Il parle avec la fraicheur de ses 20 ans et avec un sourire permanent. Comme sur la pelouse, on a l'impression qu'Oumar Diakitée ne triche jamais et donne tout. L'attaquant de Reims, jeune champion d'Afrique s'est confié à RFI pour parler de son évolution, de la CAN, de la L1, sans oublier de prendre date pour le Prix Marc-Vivien Foé....
RFI : Oumar, votre équipe, Reims, reçoit le PSG, leader du championnat, ce samedi (19h TU) en Ligue 1. Personnellement, la dernière fois que vous avez croisé Paris (2-2, le 10 mars 2024), ça vous a laissé de bons souvenirs, non ?
Oumar Diakité : (Enthousiaste) Bien sûr ! Je pense que c'est l'une de mes meilleures prestations depuis mon arrivée (en juin 2023) en France. C'est même la meilleure parce que mettre un but et une passe décisive au Parc des Princes, c'est vraiment une performance incroyable et inoubliable. Du coup, je pense que cela a vraiment pesé sur la balance la saison dernière. Mais samedi, ce sera un nouveau PSG avec un nouveau visage. On va s'appuyer sur ce qu'on avait fait, même si cela ne sera pas le même match, ni le même contexte.
Justement, le PSG a perdu Kylian Mbappé entre-temps. Est-ce que vous pensez qu'il s'est affaibli ou un peu plus fort dans le collectif ?
Je ne pense pas que Paris soit devenu moins fort, certainement pas. On le voit avec leur début de saison ; ils sont bien, ils ont remporté tous leurs matchs, ils marquent beaucoup de buts. Le départ de Kylian Mbappé, ça leur a donné une force collective en plus. Mbappé, c'est un joueur fantastique qui peut décider à lui-seul le sort d'un match, mais son départ donne aussi un peu plus d'espace à d'autres joueurs comme (Bradley) Barcola ou (Ousmane) Dembélé. Donc, ça ne sera pas simple. Avec ou sans Mbappé, ça sera un match compliqué.
Vous vous êtes arrivé en début de saison dernière en Ligue 1. Vous n'aviez connu que l'Asec d'Abidjan, et le championnat autrichien. Est-ce que l'adaptation à la L1 a été difficile ?
Difficile ? Je pense que c'est un mot un peu fort. Disons qu'il m'a fallu un peu de temps pour prendre le pouls de ce championnat. La Ligue 1 est d'un grand niveau avec de bons joueurs. On l'a vu par moments dans mes prestations ; il y a des matchs où je faisais de bonnes choses, mais ce n'était pas toujours évident de marquer. Sur cet aspect-là, je dois passer un cap.
On a l'impression quand même qu'après avoir gagné la CAN avec la Côte d'Ivoire, vous êtes devenu un autre joueur ou, en tout cas, vous avez franchi un palier...
(Il confirme) Oui, avec la victoire à la CAN, je suis devenu un nouveau joueur, une autre personne. Je pense que je faisais des matchs plutôt corrects en tant qu'attaquant, mais il y avait ce petit truc-là qui manquait, c'est-à-dire être un peu plus décisif. Avant la CAN, je ne marquais pas tellement, je ne faisais pas tellement de passes, mais dans l'apport, dans l'idée d'aider l'équipe, je pense que j'étais concerné. À mon retour de la CAN, où j'ai gagné cinq ans d'expérience en quelques jours, je suis devenu plus décisif.
Pour rester sur la CAN, est-ce que vous vous pensez parfois à votre but décisif contre le Mali en quart de finale (2-1 a.p) ?
C'est des moments qu'on n'oublie pas facilement. Même sans le vouloir, il y a des moments où ça revient. C'était un but inespéré, incroyable, qui venait de nulle part. Franchement, ça marque, ça reste dans les esprits longtemps. Il m'arrive de revenir en arrière, souvent quand j'ai besoin de prendre un peu de force, de me rappeler ce but-là.
Vous avez aussi gagné un surnom pendant la CAN, « wrouwrou », qui peut signifier « feu follet » « quelqu'un qui déborde d'énergie ». Vous trouvez que cela vous ressemble ?
(Rires) Ce surnom est arrivé dans l'euphorie de la CAN. Quand je rentrais sur le terrain, c'était pour mettre le feu en quelque sorte, mettre un peu de folie. Donc, je pense que c'est par rapport à cette situation que le surnom est venu. Après, est-ce que cela me ressemble ? Je ne sais pas. J'essaie d'être moi-même, de progresser en tant que joueur, mais ce surnom-là, je ne pense pas que cela a une influence sur moi. Je le prends avec plaisir, car cela vient de la population ivoirienne, les supporters l'ont tout de suite adopté, du coup, moi, je ne peux que le prendre (rires).
Parlez-nous de votre sélectionneur Emerse Faé, le grand artisan de la victoire à la CAN...
C'est le héros national, C'est un bon coach qui a des idées claires. Il sait où il veut aller, il est très ambitieux. Ce qui me fascine le plus chez lui, c'est le calme qu'il a. Quelles que soient les situations, il est très calme. Il arrive à faire passer son message à son groupe sans vraiment s'affoler, sans vraiment s'énerver. Même quand ça ne passe pas bien, tu le vois rarement s'affoler, crier dans le vide. Il est toujours serein, il a confiance en son plan, il fait confiance aux éléments qu'il aligne. En tant que joueur, c'est tout un bonheur de travailler avec lui.
Vous avez gagné la CAN, le prochain objectif, c'est peut-être une participation à la prochaine Coupe du Monde ?
Le prochain objectif, c'est de se qualifier à la prochaine CAN 2025 au Maroc, et de se qualifier aussi pour la prochaine Coupe du Monde 2026. Et quand on sera qualifié, on va se fixer un autre objectif en groupe.
Revenons à la Ligue 1. Il y a eu de très bons attaquants ivoiriens passés dans le championnat de France, Drogba, Baky Koné, les frères Kalou, Bakayoko, etc. Lequel de ces joueurs vous inspire dans votre façon de jouer ?
(Ibrahim) Bakayoko, je ne l'ai pas trop connu, pour le reste, ce sont tous des modèles. Notamment Baky et Kalou parce qu'ils viennent du même centre de formation que moi, l'Asec, Mimosas. Donc, ce sont des exemples. Pour Drogba, c'est l'icône nationale, c'est l'idole de tout un pays. Du coup, j'essaie de m'inspirer de chacun d'eux, de prendre ce que je peux prendre. Parfois, je regarde leurs vidéos pour m'inspirer tout en restant Oumar Diakité.
Dernière question, vous connaissez le Prix Marc-Vivien Foé décerné par RFI et France 24 ?
Oui, c'est le prix qui récompense le meilleur africain de Ligue 1 français. C'est RFI qui décerne ça ? Gardez-le pour moi alors, je viendrai le chercher bientôt, à la fin de la saison (Rires)