Le parti d'opposition PSF dénonce l'enlèvement de son secrétaire général et accuse le pouvoir tchadien de vouloir faire disparaître la formation politique.
Au Tchad, l'opposition et la société civile dénoncent l'enlèvement de l'opposant Robert Gam, secrétaire général du Parti socialiste sans frontières, la formation politique de l'opposant Yaya Dillo, tué en février dernier lors d'un assaut conduit par l'armée contre le siège de son parti.
Robert Gam n'a pas donné signe de vie depuis vendredi en fin d'après-midi (20.09), après avoir quitté le siège de son parti. Ses proches accusent les services de renseignements d'être à l'origine de sa disparition. Les autorités tchadiennes n'ont, pour leur part, pas réagi à ces accusations.
Selon plusieurs sources au sein du parti, Robert Gam faisait l'objet de harcèlements et d'intimidations depuis quelques jours. Ces menaces auraient fait suite à l'ultimatum d'un mois lancé par son parti au gouvernement, afin de libérer des militants du Parti socialiste sans frontières.
Ceux-ci avaient été arrêtés lors de l'assaut de l'armée, en février dernier, au siège du PSF, ayant entraîné la mort de leur leader, Yaya Dillo.
"Liquider" le Parti socialiste sans frontières
Robert Gam avait menacé, si la libération n'avait pas lieu, d'organiser des contestations sur l'ensemble du territoire national. C'est cette déclaration qui serait à l'origine de ses ennuis.
Ses camarades de l'opposition dénoncent une stratégie du pouvoir visant à faire disparaître le parti de l'opposant Yaya Dillo.
"Nous sommes inquiets parce que c'est dans les mêmes conditions que nous avons définitivement perdu, en février 2008, l'opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, enlevé et porté disparu sans que justice ne soit faite", explique Valenti Bidi, l'un des porte-parole du Groupe de concertation des acteurs politiques. "Récemment, en février 2024, l'opposant Yaya Dillo a été tué par balle à la suite d'un assaut militaire, pour lequel aucune enquête n'a été ouverte pour situer les responsabilités. Il est aisé de comprendre la stratégie du pouvoir en place de liquider définitivement le Parti socialiste sans frontières".
Au moins 24 militants du Parti socialiste sans frontières, arrêtés lors de l'assaut ayant entraîné la mort de Yaya Dillo, sont toujours incarcérés.
Le pouvoir accusé de revenir aux "vieilles méthodes"
Sosthène Mbernodji, coordonnateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés, appelle au respect des libertés "consacrées constitutionnellement. On ne peut pas comprendre que, pour une raison ou une autre, un leader politique fait une déclaration et cela est suffisant pour l'arrêter. C'est une méthode de la vieille dictature qui connaît un recyclage avec ce pouvoir. Nous sommes dans une nouvelle République et les vieilles méthodes caduques, les méthodes de répression sont remises en selle. C'est regrettable".
Face aux accusations de l'opposition, les autorités tchadiennes, notamment le ministère de la Justice, ou encore la Commission nationale des droits de l'Homme, ont gardé pour l'instant le silence.