Burkina Faso: Le meilleur droit de l'enfant, l'éducation !

19 Septembre 2024

Vous avez dit indiscipline à l'école ? C'est un euphémisme ! Notre école dégringole de plus en plus vers le bas, mais le débat n'intéresse personne. L'école d'aujourd'hui a perdu son rôle de boussole sociale pour devenir le lieu de la désorientation morale avec en toile de fond laxisme, démission et irresponsabilité.

Du public au privé, la gangrène se porte bien et la senteur de l'ignominie emmerde la conscience de ceux qui sont allés à la bonne école. Quand un élève se bombe le torse pour menacer son enseignant, on se demande dans quel merdier cette pourriture a été fermentée et entretenue. Quand une élève troque ses f... avec un plus deux en math pour écoper d'un échec et mat au BEPC, faut-il mater la vermine dévergondée ou féliciter l'impénitent brouteur de bourgeons gonflés ?

Autant, il faut flageller ces enfants qui ont reçu une éducation de zoo à la maison, autant, il faut blâmer ces enseignants qui font sacrifier la pucelle de 5e sur l'autel du 7e ciel. On est loin de l'essentiel, notre école ne sert plus qu'à bombarder l'esprit de nos enfants de chiffres abstraits et de suites de phrase parfois sans issue. L'école est devenue un enclos pour éloigner la marmaille turbulente du regard des parents plus soucieux de leur propre quiétude que de l'éducation de ces effrontés.

Ce sont ces parents qui souffrent le martyr les vacances et exultent dès les premiers sons de cloche de la rentrée, parce que libres et heureux de ne plus avoir à supporter les caprices et autres niaiseries de leurs charmantes pourritures. Et comme à l'école, on ne serre plus les colles d'un élève (attention, ils ont des droits maintenant !). Le bambin boiteux en sortira comme il est entré pour regretter cinq ans après de n'avoir pas poursuivi ses études. Mais à qui la faute ?

Aujourd'hui, il est devenu un coli encombrant pour la famille. Il s'est arrogé le titre de chef de « grin » et des soirées Eperon. S'il est vrai que l'enfant est le père de l'Homme, il faut bien craindre que les futures générations n'auront de père que de nom, si l'on part du truisme qu'un père, c'est celui qui éduque et accompagne. Mais quand un père ou une mère n'a reçu d'éducation que de celle des vidéos clubs et de la rue, comment voulez-vous donner à César ce qui n'est pas à César ? Rien ne vient du hasard, notre école est un bazar de tares, empilés dans des classes de passes pour ensuite passer dans la nasse à poisse. Quelle crasse !

Si avant, l'enfant appartenait à la société toute entière, aujourd'hui, un enfant est une propriété privée, un bien personnel, dorloté, chouchouté et doté de droit, surtout de droit. C'est pourquoi, si vous corrigez un enfant pour l'exemple, pour le bon exemple, vous avez toutes les chances de répondre à qui de droit au nom du droit.

Les droits de l'enfant ne sont peut-être pas des droits enfantins, mais le baratin qui veut faire de ces diablotins des intouchables n'est même pas du Moyen-Âge. Il est en déphasage avec le sens même de l'éducation africaine. Mais puisque nous sommes en démocratie, à chacun son enfant ! Nos enfants sont devenus de charmants objets en chair et en os, cajolés dans le sens des caprices et gratifiés pour des bêtises inacceptables.

De quel droit de l'enfant parlons-nous quand ce droit laisse la drogue rôder aux abords et à l'intérieur des écoles ? De quel civisme s'agit-il quand nos enfants chantent l'hymne nationale en classe pour sortir brûler le feu tricolore au prochain carrefour ? Pour quelle moralité les éduquons-nous quand un élève de 4e peut empocher plus de cent mille francs CFA comme argent de poche mensuelle et se vanter d'être la tête du peloton de la tontine sexuelle ? Quel pan de nos traditions lui donne le droit de flirter avec sa propre petite soeur ou avec une dame de l'âge de sa mère ?

Bref, à qui criez-vous avec autant de larmes ? Votre fils est le plus « choco » de son lycée, c'est un mérite qui se partage et fait des « like » sur les réseaux sociaux ! Votre fille a fait son premier avortement à l'âge de quatorze ans et elle battait le record des copains en série. Pourquoi, voulez-vous qu'elle se marie aujourd'hui, puisqu'elle a déjà tout donné à la Nation ?

Finalement, le meilleur droit de l'enfant est l'éducation. Et, il est du devoir des parents d'en faire une priorité non discutable, non négociable. Et, il faudra vite revoir les textes pour condamner les parents « défaillants » avant que leurs enfants décadents ne fassent du tort à la société, de la pire des manières.

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