En Tunisie, la stupéfaction peine à retomber depuis l'annonce, vendredi 20 septembre, d'un projet d'amendement de la loi électorale en pleine campagne pour la présidentielle du 6 octobre. Face à la polémique déclenchée par l'initiative qui vise à priver le tribunal administratif de sa prérogative de validation du scrutin, l'un des 34 élus à l'origine du texte a pris la parole pour défendre la position de son groupe.
Invité de la radio tunisienne Mosaïque FM, le député Youssef Tarchoune assume : oui, celui-ci ne voit aucun inconvénient à changer les règles du jeu en pleine campagne électorale. Pour lui, la Tunisie « fait face à un danger et on devait agir. Des menaces existent en provenance du tribunal administratif qui dit en substance : "Vous n'avez pas pris en compte nos premières demandes ? Et bien sachez dès à présent que les résultats de la présidentielle ne seront pas reconnus !", a-t-il expliqué avant de poursuivre : Vous savez ce que signifie ne pas reconnaître d'emblée les résultats ? Vous n'avez pas conscience que cela fait courir au pays un risque de guerre ? ».
Le tribunal administratif avait quelques jours auparavant autorisé trois candidats à participer à la présidentielle du 6 octobre en plus des trois déjà retenus par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Celle ci ayant refusé de se plier au droit en leur permettant de concourir également, un risque d'une invalidation du scrutin a posteriori existe donc.
Face à une telle perspective, le député propose donc de transférer à la cour d'appel la responsabilité de reconnaître le résultat de l'élection. « Nous traversons une période marquée par un combat contre les corrompus et les antipatriotes qui veulent à tout prix reprendre le pouvoir en Tunisie, affirme-t-il. Et pour y arriver, ils sont prêts à tout, même à instrumentaliser une institution comme la Justice. Mais nous ne les laisserons pas faire ! », lance encore Youssef Tarchoune.
Face à lui cependant, plusieurs analystes et opposants au régime estiment que la justice civile tunisienne étant soumise à la mainmise de l'exécutif, cette manoeuvre vise d'abord et avant tout à verrouiller un peu plus le scrutin présidentiel...