique pour la tenue d'élections apaisées.
A deux mois du scrutin, il est impératif de définir les règles du jeu
Mais ces discussions entre pouvoir et opposition pourraient tout autant exacerber les tensions si les participants ne parviennent pas à accorder leurs violons. C'est dire si tout dépend de la sincérité que les uns et les autres mettront dans ces concertations qui sont, en elles-mêmes, une bonne chose. Seulement, dans ce genre de situation, il faut craindre que chaque partie cherche à tirer la couverture sur soi à l'effet de se positionner pour pouvoir tirer ses marrons du feu.
En tout cas, pour l'ancienne coalition au pouvoir aujourd'hui dans l'opposition, l'enjeu est d'autant plus de taille qu'il s'agit de privilèges perdus dont certains pourraient être tentés de chercher à rouvrir les portes.
Et puis, entre la présidentielle du 24 mars dernier et les législatives du 17 novembre à venir, qu'est-ce qui a fondamentalement changé dans le processus électoral pour justifier cette frilosité de l'opposition qui semble déjà crier au loup ? Est-ce une façon de mettre la pression sur le pouvoir de Diomaye Faye ? Est-ce une façon avant l'heure de crier haro sur le baudet à l'effet de justifier une éventuelle débâcle ? Bien malin qui saurait réponde à ces questions.
Quant au président Bassirou Diomaye Faye qui a dissout le parlement et appelé à ces législatives anticipées, c'est peu dire qu'au-delà de son honneur et de toutes considérations, c'est son programme quinquennal qui est ici en jeu. L'enjeu étant d'aller chercher dans les urnes, la légitimité institutionnelle pour dérouler son programme de rupture.
Pour le reste, on peut être d'accord avec l'opposition qu'à deux mois du scrutin, il est impératif de définir les règles du jeu et clarifier les modalités spécifiques d'organisation des élections d'autant plus que cela va nécessiter des réaménagements, comme la suspension du système des parrainages.