Sénégal: Tensions autour des législatives au pays - L'enjeu ne doit pas tuer le jeu électoral

Une femme votant, dans un bureau de Point E, à Dakar, le 31 juillet 2022.
22 Septembre 2024

La rencontre de concertation entre les partis et coalitions de partis politiques initiée samedi dernier par le ministre sénégalais de l'Intérieur et de la sécurité publique, dans la perspective du scrutin législatif anticipé du 17 novembre prochain, a été boudée par des caciques de l'opposition, qui craignent que les nouvelles dispositions prises à cet effet, ne préfigurent d'un fiasco garanti pour les anti Diomaye, et d'un possible remodelage du paysage politique sénégalais.

Ces opposants, réunis au sein de l'Alliance pour la transparence des élections (ATEL), subodorent déjà un piège tendu par la coalition gouvernementale à travers la non consultation par le président Diomaye Faye du Conseil constitutionnel avant l'élaboration du calendrier électoral, la répartition controversée des sièges à pourvoir dans les départements et la fixation non consensuelle de la période de réception, de traitement et de publication des listes électorales, entre autres.

Pour le ministre Jean-Baptiste Tine, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une vaine fuite en avant de politiciens en détresse argumentaire, afin de justifier a posteriori leur débâcle aux élections locales à venir, et de décrédibiliser la future Assemblée nationale.

Aucune concession n'est de trop pour éviter au pays de la Teranga un risque d'apnée politique

Il les invite à se départir de cette attitude qui pue la mauvaise foi à plein nez, en rejoignant « l'attelage électoral » pendant qu'il est encore temps. On verra dans les prochains jours si ce conseil du Général de corps d'armée et ministre de l'Intérieur du gouvernement Sonko, va faire tilt chez les "frondeurs" de l'ATEL, et si l'enjeu ne va pas tuer le jeu électoral que tous souhaitent voir se dérouler dans la transparence et la pureté politique qui ont toujours fait du Sénégal l'une des démocraties les plus abouties du continent.

Cela dit, le désir effréné des autorités actuelles d'obtenir la majorité parlementaire au terme des législatives de novembre prochain ne doit pas les amener à adopter une attitude condescendante, voire méprisante vis-à-vis des réserves émises par cette Alliance qui regroupe tout de même une centaine de partis et mouvements politiques.

Car, aucune concession n'est de trop pour éviter au pays de la Teranga un risque d'apnée politique dont pourraient profiter des forces obscurantistes pour dévoyer la belle démocratie sénégalaise. Le président Bassirou Diomaye Faye sait très bien qu'il est plus facile d'user de sa prérogative de puissance publique pour dissoudre une Assemblée nationale, que d'organiser dans la foulée des législatives anticipées et surtout de les gagner, dans un pays comme le Sénégal où on n'est jamais à l'abri d'une mauvaise surprise électorale.

On espère que chaque partie mettra un peu de... sucre dans son thé

Le doute est d'autant plus permis chez les militants de la coalition gouvernementale Yewwi Askan Wi que des alliances sont en train de se former dans le camp adverse pour "en découdre" avec leurs candidats le 17 novembre prochain, dans le but d'avoir une confortable majorité parlementaire qui pourrait rendre le gouvernement Sonko plus que jamais vulnérable aux chantages politiques, sur fond de menaces de destitution.

Les paris sont donc ouverts, et on espère que chaque partie mettra un peu de... sucre dans son thé afin que ce rendez-vous important pour la vitalité démocratique du Sénégal ne tourne pas au désastre, et que l'on n'assiste pas de part et d'autre à la radicalisation des positions qui pourrait déboucher sur le boycott du scrutin ou le passage en force qui ternirait durablement l'image de la vitrine démocratique de l'Afrique de l'Ouest francophone.

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