L'histoire se répète. Un bail a été accordé en 2015 au fils de Showkutally Soodhun alors que ce dernier était ministre des Terres, pendant qu'il était absent du pays. C'était Nando Bodha qui avait traité le dossier... Retour en arrière et vous allez comprendre pourquoi...
Commençons par la fin de cette histoire. À la suprise générale hier aprèsmidi, on apprenait via un communiqué que Primerose Obeegadoo a finalement renoncé à sa demande de changement d'objet du bail du terrain de Port-Louis. Elle en a décidé ainsi, dit-elle, «afin que cessent les attaques personnelles et les calomnies». Mais pour beaucoup, la saga ne s'arrête pas là puisqu'il y a bien eu tentative d'accaparement d'un terrain de l'État, démarche qui a finalement été annulée à la suite de pressions médiatiques.
Mais retour d'abord sur une autre affaire d'appropriation dont les épisodes ressemblent étrangement à ceux concernant les Obeegadoo. Sauf qu'il n'y a pas eu d'annulation dans ce cas. Nous sommes en 2015. Showkutally Soodhun est alors ministre du Logement et des Terres. Il reprend, de façon peu cavalière, dirons-nous, plusieurs terrains à bail accordés par le précédent gouvernement.
Dans la foulée, et sans que personne ne s'en aperçoive, son ministère offre à la Société Umeeir Ibne Showkut, dont le fils du ministre, Umeeir,est l'unique actionnaire, un bail emphytéotique (NdlR : d'une durée de 18 à 99 ans) dans ce cas précis de 60 ans, de Pas Géométriques à Grand-Baie. La dimension du terrain : 1931 m2 , soit environ un demi-arpent.
Lorsque l'express fait ces révélations en juin 2018, Showkutally Soodhun nie être intervenu en faveur de son fils. Tout comme l'a fait Steven Obeegadoo au sujet de sa mère Primerose... Cette dernière, avant de faire marche arrière hier, avait obtenu la conversion du bail d'un terrain, que détenait feu son époux Claude, en Industrial Lease. Elle souhaitait y construire une maison de retraite sur ce terrain qu'occupait le collège Trinity, fermé depuis... un bail déjà, mais dont le bail n'a pas été résilié.
Mais revenons-en à Soodhun. Il avait raison, dans un certain sens. Car lorsque ce dossier de demande de bail de son fils Umeeir devait être traité, il se trouvait à l'étranger. Tout comme Obeegadoo n'était pas au pays, il y a deux semaines, lorsque le dossier de sa mère est sorti du tiroir. Qui avait piloté le dossier Soodhun, demandez-vous ? Nando Bodha, alors ministre des Affaires étrangères et connu à l'époque - et même maintenant, dit-on - pour sa proximité avec Soodhun.
La demande de bail de la Société Umeeir Ibne Showkut sera approuvée en 2016 et le contrat de bail sera exécuté par la notaire Wenda Sawmynaden, épouse de Yogida Sawnynaden, ministre du Commerce de l'époque. Le secrétaire permanent d'alors, qui critiquait cette transaction, sera transféré. Et paiera aussi les pots cassés pour d'autres scandales...
Un an après avoir bénéficié de ce bail, Soodhun junior vendra les parts qu'il détenait dans la société à quatre Chinois, cela car il n'avait pas le droit de céder ou de vendre ledit bail directement. Ce «leve-zete» lui rapportera Rs 48 millions. En même temps, un des Chinois obtiendra un permis de résidence permanent à Maurice.
De quoi je me mêle ?
Cinq ans après, mardi dernier plus précisément, «l'ami» de Soodhun, Nando Bodha, s'est empressé d'aller rencontrer l'ambassadeur de l'Arabie saoudite à Maurice, Fayez Meshel Altemyat. Pourquoi ?De quoi se mêle-t-il, se demandent d'ailleurs des observateurs et des internautes. En quoi le don de $ 6 millions pour la rénovation des mosquées le concerne-t-il ? Toujours est-il que Nando Bodha, accompagné de Dev Sunnassy, sortira de cette rencontre avec l'ambassadeur pour confirmer ce que le ministère des Affaires étrangères venait de dire la veille : les $ 6 millions n'ont pas encore été décaissés.
Tout ceci aura le don en tout cas de provoquer la colère de Cehl Meeah... De notre côté, nous tentons en vain, depuis jeudi, de parler de vive voix à Nando Bodha pour lui poser ces questions. Mais contrairement à son habitude, il n'a pas décroché le téléphone, se contentant de nous dire sur WhatsApp qu'il était occupé, qu'il organisait une conférence de presse pour le lendemain (NdlR, vendredi) - à laquelle nous n'avons pas été conviés d'ailleurs. Pourquoi ce refus de nous parler directement ?
En fait, selon un ancien ministre qui suit le dossier de près, il n'est pas impossible que ce soit Showkutally Soodhun himself qui ait demandé à Bodha de l'aider à éteindre ce feu allumé concernant les $ 6 millions... Nous apprenons par ailleurs que Bodha a fait une déclaration vendredi à ladite conférence de presse, expliquant que s'il avait pris cette l'initiative d'aller demander des comptes à l'ambassadeur saoudien, c'était parce qu'il sentait que c'était son devoir de le faire, ayant été ministre des Affaires étrangères à l'époque de la négociation pour ce don de $ 6 millions. Nous y reviendrons...