L'ambassade de France au Congo, en partenariat avec le ministère de l'Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, a lancé le 21 septembre les itinéraires du patrimoine de Brazzaville à travers un court circuit qui a permis la visite de quelques monuments historiques.
C'est en présence de l'ambassadrice de France au Congo, Claire Bodonyi, de la ministre de l'Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, Lydie Pongault, des opérateurs et médiateurs culturels, des amoureux de l'art ainsi que des médias que s'est fait le lancement des itinéraires du patrimoine de Brazzaville. Cette initiative a coïncidé avec la célébration le 21 septembre des Journées européennes du patrimoine. « L'objectif de ces itinéraires du patrimoine, c'est de montrer que Brazzaville est une ville très riche en histoire et aussi en monuments, et de mettre en valeur certains de ses monuments.
À travers eux, de raconter l'histoire de la ville sur la longue période, donc avant l'arrivée des Européens, pendant l'époque coloniale et puis après l'indépendance, et de valoriser aussi toute l'histoire actuelle qui est en train de se faire », a expliqué Myriam Boyer, conseillère chargée de la politique des musées au ministère de l'Industrie culturelle. Les itinéraires du patrimoine de Brazzaville se veulent aussi la première réalisation concrète du Projet de réhabilitation du Centre de formation et de recherche en art dramatique (Cfrad).
Pour le lancement des itinéraires du patrimoine de Brazzaville, plusieurs monuments étaient au programme. 10h 00, le bus démarre et fait son escale ultime au niveau de la stèle de la piste des caravanes. Là, Aude Elenga Bondo, médiatrice culturelle formée dans le cadre de ce projet, détaille l'histoire qui entoure ce monument. À en croire ses propos, la stèle, située en plein coeur du 2e arrondissement Bacongo, marque le passage de l'ancienne piste d'escorte des esclaves de Mfoa vers l'océan atlantique à Loango, avant 1880. Cette place fait partie de la piste des esclaves dont le point de départ est le Port de Yoro. Elle se poursuit par le marché Ta Nkéoua ( deuxième stèle de la piste des caravanes), le Pont du Djoué et Nganga Lingolo (ancienne route nationale N°1). Ce lieu contribuait aussi activement au débarquement des marchandises et au commerce vers d'autres espaces du pays.
Deuxième escale : le Cfrad. En projet de réhabilitation par le ministère de l'Industrie culturelle avec l'appui de l'ambassade de France, ce centre est en réalité un ancien cercle civil et militaire français construit en 1904 dans lequel le général De Gaulle a organisé, en janvier et février 1944, la «Conférence de Brazzaville». Le Cfrad a abrité une partie des archives historiques de l'ex-Afrique équatoriale française et a contribué à la vie artistique du Congo ainsi qu'à la promotion de ses artistes durant de nombreuses années.
Un circuit riche en histoire
Après la visite du Cfrad, la découverte de Brazzaville s'est poursuivie au niveau de la fresque de l'Afrique ou fresque « Le peuple parle au peuple », située à quelques encablures de l'immeuble City center. Cette fresque retrace plusieurs temps forts de la vie politique du Congo teintés de combats, douleur et de persévérance. D'où les inscriptions à répétition « etumba » qui signifie lutte. Cette fresque met également en vedette des figures emblématiques comme André Grenard Matsoua, Tshimpa Vita...
C'est au sein de la Case De Gaulle que s'est terminée la visite. Ce bâtiment qui respire un charme à la fois ancien et moderne a été témoin de l'histoire franco-congolaise. Selon les explications reçues par l'intendant de cette résidence, le 27 octobre 1940, le général de Gaulle nomma Brazzaville capitale de la France libre. La « Case De Gaulle » fut donc construite, à partir de mai 1941 pour servir de « case de passage aux hôtes de marques » et spécialement pour assurer une résidence digne de son rang au chef de la France Libre. Depuis le 15 août 1960, elle sert de résidence de l'ambassadeur de France à Brazzaville. Malgré le temps, ce lieu a gardé son symbole de mémoire notamment à travers d'anciennes photographies, des meubles, des sculptures, des tableaux et d'autres objets.
« Nous avons fait un tour aujourd'hui sur différents lieux d'histoire de Brazzaville, des histoires parfois douloureuses entre la France et le Congo, mais une histoire qu'aucun autre pays n'a pu avoir avec le Congo. Cette initiative s'inscrit dans la ligne droite de ce que nos présidents ont dit en mars 2023 lorsqu'ils se sont rencontrés : la mémoire collective. On ne sait pas où on va, si on ne sait pas d'où on vient. Et nous avons voulu travailler avec la ministre de la Culture, Lydie Pongault, à un projet global », a déclaré la diplomate française, Claire Bodonyi.
La ministre Lydie Pongault a de même martelé sur la nécessité de la conservation et de la promotion du patrimoine culturel congolais. « Au Congo, nous célébrons tous les deux ans la journée du patrimoine, sauf que les gens ne connaissent pas trop cette journée », a-t-elle indiqué. À ce propos, elle a souligné que le ministère travaille en ce moment à recenser les informations nécessaires pour une description compréhensible par tous du patrimoine culturel congolais. Par la suite, se fera un travail de vulgarisation écrite et orale pour intéresser la population et promouvoir cette habitude. Elle a, en outre, félicité les médiateurs culturels pour avoir assimilé la formation et continuer à la mettre en avant pour faire connaître le patrimoine culturel congolais à tous.