Dans notre livraison du samedi 14 septembre, il est question de la fonction et du rôle des clans regroupés par les rois de l'Imerina dans l'appellation « Maintienindreny » (Mainty issus des Six mères) qui sont notamment chargés de la défense et de la protection des frontières, mais aussi les gardiens des Rova selon les souverains.
Dans son étude sur les «Notions de Tanindrazana en Imerina à travers l'histoire», Ramisandrazana Rakotoariseheno, membre titulaire de l'Académie Malgache (Section II), indique « qu'ils étaient parmi les premiers habitants de l'Imerina qu'il fallait déplacer, non seulement pour peupler des régions désertes, mais également pour ne pas avoir de concurrents ou de fractions rebelles capables de déstabiliser le pouvoir ».
L'auteure de l'étude précise qu'autrefois, ils sont appelés « Voaramasiaka » par Andriamasinavalona et deviennent les gardiens des palais royaux sur les « Douze collines ». Andriambelomasina, petit-fils du précédent par sa mère et grand-père maternel de Nampoina, leur donne le nom de « Fotsimbary mahita ny ao anaty vilany » (riz blanc qui voit l'intérieur de la marmite pour dire qu'ils sont dans les secrets des rois (Rainianjanoro, « Ny Tantara ny Vazimba Mainty »).
Plus tard, Andriana-mpoinimerina change leurs noms en Maintienindreny sur le modèle de la nouvelle réorganisation du Fanjakana de l' « Imerina enintoko » (l'Imerina aux six territoires). Ils sont regroupés ainsi : Manisotra, Mangarano et Faliary; Manendy Anativolo, Ambohipoloalina et Lailandy ; Manendy Anosivola et Manjakaray. Ils doivent le paiement de « l'isam-pangady » (impôts fonciers) pour les «tompoko-menakely » (titulaires de seigneuries) et toutes les corvées royales à l'instar des autres sujets. Bref, ils font partie des Merina.
À ce titre, Andriana-mpoinimerina appelle tous les Mainty célèbres des quatre coins de l'Imerina auprès de lui pour qu'aucun rival ne puisse les utiliser. Il fait d'eux, les « enfants » de l'Avaradrano où qu'ils soient en Imerina (P. Callet, 1908, « Tantara ny Andriana nanjaka teto Imerina, Histoire des Rois », Tananarive, édition de la Librairie de Madagascar, 3 tomes). Après la conquête d'Antananarivo, il les place dans les différents quartiers à côté des groupes Tsimahafotsy pour la partie orientale de la ville et à côté des Tsimiamboholahy et de certains Mandiavato pour la partie occidentale, « afin que tous les groupes puissent se contrôler les uns les autres ».
En fait, souligne l'académicienne, ils ont leur propre histoire liée à la vie quotidienne des souverains régnants. Certains d'entre eux, qui ont une grande réputation, comme Rainitsaralafy cité par l'explorateur Mayeur (« Voyage au pays d'Ankove » 1785, d'après la rédaction de Dumaine publiée dans le Bulletin de l'Académie Malgache, 1913), sont même les précepteurs des enfants princiers, du moins jusqu'au début du XIXe, et font partie des Folovohitra, (menabe, menakely, « tandapa fotsy », Manisotra, Manendy) ou l'ensemble des sujets merina. En revanche, d'après Rainianjanoro, « les marches proches étaient confiées à des alliés, Antairoka, Maintienindreny, anciens 'Hova' mérinisés ».
Quant aux Tsiarondahy, ils sont rattachés à la maison royale, connaissent les « fady » (interdits), les grands rituels. Ils ont surtout la réputation de grande bravoure, de fidélité, et sont dans le secret des pensées des rois. Ces groupes ne se fixent dans aucun « toko » (territoire) car « ils sont la protection humaine du souverain», précise l'auteure de l'étude.
Par contre, « les marges étaient dans la plupart des cas, des zones d'exil de princes qui ne pouvaient pas rester en Imerina, des territoires des groupes de rebelles comme ce fut le cas de la frontière Centre-Ouest vers le Bongolava, devenue terre des Bemihimpa ».
Les frontières de l'Est, zone nord, dont la capitale est Ambatomanga, reste aux mains des Bezanozano, les « vrais Tankay » (habitants de l'Ankay) des traditions, jusqu'au XIXe siècle. Il s'agit de grands commerçants à une époque lointaine. Par la suite, ils s'avèrent être des porteurs célèbres pour relier l'Imerina à la côte Est. Ambatomanga se soulève quatre ou cinq fois contre le pouvoir d'Antananarivo « Car la cité était riche en étant aux frontières des deux régions et ses habitants avaient accès à la fois aux routes commerciales menant à l'Est, via le fleuve Mangoro, comme à l'Ouest en reprenant la route du Sud par l'Ikopa. »