Dakar — Une réunion bilatérale entre le Sénégal et le Royaume-Uni s'est tenue jeudi à Diamniadio (ouest), sous la présidence du ministre sénégalais de l'Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, en présence de 54 entrepreneurs britanniques auxquels il a présenté les opportunités du pays en matière de commerce et d'investissement.
La délégation du Royaume-Uni effectue une visite de trois jours à Dakar, depuis mercredi. Elle est conduite par Lord Collins, le ministre chargé de l'Afrique.
Selon des informations reçues du ministère que dirige M. Diop, des membres du secteur privé sénégalais ont pris part à cette rencontre économique.
"Votre pays est l'un des plus grands investisseurs en Afrique [...] Le Sénégal occupe une bonne place dans les investissements britanniques, les deux pays ayant même signé un mémorandum d'entente sur l'investissement et le commerce, le 7 mai 2012. Votre pays a d'ailleurs été un partenaire majeur", a souligné le ministre de l'Industrie et du Commerce.
La rencontre bilatérale de ce jeudi est d'autant plus importante que "le Royaume-Uni investit déjà au Sénégal, dans [...] des secteurs clés tels que l'énergie, les infrastructures, l'agriculture, les télécommunications..." a-t-il dit.
"Transformer nos matières premières en produits à haute valeur ajoutée"
"Votre pays est un acteur majeur des deux plus grands investissements jamais faits au Sénégal", a poursuivi Serigne Guèye Diop, ajoutant qu'il s'agit du projet gazier GTA et de la construction du port de Ndayane (ouest).
"Nos exportations sur le marché du Royaume-Uni ont plus que doublé au cours des dix dernières années en passant de 42 millions de dollars américains en 2014 à plus de 96 millions de dollars en 2023", a signalé M. Diop, tout en relevant que ces échanges sont "déséquilibrés" aux dépens du Sénégal et "restent encore très faibles et largement en deçà des potentialités".
Selon lui, les produits agroalimentaires constituent un important pourcentage des exportations sénégalaises vers le Royaume-Uni.
Serigne Guèye Diop est d'avis que le commerce sénégalo-britannique a une nouvelle opportunité : l'élargissement du marché de la CEDEAO, avec la zone de libre-échange continentale africaine, un marché de 1,3 milliard de consommateurs. C'est "une grande chance pour le renforcement des investissements", a-t-il souligné.
Le ministre sénégalais estime que "c'est la première fois qu'un groupe d'entrepreneurs de ce niveau vient discuter d'investissement au Sénégal". "C'est une première, dont l'objectif est de voir, avec le patronat sénégalais, comment envisager l'avenir de l'investissement dans l'agrobusiness, la transformation de nos produits, les ressources naturelles, dont le pétrole et le gaz, comment transformer toutes nos matières premières en produits industriels à haute valeur ajoutée."
"Il y a de nouvelles opportunités" au Sénégal
"Le retard de notre pays réside dans la faiblesse de son industrialisation. C'est pour cela que nous les (les investisseurs britanniques) invitons à venir investir avec nous et à croire aux opportunités du Sénégal en termes de développement du réseau industriel", a-t-il lancé.
Serigne Guèye Diop a invité les entrepreneurs du Royaume-Uni à venir participer aux états généraux de l'industrie et du commerce qu'organise le gouvernement sénégalais à partir d'octobre prochain. "Nous préparons les états généraux de l'industrie et du commerce. Ce sera l'occasion de voir comment nous allons construire 45 zones industrielles au Sénégal. Nous leur avons présenté deux types de politique industrielle, ce matin. La première, c'est la politique industrielle verticale, avec l'intégration de chaînes de valeur, la mangue de Casamance par exemple, la production animalière de la zone de Linguère, les phosphate de Matam et de Mboro..." a-t-il dit.
M. Diop pense que "ces états généraux seront une occasion unique de faire se rencontrer le patronat sénégalais, le patronat britannique et mondial, pour tracer notre politique industrielle pour les vingt-cinq prochaines années, avec un premier plan 2025-2030, dans lequel nous allons investir massivement..."
"Nous leur avons aussi parlé de politique industrielle horizontale, qui concerne les produits n'ayant pas besoin de matières premières locales, ceux de l'automobile, les produits pharmaceutiques, l'intelligence artificielle..." a poursuivi le ministre de l'Industrie et du Commerce.
La réunion bilatérale a permis de faire savoir aux investisseurs britanniques qu"'il y a de nouvelles opportunités" au Sénégal. "C'est d'abord un gouvernement [majoritairement] jeune et orienté vers la bonne gouvernance et le développement industriel du pays. On n'a jamais autant parlé d'agriculture, d'industrie ou de commerce que maintenant."
L'industrie sénégalaise s'annonce prometteuse en raison de l'entrée récente du Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole et de gaz, selon M. Diop. "Le Sénégal peut maintenant lever les contraintes liées au coût de l'énergie. Auparavant, nous n'avions pas de gaz ni de pétrole pour faire cela. Nous n'avions pas de soufre, un dérivé du gaz naturel, pour produire des engrais. Aujourd'hui, nous pouvons le faire", s'est-il réjoui.
Selon le ministre de l'Industrie et du Commerce, quatre ou cinq banques britanniques ont été représentées à la réunion bilatérale. Il s'agit, pour les banquiers britanniques, de "comprendre les besoins des PME sénégalaises".
"Soixante-cinq ans de politique industrielle manquée"
Le but des états généraux de l'industrie et du commerce est de "créer entre 2 et 3 millions d'emplois dans les dix prochaines années", selon le ministre. "Ce sera l'occasion pour le pays de sortir d'une période de soixante-cinq ans de politique industrielle manquée."
Selon un communiqué de l'ambassade du Royaume-Uni à Dakar, au cours de sa visite au Sénégal, le ministre britannique chargé de l'Afrique "mettra en lumière les investissements [de son pays] dans le port de Ndayane et le BRT", une nouvelle infrastructure assurant le transport de dizaines de milliers de personnes par jour dans la capitale sénégalaise.
"Je suis ravi d'être ici [...] Le partenariat entre le Royaume-Uni et le Sénégal est en plein essor et se développe rapidement [...] Ma visite [...] est axée sur le renforcement de notre partenariat et les défis les plus importants : l'accélération de la croissance économique et les investissements, l'amélioration de la sécurité, l'approvisionnement en énergie propre, l'autonomisation des femmes et des filles", a-t-il dit dans le communiqué.