Guinée: Les Guinéens justifient la pratique du châtiment corporel sur les enfants malgré son interdiction

19 Septembre 2024

Moins de la moitié des citoyens affirment qu'il existe des sources d'aide ou de soutien aux enfants vulnérables.

Key findings

  • Sept Guinéens sur 10 (71%) pensent qu'il est « parfois justifié » ou « toujours justifié » que les parents utilisent la force physique pour discipliner leurs enfants. o La majorité (59%) des répondants disent que l'usage de la force physique sur les enfants n'est « pas très fréquent » ou « pas du tout fréquent » dans leur communauté.
  • Pour 71% des répondants, il n'est « pas très fréquent » ou « pas du tout fréquent » que les enfants de leur communauté soient victimes de violence, maltraités ou négligés. Mais plus de la moitié (52%) des Guinéens déclarent qu'il est « assez fréquent » ou « très fréquent » que les enfants en âge d'être à l'école n'y soient pas.
  • Moins de la moitié des répondants affirment qu'il existe des sources d'aide ou de soutien aux enfants abusés, maltraités ou négligés (49%) ; aux enfants ayant un handicap physique (44%) ; ainsi qu'aux enfants ou adultes ayant des troubles mentaux ou émotionnels (41%).
  • Deux tiers (67%) des Guinéens désapprouvent les performances de leur gouvernement dans la protection et la promotion du bien-être des enfants.

La Guinée fait du bien-être des enfants l'une de ses priorités dans ses grandes orientations de développement. Elle a pris des dispositions juridiques pour protéger les droits des enfants, notamment le Code de l'Enfant, qui interdit formellement le châtiment corporel et les autres types de violences et négligences envers les enfants (End Corporal Punishment, 2021). En plus, d'autres initiatives sont menées pour renforcer la protection des enfants et promouvoir leur bien-être telles que le programme « Education Pour Tous » et la création de l'Office de Protection du Genre, de l'Enfant et des Moeurs et du Parlement des Enfants (Bail, 2020).

Mais les pratiques nuisibles envers les enfants sont toujours persistantes en Guinée. En 2022, une fille sur deux sont mariées avant l'âge de 18 ans, 39% des filles de zéro à 14 ans ont subi une mutilation génitale, et 34% des enfants ne sont pas scolarisés (UNICEF, 2023). Aussi, la prévalence de la traite et du travail des enfants en 2020-2021 était encore à des niveaux élevés en Guinée, particulièrement dans les régions de Boké et de Mamou (Center on Human Trafficking Research & Outreach, 2023).

Cette dépêche rend compte d'un module d'enquête spécial inclus dans le questionnaire d'Afrobarometer Round 9 (2021/2023) pour explorer les expériences et les perceptions des Guinéens sur la promotion et la protection des droits des enfants.

La majorité des Guinéens disent que l'usage de la force physique pour discipliner les enfants est justifié mais estiment que sa pratique n'est pas répandue dans leur communauté. Des majorités de répondants disent que les cas d'enfants non-scolarisés sont fréquents dans leur communauté, mais qu'il est rare que les enfants soient victimes de violence, maltraités ou négligés.

Seulement des minorités affirment que des sources d'aide et de soutien sont disponibles pour les enfants vulnérables de leur communauté. Et deux tiers des Guinéens se disent insatisfaits des efforts du gouvernement dans la protection et la promotion du bien-être des enfants.

Mohamed Sylla Mohamed Sylla est le responsable de la communication à Stat View International, partenaire national d'Afrobarometer en Guinée.

Hassana Diallo Hassana is the communications coordinator for Francophone countries

Komi Amewunou Komi Amewunou is an editor at Afrobarometer.

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