Pendant que tout le monde a les yeux rivés sur la guerre en Ukraine et à Gaza, et que personne ne voit ce qui se passe ailleurs, notamment en Afrique. Ce continent qui, par ailleurs, est le théâtre des enjeux géopolitiques de la guerre froide qui cache encore mal sa vraie dénomination.
Le Tchad, le pays à lui seul illustre le mal politique de l'Afrique. Son histoire peut servir de morasse, épreuve modèle, pour les autres Etats africains. Protectorat français en 1900 puis colonie en 1920, république autonome en 1958, puis devenu indépendant en 1960. Son premier président de la République s'appelait François Tombalbaye (contemporain de Philibert Tsiranana), il fut assassiné en 1975.
Après le pouvoir échut à un général, Félix Malloum, qui a dû céder le pouvoir à Goukouni Oueddei qui, à son tour, après ce qu'on appelle la deuxième bataille de N'Djamena, a été évincé par Hissène Habré avec l'aide de Mouammar Kadhafi. Ce dernier ayant eu des velléités d'annexer le Tchad mais en 1987, il fut contraint d'évacuer le pays. En 1990, Hissène Habré, revenu au pouvoir, en fut chassé par Idriss Déby qui va mourir en 2021 sur le front contre les djihadistes. A sa mort, son fils (37 ans) avec 15 généraux prend sa succession, Mahamat Déby Itno, Déby fils, promit et jura qu'une période de transition de 18 mois allait être instaurée et qu'il ne serait pas candidat aux prochaines élections présidentielles.
Mais comme partout ailleurs, les « Transitions » oublient souvent leurs promesses aux élans démocratiques. Le fils Déby a réussi en un tournemain à prolonger de deux ans la transition, d'être à sa tête et surtout de pouvoir se présenter à la prochaine présidentielle. Certains diront qu'il a bien appris son histoire d'Afrique.
Mais comme souvent, il y a toujours une plateforme d'opposants qui s'oppose à cette vision et comme toujours il y a des manifestations de contestation. Des émeutes y ont eu lieu et ont fait une cinquantaine de morts et plusieurs centaines de blessés, sur l'autel de la démocratie dira-t-on.
Mais il est fort à parier que le jeune Mahamat Déby Itno ne rompra pas avec la tradition dynastique de la République qui est familière au continent, d'autant que le Tchad, de par sa force de frappe militaire (gendarme de la région), bénéficie pour sa stabilité de la bienveillance des forces étrangères (y compris la France) qui, pour le moment, ont l'attention fixée sur les frontières Ukraine-russe. Mais comme toujours on dira au monde : « Circulez , il n'y a rien à voir ! ». Cette chronique est hélas encore valable !